TEXTES - Sophie

 

 

Souvenirs de Sophie

II

L'école

 

 

 

Par Fred Pody.

 

 

V

Les ateliers de corseterie

 

Solange et Gwendoline, étaient déjà installées dans la classe, sur le dernier banc, tout au fond.

Je m'approchais, pour m'installer juste devant. Gwendoline portait toujours cet horrible bâillon qui la forçait à garder la mâchoire extrêmement distendue. Ces mains toujours attachées dans le dos. Elle ne pouvait rien dire, rien écrire. Son visage marqué, fatigué. Elle n'avait sans doute pas beaucoup dormit avec toute cette ferraille dans la bouche.

- Bonjour Sophie. Me dit doucement Solange. Notre amie a passé une très mauvaise nuit. Il est très difficile de communiquer. Elle ne peut que me faire un signe d'acquiescement en fermant les yeux.

- Bonjour. C'est vraiment horrible d'imposer une telle punition.

- Oui et humiliant, la Surveillante Générale veut que toute la classe la voie ainsi. Elle ne libèrera Gwendoline qu'en fin de matinée, Elle n'a pas pu déjeuner, et elle a terriblement soif.

Petit à petit, les autres élèves entrèrent. Très vite, un brouhaha s'amplifia, quelques bribes de conversation, toutes au sujet de Gwendoline, de son terrible bâillon. Beaucoup de commentaires horrifiés, quelque uns, plutôt apitoyés. Le ton changea vite, quand Coralie et ses amies entrèrent, Ce fut la moquerie, et plus particulièrement, le mépris de la part de Coralie.

Il n'y avait que Solange et moi pour essayer de la protéger.

La Surveillante Générale entra et il se fit subitement un grand silence. Plus un mot, seulement les faibles sanglots de Gwendoline.

Une autre dame suivit la Surveillante Générale.

- Mesdemoiselles! Asseyez-Vous! Dit la surveillante. Je vous présente Madame Decaylus, votre professeur d'histoire. Mademoiselle Gwendoline! Levez-vous! Et venez au tableau!

Gwendoline blanchit, et se leva lentement. Solange l'aida à pousser sa chaise, pour qu'elle puisse rejoindre l'allée centrale de la salle de cour et s'approcher lentement du tableau, bâillonnée et les mains attachées dans le dos.

La surveillante la fit asseoir sur un haut tabouret sur l'estrade, face à toute la classe. L'humiliation de Gwendoline était terrible, d'autant qu'elle était bâillonnée, attachée et exposée juste devant Coralie et ces trois copines.

Aussitôt que la Surveillante Générale eut quitté la salle de cours, les quolibets fusèrent, essentiellement du premier rang. Madame Decaylus, laissa faire durant cinq bonne minutes. Gwendoline était en pleurs, elle essaya bien de détourner la tête, mais son profil montrait encore mieux le bâillon enfoncé dans sa bouche

Il y eut un claquement sec et puissant!

Madame Decaylus interrompit brusquement les moqueries.

- La récréation est terminée! La première qui parle sans y être invitée, subira le même sort que Mademoiselle Gwendoline!

Le silence fut impressionnant, comme l'était Madame Decaylus. Une Dame austère, toute en gris, une grande femme, mais très maigre, osseuse, la taille très cambrée et étranglée. La rigidité de sa silhouette, donnait un sentiment de rigueur.

- Mesdemoiselles! Ce cours se décomposera en deux parties. La première partie vous sera donnée durant la première heure de cours. Elle sera consacrée à l'histoire générale.

- La deuxième partie sera donnée durant les trois heures suivantes. Cette deuxième partie est consacrée à l'étude détaillée de l'histoire du corset, et des évolutions de la silhouette à travers les ages. Une attention particulière sera donnée sur la période de 1850 à nos jours. Cette période comme vous devriez le savoir, est la période ou la science du corset et de ces entraînements, est la plus aboutie. Nous ne négligerons pas pour autant deux autres périodes plus anciennes mais particulièrement intéressantes.

Fin du XVI siècle, règne du roi Henri IV et de la mode imposée par Marie De Médicis. La suprématie de la mode espagnole, particulièrement spectaculaire et rigide. La mode des corps bien Espagnolé.

Fin du XVII et XVIII siècles, règne de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. La mode des grandes robes à panier, dont nous verrons quelques figures célèbres, par exemple, Madame de Maintenon, la duchesse de La Vallière, la marquise de Pompadour, et Marie Antoinette, juste avant la révolution de 1792

Le cours me surprit, et plus encore Madame Decaylus. Je m'attendais à quelque chose d'ennuyeux. Madame Decaylus s'animait quand elle nous enseignait l'histoire du corset. On en oubliait sa robe grise, ces cheveux gris, son austérité. Sa passion nous avait emportées. Elle nous faisait revivre le désir de ces femmes du passé pour modifier leur silhouette, tantôt droite et raide, parfois plus souple ou très cambrée, et quelques femmes cherchant durant toutes les époques, un idéal extrême, qui avait du leur demander des efforts tous aussi extrêmes, pour se modeler le corps, suivant leur désir.

Madame la surveillante entra. Et dit en interrompant brusquement le cours.

- Mesdemoiselles! Dans quelques instants, vous pourrez prendre votre goûter de onze heure. Mais auparavant, je vais lever la punition de Mademoiselle Gwendoline.

Et elle s'approcha de Gwendoline.

- Levez-vous!

- Mademoiselle! Promettez-vous de ne plus parler durant les cours!

Gwendoline baissa les yeux.

- Acceptez-vous de lire ce papier!

Gwendoline baissa à nouveaux les yeux.

- Parfait! Mais attention! La prochaine fois, vous garderez ce bâillon durant trois jours, et on vous fera boire avec une seringue durant ces trois jours, et sans manger! C'est bien compris!

- Huumm

La Surveillante sortit une petite clef et libéra Gwendoline de son bâillon.

Il y eut un fou rire venant des premiers rangs de la classe. Le bâillon retiré, Gwendoline resta la bouche grande ouverte. Elle semblait incapable de la fermer.

- Hoo... Aaa... ai all...

La surveillante un peu inquiète, s'approcha et lui massa la mâchoire.

- Aa... fais... mal.

- Doucement! Gwendoline. Dit la Surveillante, avec une tendresse étonnante.

- Hoo... merci... ça me faisait... vraiment mal.

Ensuite, la Surveillante lui libéra ces poignets, et lui tendit le papier qu'elle devait lire devant toute la classe.

- Je promets de me taire et de ne plus faire des commentaires désobligeants. J'accepte que ma punition soit plus longue si je ne respecte pas cette promesse.

- Bien! Dit la surveillante. Vous pouvez aller goûter, ensuite, vous descendrez toutes au rez-de-chaussée, dans les ateliers de Mademoiselle Delphine. Cet après midi, nous formerons les groupe d'étude.

Ont sorti toutes en silence. Ce n'est que durant le goûter que l'ont put parler un peu avec Gwendoline. Sa nuit fut pénible, le fait de ne plus pouvoir parler, les bras ankylosés par leurs positions forcées dans le dos, l'impossibilité de prendre ou de faire quoi que ce soit, et surtout la soif, elle n'avait rien mangé ni bu depuis la veille.

- Ce fut horrible dans la classe. Nous dit Gwendoline. Cette humiliation devant ces quatre filles. Le sommet, quant la Surveillante m'a enlevé le bâillon. Ma mâchoire était bloquée, et plus j'essayais de fermer ma bouche, et plus la douleur était forte. Et ces rires, c'était horrible. Je crois bien que la Surveillante était très inquiète. Son massage m'a débloquée. Heureusement, car je commençais vraiment à paniquer.

Pas le temps d'en dire plus, Gwendoline avait très soif et faim. Ont dût sortir, en silence, pour descendre dans les ateliers de Delphine.

C'est la première fois que j'entrais dans son atelier, et je fus surprise par les machines, ou je ne sais trop comment les appeler. Il y avait une table, recouverte d'un fin matelas, une table qui semblait être en fait une sorte de lit étroit et très haut, avec toute une mécanique en dessous. Il y avait également une sorte de portique qui devait faire plus de deux mètres de haut, et également une mécanique au milieu du portique, une mécanique qui pourrait être une sorte de treuil. Je remarquais le grand nombre d'armoires qui recouvraient presque deux murs. Les seuls éléments qui pouvaient me faire penser à un atelier de corseterie, était une grosse machine à coudre et des mannequins à la taille étranglée, portant des corsets plutôt longs.

Ma tante nous accueilli au coté de Delphine.

Florence, devait accorder beaucoup d'importance à cet instant pour qu'elle nous face elle-même la leçon.

- Mesdemoiselles! Dit Florence. Vous consacrerez au minimum une heure tous les jours, à soigner votre corseterie. Contrôle et entretient de vos corsets. Eventuellement, modification ou petit ajustement. Entraînement à des réductions de taille plus forte, exercice divers destiné à vous entraîner au port permanent de corset, et bien sur essayage de nouveau corset et de divers modèles de corset. Mademoiselle Delphine s'occupera avec son équipe, de vos corsets et du suivit de votre entraînement. Vous aurez donc régulièrement l'occasion de visiter ses ateliers.

Delphine pris la parole.

- Bonjour à toutes. Vos corsets réglementaires sont prêts. Vous pourrez venir par groupe de trois ou quatre, pour les derniers essayages et les consignes de serrage à respecter impérativement. Chacune d'entre vous se verra attribuer un passeport, sur le quel sera indiqué le modèle de corset de jour, le corset de nuit, et ces tours de tailles, suivant la période. Des questions?

- Que signifie ces périodes? Demanda Alice.

Delphine, répondit à l'élève.

- Votre tour de taille sera définit pour chaque période de la journée, En règle générale, vous porterez un corset de nuit qui sera moins serré que ceux de la journée.

Par rapport à votre corset de nuit, le matin, ont vous réduira la taille de un à deux centimètres

Votre corset de l'après midi sera un peu plus serré et le corset du soir encore plus serré.

Si une soirée habillée est organisée, vous devrez porter un corset du soir adapté à votre robe, qui sera encore plus étroit. Suivant votre entraînement et votre expérience, chaque période sera plus serré que la précédente de Un à 3 centimètres. Tous ceci sera inscrit sur votre passeport, rubrique "Corset". Une dernière précision! Celles d'entre vous qui suivrez un entraînement spécial, porteront un corset de grande sécurité la nuit. Ce corset spécial sera beaucoup plus serré que celui du matin. En fait, je superviserais personnellement les élèves qui suivront ce régime spécial, et leur corset sera serré suivant ce que je jugerais bon pour leur silhouette.

- Merci Delphine! Dit Florence. Vous allez rejoindre le réfectoire. Cet après midi, on vous appellera par groupe de trois ou quatre, dans ces ateliers. Mademoiselle Delphine et son équipe, vous ajusterons votre corset réglementaire, et inscrira sur votre passeport, les différentes tailles que vous devrez avoir suivant l'heure de la journée et de la nuit. J'ai décrété que l'on vous serrera la taille d'un centimètre supplémentaire. Ceci pour vous signifier que votre entraînement à la taille de guêpe vient de commencer.

Gwendoline ne peut s'empêcher de s'exclamer.

- Ho! Un centimètre! Ma tutrice ne n'avait pas prévenue de tout ce tintouin à propos de corset!

Et j'intervins, lui coupant la parole avant qu'elle ne se mette encore en défaut.

- Florence! Ce n'est pas sa faute, Gwendoline a été trompée par sa tutrice, elle n'avait jamais porté de corset avant sont entrée dans l'école.

Florence réagit aussitôt.

- Gwendoline! Vous sembler apprécier les tailles étroites! Aussi, je vais demander à Mademoiselle Delphine, de vous serrer la taille de deux centimètres, au lieu d'un seul. Sophie, je te signale que tu fais partie de la classe, et que par conséquent, en public, tu m'appelle "Mademoiselle la Directrice". Puisque tu es solidaire de Gwendoline, tu ne verras pas d'inconvénient de te réduire la taille de deux centimètres, comme ton amie. Vous donnerez ainsi l'exemple sur le bon usage des corsets et démontrerez à toutes, les vertus du laçage très serré.

L'exemple! Et hier soir, c'est Delphine qui voulait que je soie sa collaboratrice, ou plutôt, son cobaye. Tester les corsets et être un exemple pour toutes en matière de corseterie. Je sens que ma vie dans cette école sera particulièrement serrée et étouffante.

Florence et Delphine sortirent. Delphine me dit en sortant

- Désolé ma chérie, mais je vais devoir te serrer vraiment très fort, cet après midi.

- En fait, je faisais 49cm en entrant, moins deux cm, j'aurais un tour de taille de 47cm, et voila tous. Avec le cm que j'ai perdu ce matin, il te suffira de me serrer d'un seul cm.

- Sophie, ta Tante est au courrant du cm que tu as perdu ce matin. Je vais devoir te réduire la taille de deux cm supplémentaire.

- Quoi! Mais tu es folle, je ne pourrais pas supporter trois cm de réduction sur une seule journée!

- C'est pourtant, ce que je serais obligée de faire.

Et Delphine s'éloigna. Je restais là bêtement, sans bouger.

Gwendoline, me pris par la main, et m'entraîna vers le réfectoire.

- Sophie, je suis désolée de t'avoir entraînée dans cette situation. Comment vas-tu faire? Moi je ne devrais perdre que deux cm, mais toi... J'ai entendu ta conversation avec Delphine. Elle t'aime beaucoup je pense. Mais elle va te réduire la taille, cet après midi. Quarante six centimètres! Tu auras une des tailles les plus fines. J'espère que tu supporteras.

- Merci Gwendoline, je l'espère pour toi aussi, dit moi, quel sera ton tour de taille?

- Quarante sept. Je me suis serrée une fois à cette dimension, mais je n'ai gardé mon corset qu'une heure, juste pour essayer. Pour me prouver que je pouvais le faire. J'étais certaine de pouvoir me passer de ces maudits corsets. Je sais que j'aurais pu m'en passer, ma silhouette est fine, mais maintenant, dans cette école, je ne le pourrais plus jamais.

- Je pense que toutes les filles qui rentrent dans cette école, suivront un entraînement à la taille de guêpe extrême. Quand elles sortiront de cette école, aucune d'entre elles ne pourra plus jamais, se passer de son corset.

- Mais c'est de la folie! Me dit Gwendoline.

- Non Gwendoline, de la passion, un désir puissant de modeler sa silhouette, de s'approcher très près d'un idéale. Avant mon premier corset, je trouvais ces contraintes absurdes. Mais Delphine m'a initiée au délice du laçage tendu. Elle m'a fait goûter très progressivement aux plaisirs de la douce et forte pression du corset et de l'émerveillement de voir ma silhouette se transformer, s'étrangler à la taille.

- Mais mon corset me fait mal. Il est vraiment pénible à supporter.

- Si ton corset te fait mal, alors qu'il n'est pas très serré, c'est qu'il est mal construit, ou pas ajusté à ton corps. Cet après midi, ont va porter nos nouveaux corsets, et Delphine est une corsetière de génie. Tu t'en rendras compte, un corset peut être confortable tout en étant très serré.

En début d'après midi, une dame en robe blanche, vint chercher le premier groupe de quatre jeunes filles. Spontanément, Coralie se leva, suivit de ces trois amies, Estelle, Sandrine et Lydia.

La Surveillante Générale leur dit, avant qu'elles ne quittent la classe.

- Cet après midi, nous allons former les groupes d'étude. Ces groupes seront de trois ou quatre étudiantes. Attention! Vous serez amenée à faire certains travaux et exercices ensemble. Vous aurez des notes individuelles, mais également des notes de groupe. Je vous suggère de vous choisir avec soins et d'éviter des sources de conflit dans le groupe.

Et s'adressant aux quatre jeunes filles qui s'étaient levée.

- Mesdemoiselles, vous sembler bien vous connaître! Formerez-vous le premier groupe?

Coralie prit la parole.

- Oui Madame la Surveillante Générale, nous voulons rester ensemble. Uniquement nous quatre. Nous avons même décidé d'un nom, "Le Club des 4 Parisiennes", car nous sommes toutes les quatre de la capitale.

- Bien! Ce sera donc le premier groupe. Vous pouvez vous rendre dans les ateliers de corseterie. Mesdemoiselles! Vous devez créer un deuxième groupe, avant que ces quatre demoiselles ne reviennent avec leur nouveau corset.

Je m'attendais à beaucoup de palabre avant que ne se constitue un autre groupe. Mais à ma grande surprise, quatre autres jeunes filles se levèrent ensembles.

Alice prit la parole.

- Nous sommes également Parisiennes, et nous pensons que notre qualité nous rassemblait dans une société fermée aux personnes ordinaire. Aussi, nous avons décidé de nous appeler "La Société Parisienne".

- Bien! Dit la Surveillante. Bien! Vous avez choisi un nom d'entreprise, qui manque un peu d'élévation. Mais votre choix sera respecté. Vous êtes donc officiellement le deuxième groupe. Et ensuite, Mesdemoiselles? Qui formera le troisième groupe?

Deux jeunes filles se levèrent. Evelyne et Aurore. C'est Aurore qui prit la parole.

- Madame la surveillante Générale, je voudrais former ce troisième groupe et je demande à toutes celles qui ne font pas partie des deux premiers groupe de nous rejoindre. Mon groupe s'appellera "L'Association des Indépendantes" Nous ne voulons pas nous soumettre aux dictâtes des autres groupes et nous resterons en dehors de toutes influence externe à notre groupe.

- C'est un beau programme. Dit la Surveillante. Des candidates pour rejoindre ce groupe? Il faut être trois au minimum pour former un groupe!

Ont se regardaient, Gwendoline, Solange et moi. C'était stupéfiant la vitesse à la quel les groupes se formaient. Je comprenais un peu mieux les palabres discrètes sur la terrasse le soir avant le souper. Et je décidais également de me lever, mais la Surveillante me fit taire.

- Un instant mademoiselle, il fallait vous présenter auparavant. Vous attendrez que ce groupe soit formé pour vous exprimer!

Je rage, c'est injuste, quand ce groupe sera formé de quatre filles, on ne sera plus que trois.

- Gwendoline, Solange! Dis-je tout bas. Ne les rejoignez pas, nous resterons ensemble pour le dernier groupe.

Au bout de dix minutes d'attente, comme rien ne bougeait plus, Isabelle se leva et dit.

- Madame la Surveillante Générale, je veux bien rejoindre ce groupe.

Et ensuite, encouragée par Isabelle, c'est Ludivine qui se leva pour rejoindre le groupe.

- Parfait! Dit la Surveillante. Sophie! Vous pouvez vous exprimer!

Et je me levais dépitée.

- Mais Madame la Surveillante Générale, nous ne sommes plus que trois! Plus personne ne peut nous rejoindre, Gwendoline, Solange et moi!

- J'entends bien Sophie. Il fallait réagir un peu plus vite. Vous formerez donc le dernier groupe qui sera le plus petit. Vous auriez peu être préféré, faire partie du premier groupe?

- Sûrement pas! Ces pimbêches qui se font une gloire d'être parisienne!

- Sophie! Je vous interdis de dire des horreurs sur vos collègues! La prochaine incartade, et c'est le bâillon pour 24 heures! Comment s'appellera votre groupe?

- Excusez-moi Madame, nous n'y avons pas encore réfléchi. Si vous le permettez, j'aimerais en discuter avec mes deux amies.

- Très bien Sophie. Ce sera le seul groupe ou le nom aura été discuté démocratiquement. Je me rends bien compte que vous n'avez pas cette attitude hautaine du premier groupe, mais cela ne vous dispense pas du respect!

Solange, Gwendoline et moi allions discuter de ce nom, quand on frappa à la porte de la classe.

La dame à la robe blanche entra, suivie lentement de Coralie, de Estelle, Sandrine et enfin Lydia.

Elles se déplaçaient lentement, Coralie se tenait la taille et s'assit avec précaution, suivit prudemment par les trois autres jeunes filles. Pas un mot de leur part. La surveillante se retourna vers la dame en blanc, et demanda avec un sourire qu'elle n'essayait pas de cacher.

- Que leur arrivent-elles, Madame?

- C'est que leur corset, leur faisait la taille fine, mais ils étaient très court et peu baleiné. Les corsets de l'école, sont plus longs, beaucoup plus baleinés. De plus, nous sommes obligées de leur réduire la taille d'un centimètre supplémentaire. Elles n'ont manifestement pas l'habitude de porter des corsets aussi rigides et fermement serrés sur tout le buste.

- L'habitude viendra avec le temps. Deuxième groupe! C'est votre tour. Suivez Madame!

Ont reprit notre conversation pour le nom du groupe. Ont ne voulaient pas d'un machin fermé, ni d'une société ou d'un slogan politique, mais en peu de mots, nous définir, ou plutôt, définir notre idéale.

Solange, proposa de rassembler deux ou trois adjectifs qui cerneraient au mieux nos aspirations.

Gwendoline proposa belle et jolie. Solange lui dit que c'était banal et redondant. Sur cette proposition, je suggérais "Magnifique" Solange approuva et Gwendoline nous proposa quelque chose qui définisse notre attitude, polie, non, plutôt attirante, ou mieux, charmante. On accepta charmante. Je proposais de trouver quelque chose qui rende cela moins lourd, plus clair, plus lumineux comme nos trois esprits surchauffés! Lumineuse proposa Solange, "Magnifique, Lumineuse et Charmante"... Vote unanime sur cette dernière proposition.

La Surveillante, nous fit quitter la salle de cours pour le goûter de 15h, le deuxième groupe n'était pas encore remonté. C'était long, et j'espérais que notre tour, viendrait trop tard pour aujourd'hui. Mais en rentrant dans la classe, le deuxième groupe, nous attendait, assises à leur place, en silence. Le troisième groupe, "L'Association des Indépendantes" parti vers les ateliers de corseterie.

- Sophie! Levez-vous! Avez vous un nom pour votre groupe?

- Oui, Madame la Surveillante Générale. Nous avons décidé toutes les trois de nous appeler "Magnifique, Lumineuse et Charmante".

Il y eut des moqueries en provenance du premier rang.

- Bien! Au moins, cela ne ressemble pas à un non d'entreprise, et reste ouvert. Votre nom est tout un programme. Nous verrons, si vous serrez à la hauteur de vos ambitions!

 

 

 

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