TEXTES - Sophie

 

Histoire d'A

(Titre provisoire)

 

 

Par Fred Pody.

I

André et Sophie

Je m'appelle André. Ceci est mon histoire, que j'ai du écrire, à la demande de Mademoiselle Florence, la tante de Sophie.

Je suis né en 1874 dans les environs de Mende, en Lozère. Je suis le troisième enfant d'une famille de propriétaires terriens. Pas très riche en fait, vivant sur les restes d'une ancienne fortune. La propriété de mes parents était mitoyenne de celle des parents de Sophie. On se connaissait depuis notre enfance, et ont se retrouvaient très souvent dans le bois qui séparaient les deux domaines. C'était le seul endroit sauvage, car trop pentu et trop rocailleux pour être exploité en champ, ou même en pâturage. La situation financière des parents de Sophie était bien meilleur, ils ne gardaient ces terres, assez pauvres que par tradition, mais le père de Sophie avait comme il le disait "Une belle situation" dans le corps diplomatique de l'état. Cette situation avait été bousculée durant la guerre de 1870, mais il semble bien, qu'ils se soie bien sorti de ces évènements. La demeure de mes parents était aussi grande que celle des parents de Sophie, mais au premier coup d'œil, les différences apparaissaient de suite, la vétusté de ma maison, le manque d'entretien, la toiture en mauvais état sur toute la moitié du bâtiment, et les abords qui n'étaient plus entretenus depuis longtemps, tous cela montraient la différence de fortune des deux familles.

Par jalousie chez moi, et mépris en face, nos deux familles s'ignoraient. De ce fait, mes rencontres avec la fille d'en face étaient secrètes. Nous avions le même age, et la même taille, les mêmes jeux dans les bois. Elle était très imaginative, c'est elle qui inventait des histoires de jeux, des histoires romanesques, ou l'on se battaient pour libérer une belle prisonnière imaginaire, ou contre d'horrible sorcier issu de son imagination.

Mais la mère de Sophie était une dame pétrie de son importance et voulait absolument respecter les traditions. Elle voulait imposer à Sophie une éducation de dame. De dame arriérée, comme le disait Sophie. Tricot, couture, cuisine, et pour habit, robe stricte, sombre et austères. Sophie appelait cela des robes de bigotes. Manches longues, haut col, jupe informe de couleur indéfinies, et triste.

Nous avions la même taille et presque la même carrure, enfin, il est vrai que je n'étais pas du tous un athlète. J'étais plutôt mince. Mon père disait "Chétif et malingre". Ceci me permis de lui prêter quelques uns de mes vêtements, une chemise, un pantalon et une veste. Sophie s'empressait de quitter sa robe qu'elle détestait tan, pour se changer avec mes habits, et pouvoir ainsi jouer sans salir sa robe.

Ce petit stratagème nous permis jouer dans les bois sans que sa mère ne s'en aperçoive, sa robe étant toujours bien propre à son retour.

Je n'imaginais pas que notre vie puisse changer un jour.

Je ne l'imaginais pas… Jusqu'à ce jour, d'orage.

Un orage nous surpris. Terrible, puissant. Des trompes d'eau nous tombèrent dessus. Ont couru vers la maison de Sophie, simplement parce qu'elle était la plus proche. Il nous restait bien un demis kilomètre à parcourir à travers champ, pour rejoindre sa maison. La pluie cessa, aussi vite qu'elle était arrivée. Le champ était devenu boueux, ont avançaient difficilement, les pieds dans la boue. Jamais ont n'auraient imaginé ce champ, d'ordinaire si sec, devenir aussi difficile à traverser.

Enfin ont arriva épuisés et crottés à la demeure des parents de Sophie.

Elle m'entraîna sur la terrasse, ont devaient traverser le salon pour rejoindre la cuisine et ensuite une buanderie.

Ont entra donc dans le salon et… On déboula en plein dans une réception mondaine…

- La réception!!! Dit Sophie. J'ai oublié la réception.

Il y eu des cris, des exclamations horrifiées, des cris qui devinrent hystérique, quand la mère de Sophie reconnus sa fille, crottée, sale dans des habits de garçon.

Sophie avait complètement oubliée cette réception, ou elle devait jouer le rôle de la belle jeune fille de bonne famille. L'effet de notre intrusion brutale et dégoulinante de pluie et de boue, fit un effet… tragique. Je fus expulsé immédiatement et Sophie était entraînée par son père, pour soustraire du regard, cette tache "immonde" de sa belle réception.

Ce fut la dernière fois que je vis Sophie avant longtemps.

De retour chez moi, je me réfugiais dans ma chambre.

Le lendemain, le père de Sophie vint nous rendre visite en personne. Fait exceptionnel.

Quinze jours plus tard, je partis en pension dans un internat à Mende.

Je ne rentrais qu'une fois par mois, chez mes parents. Mais chez moi, je n'avais pas le droit de sortir. Depuis cet évènement, durant la réception. Tout avait changé. J'essayais bien de savoir ou était Sophie, mais tous ce que l'on me disait, est qu'elle était partie avec une tante, et que ces parents, étaient partit dans une ambassade, loin, quelque part dans un pays d'Amérique du sud.

Ce n'est que sept mois plus tard, qu'un copain me dit que sa sœur allait partir dans une école spéciale, près de Paris. Il me demanda si je connaissais cette école, car son père qui était Notaire à Mende, avait confié la garde de mon amie Sophie, à la directrice de cette école. Enfin une piste, j'essayais de l'appâter pour avoir plus de renseignement. Je lui affirmais que je connaissais sa tante, mais que j'avais perdu son adresse. En fait, je ne savais pas que Sophie avait une tante et encore moins qu'elle dirigeait une école.

Il me fallut attendre encore un mois avant d'avoir cette adresse. "L'école des Sylphides" à Chantilly.

J'écris donc une lettre à Sophie, qui me répondit simplement. Son ton était bizarre, détaché, comme si elle me connaissait à peine. Elle me dit seulement qu'elle était heureuse, qu'elle habitait des appartement spacieux, dans l'aile Nord du château.

Elle était dans un château ? Je pensais que c'était une école. Ou alors une école dans un château ?

Je fit une première fugue, sortir du pensionna n'était pas trop difficile, mais une fois dehors, ou aller… première tentative sans aucune préparation. Je revins moi même au pensionna. Lettre à mes parents, punition, isolement durant quinze jours. Bref, un échec complet.

Ma deuxième tentative fut tout aussi lamentable. Mais elle eu un effet plus grave. De nouveau, une convocation de mes parents, mais cette fois, assortie de l'expulsion du pensionna.

Les suites furent plus graves encore. Mes parents voulurent me sanctionner encore plus et m'éloigner de Mende; Il trouvèrent un pensionna bien plus sévère que celui de Mende. Un pensionna dans les environs de Marseille. Là plus question de retour dans la famille une fois par mois. Il n'y aurait que deux retours par ans de possible. Ils pouvaient même supprimer un retour pour sanction disciplinaire.

Sortir de ce pensionna était très différent. Nous étions enfermé chaque soir dans le dortoir, et de hauts murs entouraient le bâtiment. La surveillance était constante, avec des rondes faites par une équipe de surveillants, particulièrement sévères.

Ma première tentative, échoua dans la cour. Je n'avais même pas approché du mur d'enceinte.

Plus de convocation dans cet établissement. La sanction tombait immédiatement. Quinze jours de cachot. Pain sec et eau. Punition on ne peux plus traditionnelle, mais terriblement efficace par sa dureté.

Après ce nouvel échec, je ne pouvais plus me permettre un autre raté. Je me préparais donc avec plus de méthode. Carte de la région, repérage durant notre promenade du dimanche encadré par les surveillants. Et je constituais une réserve de nourriture, des biscuits, un saucisson que j'avais réussi à voler, le tous bien cachés dans le parc. J'avais également repéré comment sortir de la chambre, en passant par le toit. Je devais sortir par une lucarne et rejoindre une autre lucarne donnant dans l'escalier. Le plus dangereux, était le passage à l'extérieur, en marchant dans la corniche du toit. Le problème restait le mur d'enceinte, beaucoup trop haut.

La solution vient une après midi d'orage et de tempête. Le vent avait secoué durement un grand arbre, qui poussait contre le mur. La tempête avait été si violente que l'arbre en bougeant, avait fait partiellement ébouler le mur. Je savais que ce genre de problème serait très vite réparé. Il fallait en profiter le soir même, car le lendemain, une équipe de maçon viendrait sûrement le réparer.

J'avais prévus de partir à 4 heure du matin.

Vers quatre du matin, je me suis levé. Je suis sorti par la lucarne, et j'ai suivit la corniche sur 20m. Arrivé à la lucarne donnant sur l'escalier, je vis le surveillant faisant des rondes. C'était inhabituel, il semblait chercher quelque chose. Ce qui fait que je n'ai pus passer par l'escalier, que deux heures plus tard, vers 6 heure du matin, une demis heure seulement avant le levé dans l’école. J'avais préparé un sac avec quelques vêtements et du pain, mais je n'ai pas pus le récupérer, à cause des rondes incessantes de ce surveillant. J'ai quand même réussi à me faufiler près du mur. Je l'ais escaladé, près de l'arbre qui avait fait écrouler le mur sur la moitié de sa hauteur. Ensuite, je me suis dirigé vers Aubagne, le plus vite possible. J'ai fait plus de vingt kilomètres avant de m'arrêter dans un bois. Durant la première semaine, j'ai fait le plus de Km possible. J'avais faim, et je ne me nourrissais que de quelques vols dans des vergers, et des œufs dans un poulailler. C'est seulement dans la ville d'Avignon, que j'ai lu un journal abandonné dans un square. Il y avait un titre dramatique sur la première page. Le journaliste relatait un meurtre horrible, d'un couple de personne âgées, dans leur ferme. Il y était question d'un véritable massacre, fait avec une sauvagerie inimaginable. Le vieillard avait été torturé par le feu, sans doute pour lui faire avouer où était son argent. Toute la pièce ou s'était déroulé le drame, avait été saccagée. La brutalité et la force du meurtrier étaient tel, qu'il avait fracassé un meuble en jetant dessus une lourde table de chêne, pesants plus de 100 kg. Le journaliste avait interviewer les gendarmes, qui étaient à la recherche d'un jeune délinquant, échappé d'un pensionna disciplinaire, des environs de Marseille. Un pensionna à 5 kilomètre seulement du lieu du crime. C'est à ce moment que j'ai compris que les gendarmes me cherchaient, me croyant coupable d'un meurtre. Mais ce ne pouvait pas être moi ! Je n'ais quitté le pensionna que vers six heure du matin, et il m'aurait fallut trois heures de marche pour aller dans cette ferme. Le massacre avait déjà été découvert. Mais les gendarmes avaient donnés au journaliste, mon nom et ma description, me signalant comme un dangereux criminel. L'émotion était vive, et de nombreux témoignages des proches des victimes, dirent qu'ils me pendraient s'il me mettait la main dessus. Des avis de recherche avaient été diffusés sur toute la France. Je me sentis très mal, je dus pâlir. J'étais dans une grande ville, et recherché par la gendarmerie, pour un horrible meurtre. Il fallait vite me cacher, sortir de cette ville, ne me déplacer que la nuit. Rester discret, ne rien demander à personne, disparaître. Je voulais rejoindre Sophie. Me réfugier quelque part ou on ne pourrait me trouver. J'avais besoin de consolation et de sécurité. Mais il me fallait fuir, vite.

Ma progression vers Paris fut lente, épuisante. J'avais continuellement faim, j'étais maigre, mes cheveux devenaient longs et sals, je ressemblais de plus en plus à un clochard.

Huit mois, à marcher de nuit, par des petits chemins, pour ne pas me faire repérer. Parfois, quand je trouvais un journal abandonné, dans les quelques villes que j'étais obligé de traverser, je cherchais un article parlant du meurtre. Cela ne faisait plus la une des journaux, mais ce meurtre avait tellement marqué les esprits, qu'il y avait toujours un article. Au fil des mois, c'était le mystère de la disparition de l'assassin qui occupait les journalistes.

Enfin, après huit mois de galère, sur de mauvais chemins, j'étais arrivé à chantilly. Il me fallut deux jours, pour trouver le château. Deux jours de recherche, car je ne voulais pas demander un renseignement à qui que ce soi, de peur de me faire repérer.

Le domaine était entouré d'un haut mur. L'entrée principale était facile à trouver, mais elle était fermée par une grille, et je ne pouvais pas me présenter à l'entrée. Sophie m'avait avertie que les hommes, n'étaient pas autorisés d'entrer dans le domaine. Il n'y avait que des femmes pour tenir le château et ces jardins.

Je fis le tour du mur d'enceinte avec le mur à ma gauche. Dans l'autre sens, ce n'était pas possible, un ruisseau barrait le chemin. Plus loin, il y avait une deuxième entrée plus étroite, qui n'était pas fermée. Elle se prolongeait par un chemin étroit jusqu'à un petit pont, enjambant des douves. Le pont donnait sur deux petites portes très basses, percées dans le mur du château. Je suis sûrement du bon coté. Sophie m'avait écrit qu'elle logeait au premier étage de l'aile nord. Le mur en face de moi, était à l'ombre et ont était en début d'après midi.

Je passais le pont et essayais d'ouvrir la porte en face de moi. Une porte en bois, qui était fermée. J'essayais la deuxième porte, très différente. Elle était métallique et fermée également. C'était les deux seules ouvertures sur cette façade. Impossible d'entrer par ce coté. Les fenêtres du rez-de-chaussée étaient beaucoup trop hautes.

A ma droite, un haut mur de pierre me barrait le passage. Une seule ouverture, permettait à l'eau des douves de s'écouler plus loin. En regardant dans les douves, ce n'était pas une eau stagnante, mais sans doute le ruisseau qui contournait le château par ces douves. Je longeais donc ces douves, pour observer la façade du château. Entre les deux ailes, il y avait la grande entrée monumentale, surmontée d'un balcon. En face un pont bien plus ouvragé et large. Et entre ce pont et l'entrée un espace formant comme une cour ouverte. Je ne voulais pas m'avancer plus, car il me semblait avoir aperçus du mouvement dans le hall. En revenant, je vis sous le petit pont une barque. S'il y a une barque, on doit pouvoir circuler dans les douves tout autour du château. En étant aussi bas sur l'eau, il y a sûrement moyen de passer inaperçus.

Je montais dans la barque, et je m'avançais vers l'avant du château. De temps en temps j'essayais d'observer sans me faire voir, et je recherchais une ouverture ou une porte discrète. Rien sur le devant du château. J'arrivais bientôt du coté sud. A ma surprise, je débouchais dans un grand bassin avec une tour de pierre au centre. Une tour de château du moyen age. Visiblement beaucoup plus ancienne que le reste du château.

Je longeais le basin le plus près possible du château. Là, j'aperçus un petit escalier sur le coté. J'accostais et en haut de l'escalier il y avait une porte fenêtre, fermée par des rideaux, et fermée à clef. Je pourrais sans doute casser un carreau, mais avant d'en arriver là, je préférais chercher une autre entrée plus discrète. Je repris la barque. En passant entre le château et la tour. Il y avait en entrée dans la tour, une entrée don le seuil était sous l'eau. Mais plus loin, une ouverture dans le mur du château. Je m'en approchais. Malheureusement, également fermée par des barreaux.

Il est évident que toutes les portes sont fermées. Il serait plus prudent d'essayer d'entrer quand la nuit sera tombée.

C'est alors que je vis en levant les yeux, un contrefort entre la tour et le château. Un contrefort qui tombait juste sous une fenêtre au premier étage.

Je ramais vers l'entrée de la tour, et je pu entrer avec la barque dans la tour.

Elle était vide. Seul une petite plateforme émergeait de l'eau. De la partait un escalier de pierre scellé dans le mur. Un escalier étroit, sans rambarde, qui montait très haut et disparaissait dans un trou pas plus large que cet escalier.

J'accrochais la barque, et montais avec précaution, le dos collé contre la paroi. C'était vertigineux. Je finis la montée à quatre pattes, essayant de ne pas regarder en bas. Et enfin, je pus me glisser dans l'ouverture de la plateforme. J'étais arrivé dans une salle ronde, l'escalier continuait pour atteindre un chemin de ronde, qui faisait le tour de la tour.

A l'autre bout de la tour, une ouverture carrée, donnait sur le château. Par cette ouverture, je vis le contrefort, entre la tour et le château. C'était très haut. En face une fenêtre, à 4 ou 5m de la tour, mais le contre fort était vraiment étroit.

Il me fallut du temps pour me décider à tenter la traversée. L'eau qui miroitait en dessous de moi, me donnait encore plus le vertige. Je devais regarder cette fenêtre, ne pas la quitter des yeux, et avancer à quatre pattes, puis en rampant. Et enfin atteindre cette fenêtre. Me redresser, m'approcher encore… La fenêtre s'ouvrit. Je rentrais dans un couloir très étroit, et sombre avec un escalier devant moi. J'étais entré.

 

 

Histoire d'A, Chapitre II  

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