TEXTES - Sophie

 

 

Souvenirs de Sophie

II

L'école

 

 

 

Par Fred Pody.

 

 

XI

La machine à calibrer

 

Nous avions toutes l'après midi pour nous préparer. Ce soir, défilé, suivit du bal dans la grande salle.

Une excitation générale électrisait l'air, des filles courraient, je ne sais comment, d'une chambre à l'autre. Les conversations devenaient des chuchotements quand ont s'approchaient d'un autre groupe. Un climat tendu, fébrile. Il ne fallait pas rater cette première grande soirée.

Florence avait lancé de nombreuse invitation parmi ces relations les plus prestigieuses, les plus huppées.

Ont avait établi notre quartier général, dans la chambre de Gwendoline et Solange. Il fallait préparer nos robes, choisir les accessoires, la coiffure, les bijoux et mille autres choses. Ont avaient décidé que l'ont seraient toutes les trois en bleu. Après avoir choisi nos robes, dans les ateliers de Caroline, et fait le matin, les dernières retouches. Ont remonta avec les robes, emballées dans des grandes feuilles de papier. Il ne fallait surtout pas que les autres aperçoivent nos robes avant le défilé.

Tout était en place, il nous faudrait bien deux heures pour se préparer, mais avant de faire venir une servante, ont devaient définir une stratégie. Il y avait une incertitude sur le tour de taille de nos concurrentes, et surtout du "Club des 4 Parisiennes". Mais ont avaient un avantage sur eux, Estelle et Lydia avaient des difficultés avec leurs hauts talons. Ont devaient gagner des points sur l'élégance et la grâce de la démarche, ainsi que sur le demi-tour, en bout de podium. Ont eu beau lister toutes les différentes notations, l'élégance des robes, le port de tête, non, notre seul point ou ont pouvaient les battre, était la démarche élégante et la gestion de la traîne.

Ont étaient trop nombreuses dans la chambre, aussi, j'avais prévu de me préparer dans mes appartements au deuxième étage. Je descendis par l'escalier réservé aux écolières, celui que l'on empruntait toutes, pour descendre au rez-de-chaussée. Arrivée au deuxième étage, j'empruntais le long couloir, qui longeait la grande salle de bal. Ce couloir était interdit aux écolières, mais il me permettait d'accéder à un balcon surplombant la grande salle de bal, et le détour pour rejoindre mes appartements n'était pas trop long. Au centre de la salle, avait été installé un long podium, partant du mur opposé au grand escalier d'apparat. De chaque coté du podium, était disposé des chaises, et il restait un grand espace libre entre le podium et les escaliers d'apparat.

Au bout du couloir, une double porte, comme il y en avait partout ou des invités auraient pu s'y rendre. Les portes, plus étroites, à un battant, étant réservées au service. J'entrais ainsi, dans le couloir de l'aille Nord du château, au bout, la double porte de mes appartements.

Ces portes à deux battants, dataient de l'époque ou le père de Florence avait fait entièrement restaurer et agrandir le château. A cette époque, les dames portaient de grande crinoline, et il avait fait agrandir tous les passages pouvant être empruntés par sa famille et ces invités. C'est pour cette raison, que ces portes faisaient toute, deux mètres de large.

Soudain, un bruit au bout du couloir, un bruit de grille métallique, et... plus rien. Je pressais le pas pour rejoindre mes appartements, et ouvrait un peu essoufflée, la porte donnant sur mon salon privé.

Je m'assis sur une chaise, sur le bord d'une chaise. Je ne voulais pas m'asseoir dans le fauteuil et ne plus pouvoir me relever. Avec un corset rigide, il faut vraiment se méfier des fauteuils trop bas, trop profond. Quelque minute de repos avant d'appeler Ninon.

Quelqu'un marchait dans le couloir, probablement Ninon. Je lui avais pourtant demandé de ne venir, qu'a mon appel. J'avais besoins d'un peu de repos avant le défilé et le bal. Il me restait bien trois ou quatre heures de libres, avant le bal.

La poignée de la porte tournait.

- Bon sang, Ninon, attend un peu! Il n'est pas encore l'heure.

Mais la porte s'ouvrit sur... Coralie, Estelle, Lydia et Sandrine.

- Mais comment êtes vous... Que faite vous ici?

Caroline me dit méchamment.

- Et toi, tu te cache, tu n'ose pas montrer tes privilèges! J'aurais du me méfier, quand j'ai vu tes dessous. Tu es la seule à porter de pareil dessous. De quel droit! Ta famille n'est même pas noble!

Sandrine s'approcha.

- Bonjour tendre Sophie, je sens que l'on va bien s'amuser toutes les deux.

Sandrine me dit cela très doucement, tout en me pinçant le bras.

Les quatre m'entourèrent et me forçaient à m'asseoir. Sandrine continuait à me pincer, à me tirer douloureusement sur les oreilles.

- Tu aime? Tu ne dis rien? Alors tu dois sûrement aimer. Dis-moi petite Sophie, tu as osé prétendre avoir une petite taille. Tu ne prétends quand même pas être mieux que l'une d'entre nous!

- Laissez-moi! Dis-je. Ninon va arriver, vous n'avez aucun droit d'être ici!

- Aucun droit! Dit Coralie. C'est toi qui n'as aucun droit! Nous, nous avons le droit donné par la naissance, mais toi! Ou sont tes parents? Dans quel gourbi vivent-il? Nous, ont va te montrer ta vraie place. Ce soir, tu ne participeras pas au bal. Ce soir, je serais la reine du bal, et ton groupe sera le dernier. Quand on additionnera le tour de taille des deux grosses vaches de ton groupe, le résulta fera rire toute l'école.

Je ne comprenais pas son discourt. Bien sur, dans le groupe, j'étais la plus mince, mais Solange et Gwendoline, avait la taille fine, moins fine que la mienne ou celle de Coralie, mais elles n'étaient pas grosses.

- C'est idiot! Solange et Gwendoline ont la taille fine, même sans moi, le groupe ne peut pas être le dernier.

Sandrine souriait et me dit.

- Petite Sophie, dans une heure, elles vont prendre leur collation, une collation que j'ai amoureusement préparée, avec du bicarbonate de soude. Un verre d'eau, et elles seront obligées de délacer leurs mignons petits corsets. Et si ça ne suffit pas, nous leurs ferons avaler de force un ou deux litres d'eau. Cela leur fera un joli petit ventre bien dodu, un ventre tout rond et proéminent.

Elle est folle.

- Mais c'est épouvantable, vous ne pouvez pas leurs faire cela!

- Mais si je peux. Je les verrais se tordre de douleur, dilater un ventre que l'on a mis des mois à réduire... Quel délice, et quel supplice. Après cette épreuve, je t'assure qu'elles feront très attention de ne pas avoir une taille plus fine que la notre.

Coralie interrompit Sandrine dans son délire.

- Estelle! Tu veux bien pousser l'engin que l'on a trouvé dans le débarra.

- Oui, Coralie, cet engin est vraiment incroyable, j'ai hâte de l'essayer.

Estelle sortit en ouvrant les deux battants de la porte. Dans le couloir, il y avait un chariot, surmonté de deux poteaux métalliques, sur les quels, était fixé plusieurs grosses pièces de métal. Je n'avais jamais vu cette chose sur roulette.

- Tu ne connais pas cet engin? Dit Coralie. C'est ma servante qui m'a montré le débarra dans la salle Céres. Il y a plusieurs engins qui ne sont plus utilisés depuis longtemps. Celui ci, servait à faire passer une épreuve aux dames. Il y avait plusieurs roue échancrée. Chaque roue, correspond à un tour de taille. On enferme la dame dans cet engin, et on fixe deux roues échancrées devant elle. Pour sortir, sont tour de taille ne doit pas dépasser la taille de l'échancrure.

- Malheureusement. Dit Sandrine, beaucoup de taille n'existe plus. Il ne reste qu'un seul jeu de roue échancrée, pour un tour de taille de 43cm.

- Dommage. Dit Coralie. Que tu fasses 46cm de taille. Je me demande comment tu vas pouvoir sortir de cet engin?

Ils installèrent l'engin au milieu de la pièce, et Coralie défit ma ceinture métallique.

- Mais comment as-tu obtenu la clef ?

- C'est un passe. Dit Coralie. Tu n'imagine pas que notre groupe, doit se plier à toutes les règles idiotes. Tu ne t'imagine pas que l'ont peut tenir des personnes de notre qualité, entravée comme des esclaves!

Ensuite, elles m'obligèrent à me déshabiller, et à monter sur le chariot.

Les deux roues échancrées étaient montées sur deux bras mobiles, le tout devant moi. Sandrine resserra les deux bras, de sorte que les roues se touchaient, avec les échancrures dans les roues, placées vers ma taille. Le système ainsi fermé me bloquait dans cette mécanique, la seule façon de sortir, était que ma taille puisse passer dans le l'échancrure des deux roues. Problème, cette échancrure était trop petite pour moi. Sandrine me narguait.

- Te voila enfermée dans cette belle mécanique. Tu ne pourras pas sortir sans te réduire la taille de 3 cm. Vu que ton corset est déjà serré au maximum, tu n'es pas prête de te libérer de la machine. Normalement, on peut libérer la patiente avec une clef. Mais toi, tu n'auras pas cette chance.

Et Sandrine sortit d'un sac un gros marteau et un poinçons.

- Je vais bloquer le mécanisme, qui ferme les deux cercles, ainsi, tu ne pourras pas sortir de cette chose, sans te réduire horriblement la taille.

Elle fit le tour de la machine.

Et Sandrine frappa violemment sur le mécanisme de blocage, le détruisant et le bloquant définitivement.

- Voila! C'est fait. Dit Sandrine. J'ai démoli les deux serrures, ainsi, il est impossible de débloquer les deux bras.

- Les paris sont ouverts! Dit Coralie. Combien de jours, pour que Sophie, sorte de cette chose?

Elles étaient folles. J'essayais de sortir, mais l'échancrure dans les cercles était trop petite pour ma taille. Impossible de passer. Je me mis à les injurier, à crier ma colère. Lydia et Estelle me regardaient avec appréhension, mais pas Sandrine, qui s'amusait de mes cris. Coralie lui dit.

- Sandrine, elle me casse les oreilles, fait là taire!

- Son chant n'est pas très mélodieux, il me casse aussi les oreilles.

Et Sandrine approcha de la machine, elle fit basculer un autre bras au-dessus de ma tête, qui descendit jusque devant ma bouche. Sandrine se plaça devant moi et me dit.

- Ouvre en grand!

- Quoi! Que veux-tu me faire encore?

- Tais-toi et ouvre ta bouche en grand, ton chant me fatigue!

Et elle me força un bâillon dans la bouche, un truc énorme, en métal de la forme d'un oeuf qui me remplissait totalement la bouche et m'obligeait à ouvrir douloureusement ma mâchoire. Par-dessus ce bloc de métal, une sorte de cloche, rembourrée de cuir épais, se pressait sur mes lèvres, masquant tout le tour de ma bouche, me rendant parfaitement silencieuse. Mais ce n'était sans doute pas suffisant, Sandrine tourna une manette devant le bâillon. Cela eu pour effet de pousser le bâillon et de me forcer la tête en arrière. Sandrine tourna la manette à fond, de sorte que le bâillon m'écrasait terriblement, ma tête bloquée en arrière contre un tampon de cuir, derrière ma nuque. Sandrine bloqua cette manette par un cadenas. Elle s'avança vers une fenêtre, l'ouvrit, et jeta la clef dehors.

J'étais bloqué dans cet engin, la tête serrée entre le tampon derrière ma nuque et le bâillon horriblement serré.

- Même si quelqu'un réussi à ouvrir le cadenas, tu ne pourras pas sortir, sans te broyer la taille.

Coralie, sorti en me disant.

- Bonne après midi Sophie, à beaucoup plus tard. A ne plus te revoir.

Les trois autres la suivirent. Je me retrouvais seule, Elles n'avaient même pas pris la peine de m'attacher les mains. De toute façon, quoi faire? Mon terrible bâillon me faisait souffrir, et me bloquait complètement la tête, comme dans un étau. Prisonnière de cet antique et lourde machine. Elle avait réussi à m'empêcher de participer à la soirée. Même si Gwendoline et Solange ne se faisaient pas avoir par Sandrine et son horrible projet de leurs faire gonfler le ventre, sans moi, le groupe perdra une ou deux places. La moyenne du groupe était de 47cm et 1/3 de tour de taille, nous étions peu être les deuxièmes des quatre groupes, mais sans moi et ma taille à 46cm, le groupe faisait 48 cm, ce sera probablement trop pour être deuxième. Je ruminais en silence.

Ninon ne venait pas, j'avais bien essayé de me libérer, mais impossible, le cadenas bloquait le bâillon, ma tête douloureusement bloqué, immobilisée dans cet étau. Impossible de bouger, ni d'appeler. Il me restait qu'à attendre, que quelqu'un passe me voir, mais avec les préparatifs de la soirée, personne n'avait le temps de venir dans mes appartements. Ninon finirait bien par passer, mais pour me libérer, il faudrait qu'elle retrouve la clef de mon bâillon et le pire, il faudrait me réduire fortement la taille pour que je puisse sortir. Il était impossible d'ouvrir le mécanisme. Sandrine l'avait détruit et bloqué à coup de marteau.

Le temps passa lentement, ma tête bloquée, ne me permettait pas de voir autre chose que la porte de mes appartements. Mes mains libres ne me servaient à rien.

Le bâillon m'étouffait, je devais me maîtriser pour éviter de m'étrangler, de respirer uniquement par le nez.

La fin de l'après midi arrivait lentement, cela devait faire plusieurs heure que j'étais fixée par la tête debout dans cette machine.

Ho zut! Que faisait donc Ninon, il était tard, elle aurait du venir dans mes appartements, me préparer pour la soirée. Mais non, toujours personne.

Le soleil était bas, une après-midi entière, debout, bloquée, durement bâillonnée.

...

Enfin! Un bruit. Quelqu'un! Vite! J'essayais de crier, mais le bâillon était terriblement efficace, pas le moindre son. Je réussis juste à faire un tout petit bruit de gorge, un bruit faible, ténus, à peine audible.

C'est bizarre, le bruit ne vient pas du couloir, mais de ma chambre.

Une porte grince légèrement.

La porte donnant vers ma chambre et ma salle d'eau, s'entre ouvrit, très peu et lentement.

Une tête hirsute apparut.

Je me débattais dans cette mécanique, mais le bâillon me bloquait efficacement.

Un jeune homme, sale, les cheveux long et crasseux, sortit avec précaution, regardant partout.

Ses vêtements en guenille, il puait, et pourtant, il me semblait très jeune.

Il s'approcha, visiblement étonné, curieux, J'étais quasiment nue, en sous-vêtement. Le spectacle devait lui plaire, il me scrutait sous toutes les coutures, sans que je ne puisse rien faire, ni protester.

- Sophie? Dit-il.

Comment connaît-il mon nom?

- Sophie? C'est bien toi?

Il doit être un peu bête! Comment veut-il que je réponde, avec un énorme bâillon, enfoncé dans ma bouche.

- Humm!

- Sophie! Que fait-tu dans cette machine?

- Humm!

Haie! Je suis tombée sur un crétin.

Il s'approchait et essayait de tirer sur le cadenas et le bâillon.

- Humm!

C'est vraiment un crétin, comment peut-il imaginer ouvrir un truc en acier avec ces mains?

- Humm! Je mimais l'écriture sur un papier

- Ho! Oui Sophie, je cherche du papier.

Il se mit à fouiller le salon, et finit par trouver un crayon sur le petit secrétaire, et une feuille de partition sur le piano.

Je pus écrire un mot

"Sandrine m'a enfermée et cadenassé dans cette chose, elle a jeté la clef par la fenêtre"

La fenêtre en question était restée ouverte. Il s'y précipita et essayait de voir ou la clef était tombée.

- Je ne la voie pas, elle doit être dans l'herbe. J'ai repéré ou elle devrait être tombée. Ne craint, rien, je vais la retrouver et te libérer.

Et sans autre commentaire, il tourna les talons et sorti du salon, en passant par ma chambre. Comment peut-il descendre et sortir du château en passant par ma chambre? Peu être que la porte donnant vers les escaliers de service, est ouverte, mais après?

Je me rendais compte que je connaissais mal le château. Sans doute, passera-il par les sous-sols, la cuisine, ou je ne sais quoi. J'espère qu'il n'aura pas l'idée de passer par la grande porte de l'entrée du château, il se ferait vite repérer. Ma tante ne plaisante pas avec les vagabonds. Elle a toujours interdit la moindre présence d'un homme dans le château. C'est au point qu'elle est partie faire un voyage de six mois, durant des travaux, pour ne pas côtoyer des hommes dans le château.

Qui était ce vagabond? Serais-ce... Non, il est à plus de 600km d'ici, mais qui? Ce jeune homme, que j'avais aperçus dans l'auberge, le matin de la rentrée à l'école?

Le soir tombait, et il n'était pas encore revenu, ni lui ni personne d'autre. J'entendais des bruits à l'étage, des bruits de pas précipités, toute l'école se préparait pour ce soir.

De nouveau, le bruit de la porte de ma chambre, et enfin il était de retour.

- Excuse-moi, j'ai dû faire un long détour, pour passer devant le château sans me faire voir, et il m'a fallut du temps pour retrouver la clef.

- Humm

Il s'approcha. Ce n'est pas possible! C'est lui!

Il ouvrit le cadenas, et desserra le bâillon qui glissait lentement hors de ma bouche.

- Hoo!

Ma mâchoire me faisait mal, il me fallut un certain temps pour fermer douloureusement la bouche. J'étais ankylosée d'avoir eu, aussi longtemps, la bouche grande ouverte par le bâillon.

- Sophie, ça va? Tu me reconnais? André.

- André, mais comme tu as changé et comme tu es sale.

Il me regardait béatement.

- Dit moi, André, que fait-tu ici? Comment est-tu entré?

- Je me suis enfui de la pension ou mes parents m'avaient placé. Et j'ai fait toute la route à pied, depuis Marseille.

- Marseille, je croyais que tu étais en pension à Mende?

- Oui, mais j'ai fait plusieurs fugues à Mende, alors, mes parents m'ont placé dans une pension plus fermée et plus éloignée. Mais j'ai quand même réussi à m'enfuir de leur prison.

- Et tu as fais le trajet à pied? C'est impossible.

- J'ai mis huit mois pour faire la route, j'aurais bien mis deux fois moins de temps si je n'avais pas dû me cacher. Mais je voulais absolument te revoir. Je n'imaginais pas que tu serais devenue aussi belle. Sophie, j'ai fait toute cette route, parce que je t'aime, et maintenant, je t'aime encore plus. Je ne me souvenais plus, combien tu es belle. Je te reconnaissais à peine, tu es plus grande, les cheveux plus épais et plus brillant, et ta taille, comme elle est fine. Sophie, j'ose à peine te toucher, tu es plus belle que je ne l'avais jamais imaginé.

- Quel lyrisme!

- Viens! J'aimerais tan te serrer dans mes bras.

- André, tu n'imagine pas le nombre de personne, dans ce château qui veulent me serrer.

- Sophie, viens avec moi, je t'aime vraiment.

- André, je t'aime bien, mais je ne suivrais pas un vagabond, et de plus, même si je le voulais, toute cette mécanique m'en empêche.

- Mais j'ai ouvert le cadenas.

- Il reste un détail, pour sortir, je dois passer entre ces deux cercles métalliques, et il y a juste la place pour une taille de 43cm, pas un millimètre de plus, et ma taille corsetée, fait 46cm.

- Quarante trois centimètres? Mais c'est impossible! Qui peut avoir une taille encore plus fine que la tienne?

- Ma tante, ainsi que Caroline et Delphine, la corsetière. Il faut dire qu'elles s'entraînent depuis très longtemps.

- Mais, toi aussi, tu t'es entraînée? Comment a-tu fais pour réduire ta taille ?

- Tu es un gros bêta! Avec un corset bien sur. Un corset comme celui que je porte. Il suffit de le resserrer régulièrement, toujours un peu plus fort.

- Mais ça doit faire mal.

- Mais non, enfin parfois. Il faut être progressif et le porter en permanence. Bien sur, il y a quelques inconvénients, certaine chose que l'on ne peut plus faire, et une sensation permanente d'essoufflement. Tu devrais essayer. On adore ou on déteste. C'est selon!

- Cela ne me tente pas. Ton corset me semble trop rigide, mais j'aime bien la silhouette qu'il te donne. J'aime aussi beaucoup ta poitrine qui se soulève à chaque inspiration, c'est très excitant, troublant.

- Au lieu de t'extasier sur ma poitrine et ma taille, tu devrais m'aider à serrer plus fort ce maudit corset. Passe derrière et serre-moi, mais très lentement.

- Te lacer! Jamais je n'aurais osé te demander de te lacer. Tu n'imagine pas le plaisir que tu me fais.

André passa derrière la machine, il défit les noeuds des lacets, je sentit le corset se desserrer un peu. Ensuite, une forte traction vers l'arrière, je me trouvais aussitôt bloquée par des barres dans mon dos, et le corset qui se réduisait, me comprimait avec force.

- Oui, comme cela.

Je l'encourageais, bien que cela me serrait trop.

- Continue de me serrer.

Et le corset se réduisit encore

- Hoo! Doucement!

André avait beaucoup de force, mais c'est moi qui subissais la pression du corset.

- Le corset me serre très fort. Attend un peu, s'il te plaît

Je devais reprendre mon souffle.

Après quelques minutes, j'essayais de sortir sans trop d'espoirs. En effet, ma taille n'était pas suffisamment réduite pour passer

- Il faut encore me serrer plus. Mais je t'en prie, doucement. Je suis déjà très serrée.

André repassa derrière moi, je sentis un soulagement bref entre le moment ou les noeuds des lacets étaient défaits et le moment ou il tira encore plus fort sur les lacets, me réduisant encore plus la taille.

-Houff!!!

Il tira encore

- Hooo!!! J'étouffe.

Et encore plus

- Hooo! Arrête! Je me sens... faible...

La pression était très forte. Ma taille encore plus dure. André revint devant, et essaya de m'aider à sortir de cette chose.

- Non. Je ne peux toujours pas passer.

André me dit:

- Veux-tu que je te serre encore plus fort?

Qu'elle folie ! Lui aussi veut me réduire la taille à une dimension extrêmement fine, minuscule.

- C'est atroce. Je peux à peine respirer. Laisse moi reprendre mon souffle.

J'essayais de retrouver un peu de ce souffle perdu.

- Encore un moment. Je ne suis pas sûr de tenir.

Il me fallait me relaxer, du moins essayer, ne pas luter contre le corset, le laisser me pétrire. Un peu de répits, encore quelques minutes. Il fallait continuer, tan que j'en avais encore la volonté. Je sentais mes forces disparaître de plus en plus.

- Vas-y! Mais je t'en supplie, très lentement.

Et André recommença à me serrer encore plus, atrocement plus fort.

- Houu!!! C'est... trop...

André s'interrompit un bref instant avant de reprendre l'atroce serrage de ma pauvre taille

- Hooo!!! Trop... ser...rée...

- Courage! Dit André. Encore quelques millimètres, et les deux bords du corset vont se rejoindre.

- Hoooo... Peux... plus... res...pi.....rer.

André avait renoué les lacets de mon corset effroyablement serré.

- Je... me sens... si faible... si... faible...

Je pouvais à peine parler. J'étais au bord de l'évanouissement, et bien incapable de me tenir debout, sans appui. Il me fallut plusieurs minutes de répit. J'avais des sueurs froides, une langueur qui m'ôtait toute force, toute volonté de bouger. Mais il fallait se décider, ou toute cette épreuve ne servirait à rien.

- Je suis prête... aide-moi.

André me soutient en m'aidant à passer entre les deux calibres qui m'ont obligée de me réduire la taille à seulement 43cm, 43 douloureux petit cm.

- Oup! C'est très étroit! Je passe tous juste.

Il me fit descendre de la machine.

- Enfin libre de cette chose. Mais comme mon corset me serre...

- Tu es fantastique Sophie. Je n'ai jamais vu de jeune fille avec une taille aussi étroite.

- Je te remercie de m'avoir aidé.

- ...

André était sans voix

- Excuse-moi, mais mon corset me serre vraiment trop.

- ...

- Je dois m'asseoir... Me reposer un peu.

- ...

- Je me sens si faible...

Et avec l'aide d 'André, je m'étendis sur le canapé.

- Comme tu es blanche! Je devrais desserrer ton corset. Tu n'as plus besoin d'être aussi serrée.

- Ce serait une délivrance, mais j'ai une autre idée. Ce sera dur, mais je vais étonner tout le monde ce soir. Je serais la reine de la soirée, mais pour cela, je dois rester corsetée, même si c'est une torture.

André me regardait d'un air ahuris.

- Donne-moi la cloche, que je puisse appeler ma servante, et sauve-toi. Fait attention de ne pas te faire prendre par les surveillantes. Je te conseille vivement de te sauver au plus vite.

André m'embrassa, près de la bouche. Je savais, qu'il aurait aimé plus. Il s'éloigna, lentement, se retourna plusieurs fois avant de disparaître par la porte de ma chambre. Je ne sais toujours pas comment il est entré ni par quel détour, il est passé par ma chambre.

Il avait disparu.

 

 

 

Souvenirs de Sophie,L 2, Ch. X   Souvenirs de Sophie,L2, Ch. XII  

(Histoire parallèle) Histoire d'A, L 2, Ch. I

Retour aux textes   Retour page d'accueil