Souvenirs de Sophie
Par Fred Pody.
XIV
Le cerceau de fer
Ninon me trouva assise de façon bizarre sur le bord du lit. Il me fallu son aide pour me lever, le cerceau de fer était lourd et limitait terriblement mes mouvements.
Ont chercha toutes les deux s'il était possible de me libérer de ce maudit cerceau. C'était évidemment impossible. La ceinture d'acier du cerceau était fermée à clef et très serrée par dessus mon corset. Impossible de lever plus haut mon cerceau, une grosse barre passait entre mes jambes et était bloqué par un lourd cadenas.
C'est cette barre et le petit cerceau intérieur qui m'empêchaient de m'asseoir normalement, le petit cerceau me blessait le haut des cuisses quand je me baissais.
Comme il était impossible de me débarrasser de ce cerceau, ont chercha une solution pour que je puisse me coucher. Je ne pouvais pas m'étendre avec les fesses soulevées par le cerceau. Ninon mesura la distance entre ma taille et le bord du cerceau, qui faisait environ 60 cm.
Ninon me suggéra de me coucher a demis sur le lit qui était assez haut et à demis sur un pouf, le cerceau entre le lit et le pouf. Ce ne fut pas simple, ont dû se reprendre à plusieurs fois avant de trouver la bonne méthode. Je devais m'asseoir sur le pouf, avec mes jambe sur le coté, à cause de mes entraves. Ensuite, Ninon m'aidait à m'étendre sur le dos, avec le cerceau passant entre le pouf et le lit et enfin elle me mit les jambes bien droites sur le pouf. J'étais couchée en travers du lit et sur le pouf. Pas question de bouger ou de se retourner, je risquais de tomber du pouf et de me retrouver suspendue dans mon cerceau.
La nuit fut longue, le poids du cerceau pesait sur mes hanches qui n'avaient pas besoin de ça en plus de la pression de mon corset.
Le lendemain matin fut également perturbé, après un levé difficile, je ne pus faire qu'une toilette sommaire, Pas question de bain, sans enlever mon corset qui était bloqué sous la ceinture d'acier. Impossible de m'approcher du lavabo, Ninon dû me laver comme elle pu avec un gant de toilette.
M'habiller fut également impossible, mes quelques robes étaient trop étroites.
Caroline et Delphine entrèrent dans mes appartements, et furent pétrifiées en me voyant, ne sachant quoi dire...
C'est Delphine qui la première me demanda.
-- Mais bon sang, Sophie! Qu'a tu fait pour porter un cerceau de punition?
-- C'est une servante, elle ma surprise dans les couloirs
Delphine répliqua.
-- Mais enfin, Sophie, tu ne devais pas sortir de tes appartement seul, et surtout pas te balader dans les autres ailes du château. Aucune pensionnaire ne doit te voir avant ton admission officielle dans cette école. Tu dis que c'est une servante, cela m'étonnerait beaucoup, les servantes ne sont pas autorisées de se promener dans les couloirs du château.
-- Pourtant, je t'assure, une dame tout en noir, un peu forte et avec un très haut chignon.
-- Sophie, les servantes ne porte pas de haut chignon, leurs cheveux sont en chignon, mais en chignon bas et avec une charlotte ou une coiffe blanche.
-- Non, elle n'avait pas de coiffe, mais un très haut chignon, elle était toute en noir, sauf sa ceinture rouge.
-- Une ceinture rouge! Dit Caroline. Mais alors ce n'est pas une servante. Ma pauvre Sophie, tu viens de faire la connaissance de la directrice de l'école. C'est elle qui dirige tous le personnel. Elle n'obéi qu'aux ordres de ta Tante Florence.
-- Je crois bien être tombé sur la personne qui ne fallait pas rencontrer. Dites moi, comment puis-je enlever ce cerceau, Il est terriblement encombrant.
Delphine me répondit.
-- Mais ma chère Sophie, tu ne peux pas, et nous non plus. Tu vas devoir rester quelque temps avec ce cerceau. Je comprends qu'un battant de la porte de tes appartements soit bloqué. La directrice t'interdit ainsi de sortir. Dans ton malheur, tu échappes au resserrage de ton corset que j'avais prévus de faire ce matin. Caroline va te chercher une crinoline pour que tu puisses t'habiller convenablement et faire tes exercices de marche et de maintien.
-- Une crinoline, Mais Sophie, les crinolines sont passées de mode depuis plus de trente ans. Ma mère en portait quant elle était jeune fille.
-- Désolé Sophie, mais c'est la seule robe que tu puisse porter avec ce cerceau.
En attendant le retour de Caroline, je fis mes exercices de marche sous le regard attentif de Sophie. Seul le salon me permettait d'évoluer avec le cerceau, bien que je ne pouvais pas faire le tour complet de la table. Le passage entre la table et le piano était trop étroit. Mes promenades étaient vraiment limitées, impossible de m'approcher de quoi que ce soit et Delphine me précédait pour écarter de mon chemin les chaises et autre chose que j'aurais pu reverser.
Caroline entra avec un grand carton et dit
-- Ouf, j'ai du prendre une grande crinoline, son cerceau est très large. Delphine, aide moi. Ninon, allez chercher le reste!
De quel reste parlait-elle?
Caroline me dit.
-- Désolé, ma chérie, j'ai rencontré ta tante Florence, qui exige que le cerceau n'apparaisse pas en faisant des plis sur la robe. Le seul moyen est de porter par dessus ton cerceau une crinoline et beaucoup de jupons pour masquer la marque des cerceaux. Ta crinoline avec tous tes jupons, fera deux mètres de large.
-- Ma tante est folle! Cette robe est impossible à porter.
Delphine s'approcha de moi autant que le cerceau le permettait.
-- Ne dit pas ça de ta tante. Ton supplice ne devrait pas être bien long. Le cerceau est bien sur très gênant, mais la crinoline n'est pas la robe la plus difficile à porter. Je dirais même qu'il est agréable de danser avec une belle crinoline. Le seul problème des crinolines, c'est leurs encombrements. Mais en générale les salles de danse sont suffisamment grandes pour pouvoir évoluer gracieusement avec ces grandes robes.
L'habillage commença. Je me mis dans le salon, entre la porte et la table, ou l'espace était le plus grand. Delphine à ma droite, Ninon à ma gauche et Caroline derrière.
Delphine et Ninon soulevèrent les cerceaux de ma crinoline, pour les faire passer par dessus ma tête, et Caroline les attrapait derrière moi. Il y avait 6, non 7 cerceaux réunis par des rubans. Les cerceaux de ma crinoline formaient comme une cage autour de moi, et elle passait par dessus mon cerceau de métal.
Ensuite vint le premier jupons, Mes deux amies et Ninon s'aidèrent de longues perches pour soulever le jupons au dessus de moi et ensuite le laisser descendre et le poser sur les cerceaux. Le jupon ce fixait à ma taille par un cordon, mais Ninon dû demander de l'aide, car elle devait se pencher fortement par dessus ma cage de cerceau pour atteindre le cordon du jupon et le nouer.
Elles me revêtirent de trois jupons, tous garnis de nombreux volants, ce qui leurs donnaient beaucoup de volume.
La robe de ma crinoline fut plus difficile. Elle était très lourde à manier avec des perches. Ces perches étaient nécessaires pour disposer cette lourde robe par dessus ma tête. Le poids de la robe me pesait maintenant sur les hanches. Pour une fois, le corset était un bienfait en répartissant le poids de mes robes sans me blesser la taille.
Ninon s'affairait dans mon dos, elle devait lacer le bustier très serré. Ce n'était pas une robe de bal, ni même d'intérieur, mais plutôt une robe de sortie ou d'après midi. Pas de décolleté, mais un bustier sévère avec un très haut col. Cette robe ne me semblait pas adaptée pour l'intérieure, elle était bien trop chaude, ce haut col m'étouffait. Ho et ce poids, que tout cela est lourd.
Caroline me regardait avec un sourire... elle semblait fière de son oeuvre et me dit:
-- Ce n'est peut être pas la robe idéale d'intérieure, mais c'est une création que j'ai présentée à mon entrée dans cette école, pour le poste de directrice de l'atelier "Mode et Couture".
Sur l'invitation de Caroline, j'essayais de marcher. Mais malgré mes petits pas limités par mes entraves et mes hauts talons, je n'arrivais pas à contrôler le balancement de la crinoline.
Toute la matinée fût consacrée à ces exercices de marche et de maintien. Le poids énorme de mes cerceaux et de mes robes me limitait terriblement dans mes déplacements. Pas question de marcher un peu vite, ou de faire de grandes enjambées. Le balancement de tous cet attirail fixé à ma taille, ne n'autorisait d'avancer que très lentement et à tous petit pas.
Florence vient nous rendre visite l'après midi. Mes craintes vis à vis de Florence se dissipèrent très vite. Elle m'annonçait mon entrée dans l'école, la semaine prochaine. Au sujet de ma punition par le cerceau, elle me promit que j'en serais libérée ce soir. Et comme les bonnes nouvelles venaient souvent ensemble, elle me dit que je serais dispensée de nouveaux resserrages de mon corset jusqu'à mon entrée dans l'école.
Enfin, j'étais impatiente de rompre cet isolement. Presque un ans que j'étais enfermée, avec seulement une promenade tard le soir, et toujours accompagnée. J'aimais beaucoup ces promenades en compagnie de Delphine, mais il me manquait la présence d'autres amies. Comme mes amis de Mande me manquaient. Seul André m'avait écrit une fois. Je lui avait répondu depuis longtemps, mais il ne c'est plus manifesté depuis.
Tan pis pour lui, de toute façons, les garçons ne sont pas admis dans l'école.
Florence, Delphine et Caroline me souriaient gentiment. C'était mes nouvelles amies.
Ce soir, je serais libérée de mon cerceau de fer et dans une semaine, enfin, mon entrée officielle dans l'école.
Fin du livre I
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