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L'île des Sylphides I

Par Fred Pody

2020



XXIV - La préparation du concours M.D.S.


Estelle m'aide à me coucher, pourtant, il n'est pas tard.

"Tu dois te reposer. Demain, c'est le concours des M.D.S."

"Quoi ? De quoi tu parles ? "

"Le concours, M.D.S., c'est le sigle des Merveilleuses Déesses de Sylphides."


Bien évidemment que je connais la date du concours, mais je ne connaissais pas son nom. Demain sera donc la conclusion de tout ce temps d’entraînement, de toutes les transformations que j'ai subies. Demain, je serai adorée ou rejetée. Mon avenir sur l'île des Sylphides va se jouer demain.


Je suis couchée avec mon terrible corset à vingt heures trente... Comment dormir, il fait encore jour et l’excitation du concours ne m'aide pas ? Les "Merveilleuses Déesses de Sylphides" tout un programme. Difficile de m'imaginer être "Merveilleuse" et "Déesse" ou peut-être une poupée, une chose délicieusement décorative qui me fascine et m’effraye également. Une nuit indécise, ou je me rappelle ma situation à Paris. Les nuits froides sur un banc public, sous un porche. Et cette maison de poupée, confortable, très belle, mais le sentiment d'être un objet luxueux. Un objet que l'on est fière d’exhiber. Un objet bien entretenu, propre, maquillé, coiffé, parfumé, bien habillé, bien décoré, à la silhouette étonnante. Une œuvre d'art dont on est fiers de posséder la plus belle... Et que l'on enferme dans une jolie cage.


Le matin se lève, Mademoiselle Estelle entre et me prépare pour ma toilette. Le délaçage de mon corset est toujours un peu ambigu, j'aime retrouver une liberté, la fraîcheur de l'air sur mon ventre libéré, mais j'aime moins les fourmillements, les douleurs quand le corset se desserre. Mademoiselle Sophie entre dans la maison de poupée. Elle me surprend nue, attachée, suspendue à la table à corseter. Estelle vient juste de terminer ma toilette, et s’apprête à m’agrafer mon corset. Elle est suivie de Coralie, qui porte une boite assez longue.

"Bien ! " Dit Sophie. "J’arrive au bon moment. Mademoiselle Coralie apporte le corset qui doit être porté pour le concours."

Coralie s'approche avec sa boîte. "Ne crains rien ma douce Gwendoline, ce corset à le même tour de taille que celui que tu portes depuis trois semaines. Il est juste beaucoup plus luxueux, plus richement décoré."

Coralie sort de la boite le corset et le déroule devant moi. Il est de soie blanche avec des moirages délicats, mais surtout richement brodés de fil d'or. Des broderies inspirées de végétaux, de lianes. Une harmonie de blancs délicats et d'arabesques dorées. Je n'avais jamais vu un tel luxe dans les broderies. Coralie s'approche avec ce corset. Il n'a pas de busc avec des agrafes, le plastron est d'une seule pièce, très décoré et très rigide. Coralie doit défaire les lacets pour m'enfiler le corset, ensuite, elle remet en place les lacets dans mon dos et fait un premier serrage doux, surtout destiné à bien placer le corset à la bonne hauteur.


"Le plastron ne peut pas s'ouvrir, il est fait d'une plaque d'acier forgé d'après un moulage de ton buste. Il fait toute la hauteur du corset, de la base de tes seins jusqu'à mi-cuisses. Il est d'une seule pièce, parfaitement rigide."


Le pire est à venir, Estelle bascule la table à corseter. Je crains le serrage qui va suivre. La bascule me suspend par les pieds, la tête en bas. Estelle accroche les lacets du corset au treuil, et entreprend de me serrer sans attendre. Mon ventre est plaqué durement contre la table, mon dos se creuse douloureusement au fur et à mesure que ma taille se rétrécit de force.

Ma position tête en bas est très inconfortable, mais ce n'est rien par rapport à ma taille qui se réduit rapidement, impitoyablement. J’étouffe, c'est une sensation pénible que je connais bien. Inutile de supplier, ma taille continue de se réduire. Heureusement, que Mademoiselle Coralie ordonne à Estelle de faire une pause.

Je suis à bout, horriblement comprimée. J'essaye de reprendre un peu de souffle, mais chaque inspiration est douloureuse, très limitée. J'ai peur d'étouffer, de ne pas réussir à respirer un peu plus, juste un peu pour ne pas m'évanouir. Quelques minutes de répits, ou je dois lutter contre le corset à chaque inspiration.


Mademoiselle Coralie mesure mon tour de taille et annonce !

"Presque 49 centimètres". Elle me caresse les cheveux.

"Courage ma jolie poupée, un peu plus d'un centimètre et tu feras les quarante-huit centimètres exigés. Estelle ! Voulez vous continuer de serrer son corset."

"Oui Mademoiselle, avec plaisir." Un plaisir qui n'est pas partagé. Estelle tourne le treuil, et la pression augmente. Je ne peux rien contrôler, je subis. Mon ventre durci sous la pression du corset, mon souffle encore plus réduit. Je me sens mal "Hoooo ", c'est comme une langueur, une faiblesse qui m’envahit. La douleur irradie de mon pauvre ventre, mes forces me quittent. Envie de lâcher... de ne plus bouger... La table se redresse, je suis couchée, coupée en deux par le corset. Je sens l'air froid sur mes cuisses, et paradoxalement, j'ai très chaud sur le haut de mon corps. La doctoresse m'ausculte. Elle réfléchit longuement avant de s'adresser à Mademoiselle Sophie qui supervise les opérations.


"Mademoiselle Sophie, c'est très limite. Gwendoline semble tenir, j’espère que l'on n'a pas dépassé ces capacités de résistance."

Coralie intervient. "Doctoresse, il ne faut pas la desserrer. Les deux bords du corset doivent rester fermés sur toute la longueur. Pouvez-vous l'aider à garder son corset aussi serré."

"Non, je ne peux rien faire, si ce n'est lui recommander du repos à l'horizontale, et sous surveillance. Tout dépend de sa capacité à tenir avec un corset aussi serré. Mais je ne suis pas trop inquiète, cela fait un moment qu'elle porte un corset serré à quarante-huit centimètres. Je pense que c'est la cambrure plus forte et la plus grande rigidité qui augmente son malaise."


Je vais devoir supporter ce corset, sans aucun soulagement. Je commence à comprendre mon rôle de poupée. Personne ne m'adresse la parole. On parle de moi comme si je n'existais pas. Je suis un objet, une poupée que l'on peut modeler, un joli objet décoratif...


Je passe la matinée allongée sur la table à corseter.

Il est midi passé, Estelle redresse la table. Je suis debout, perchée sur mes hauts talons. Elle me guide vers ma chaise aménagée. Je ne peux pas m’asseoir avec mon corset trop long, trop rigide. Estelle m'aide à m'agenouiller sur la chaise spéciale.


"La doctoresse pense que tu ne devrais pas manger normalement, seulement prendre des aliments liquides. Ils sont plus concentrés, et te permettrons de te nourrir avec moins de volume dans ton estomac."

J'en suis à ce point. Depuis le début de mon entraînement, Mademoiselle Coralie m'avait conseillé de faire plus de petits repas, pour limiter la pression sur mon estomac. Maintenant, je passe une étape supplémentaire, je passe aux aliments liquides, en petits volumes.


Mademoiselle Coralie entre dans la chambre, elle est suivie d'une servante qui pousse une grande malle sur roulette. Mademoiselle Coralie dirige les opérations.

"Nous avons cette après-midi pour faire de Gwendoline une merveilleuse poupée. Elle doit être spectaculaire, élégante, féerique, bref, elle doit être exceptionnelle."

Mademoiselle Coralie donne ces ordres, organise tout, comme un général avant la bataille.


"Estelle, vous commencez par la teinture de ses cheveux. Ils doivent être d'un blond doré, parfait de la racine jusqu'aux pointes. Ensuite, vous leur ferez un soin pour préparer sa coiffure."

"Mademoiselle, son masque, "

"Oui, bien sûr, j'ai la clef, mais pas de commentaire. Gwendoline ne doit rien savoir sur son visage."


J'étais encore sur ma chaise spéciale à genoux. Une chaise avec des roulettes. Coralie m'enlève mon masque et Estelle me pousse devant la coiffeuse, et entreprend de faire ma teinture. J'aurais bien aimé me voir, mais tous les miroirs ont été démontés. Je n'ai pas pu apercevoir mon visage depuis la première intervention de chirurgie esthétique. Estelle profite du temps de pose de la teinture, pour me faire un soin du visage. En même temps, la demoiselle qui a apporté la malle, me fait des soins de manucure. Les mains et ensuite mes ongles de pieds, qu'elle vernit en blanc très brillant.

Et elle se retourne vers Mademoiselle Coralie.

"Mademoiselle, j'ai terminé mes soins. Je poserais des faux ongles pendant que Mademoiselle Estelle la maquillera."

"Très bien." Dit Coralie."Il est temps de s’occuper de ses sous-vêtements. Estelle, voulez vous aider notre future poupée à se lever, que l'on puisse lui enfiler des bas et des chaussures."


Estelle m'aide à me lever. La tête me tourne un peu. Mon équilibre est instable. Je suis debout, mais sans chaussure, ce qui est devenu pour moi inhabituelle. Elle me présente une paire de bas luxueux de soie blanche, finement brodée sur les cotés de fils d'or, ainsi que le haut des bas. Ils me serrent doucement les jambes. Estelle doit les tendre fortement pour les accrocher à mes jarretelles. C'est tendu et serré. Ensuite les chaussures. Je n'avais jamais vu de telles chaussures. Soie blanche, brodée de perles blanches avec des fils d'or, et surtout de très hauts talons qui imposent une très forte cambrure des pieds. Des talons simples, de formes très classiques, hauts et effilés, tout en or. Je suis perchée sur plus de douze centimètres de talons d'or.

Comment protester contre des talons trop hauts, mais si extraordinaires, tellement luxueux ? Mes pieds disent pitié, et mes yeux sont émerveillés... Je me sens bien dans ces chaussures de princesse. J'aime la tension de mes chevilles, presque douloureuse et la cambrure de mes pieds. J'aime me sentir grandie grâce à ses talons si hauts, si élégants. J'aime marcher sur la pointe des pieds, à petits pas, même si cela me demande une concentration de chaque instant pour rester élégante, légère et aérienne sur de fins talons, des talons en or massif.


Estelle me présente un pantalon de dentelle ouvert. Un accessoire que portaient les dames en 1900, tout en dentelles et petits volants, faisant du volume vaporeux autour de mes hanches.

"Tu ne porteras pas de cache-corset ni de chemise, ni de bustier." Dit Coralie. "Je veux que ton corset soit apparent. Il te servira de bustier avec un grand décolleté, épaules nues ainsi que le haut de tes seins. Le décor du plastron de ton corset est exceptionnel. Ce serait dommage de le cacher."


Je n'ai jamais porté de robe avec les épaules nues. En fait, je porte des robes depuis très peu de temps et elles me couvraient toujours le haut du buste. Je me rends compte que mes seins seront bien visibles. Je n'avais pas imaginé que j'aurais de la pudeur, de la honte à montrer mes seins. Mon horrible corset les présente de manière provocantes, très gonflés, rehaussés très hauts. J’exhibe une très belle poitrine, douce et généreuse. Je me sens nue, comme offerte...


Estelle me passe un premier jupon, assez simple, bien qu'ayant de nombreux volants. Il est étroit et court. Il ne descend pas plus bas que mes genoux. Je suis surprise. Les jupons que je porte depuis mon installation dans la maison de poupée descendent tous jusqu'au sol. Il est fixé au corset, comme mon pantalon de dentelle, un peu en dessous de ma taille corsetée.

Un deuxième jupon différent, plus richement brodé, toujours avec beaucoup de volants. Des volants à l’extérieur du jupon, mais aussi à l'intérieur... Sa coupe est particulière, très courte derrière, et devant, il descend jusqu'au sol.


Estelle sort de la malle, un assemblage de courroies et de cerceaux. La tournure. Elle l'attache à ma taille, et l'ajuste sur mes fesses. Elle est grande, volumineuse, large et surtout étendue en arrière. Elle s’arrête aux niveaux de mes genoux, et me fait un "arrière-train" immense. En plus de la fixation à la taille, il y a des sangles qui fixe la tournure à mi-cuisse et aux genoux. Ces sangles me brident encore plus les jambes. Il m'est impossible d'écarter mes cuisses. Mais apparemment, ce n'est pas suffisant, Estelle introduit dans la tournure un coussin, un rembourrage qui la remplit complètement.

"Comme de toute façon, tu ne peux pas t'asseoir, je préfère placer ce rembourrage pour que la tournure ne se déforme pas sous le poids de la robe."


Par-dessus, le troisième jupon, plus large, long devant et court derrière. Le bord est fait de volants en tulle très denses, aux multiples arabesques. Il descend un peu plus bas que ma tournure et la cache complètement. Je perçois les jupons qui me caressent les jambes, sauf derrière ou au contraire, je sens l'air frais sur mes chevilles.


C'est étrange, ce volume que je traîne derrière moi, le poids qui me déséquilibre, m'oblige à me pencher légèrement en avant. Avec la cambrure que le corset m'impose, j'ai l'impression d'offrir au regard ma poitrine de femme. Mes seins relevés, comme présentés sur un plateau. Une invitation que je ne veux pas faire.

Je ressens autour de moi, le désir de toucher, caresser ses seins si bien offerts. Je me sens nue... impudique.


Mademoiselle Coralie s'approche, m'inspecte, me regarde de si prêt que j'en rougis.

"Cette poitrine est superbe, on a envie de l'embrasser." Je rougis encore plus.

"Avant de te faire porter la robe, Estelle va te coiffer et te maquiller. Pour cela, tu dois te mettre à genoux sur ta chaise spéciale. Tu comprends que les chaises normales te sont interdites pendant cette soirée, avec ta robe, tu devras rester debout. Pas question de froisser la robe en essayant de te reposer. "


Estelle, sur les ordres de Mademoiselle Coralie, me conduit vers la coiffeuse, et m'aide à m'agenouiller sur la chaise spéciale. Je suis à bonne hauteur pour qu'elle me coiffe et me maquille. C'est long, très long. Elle commence par la coiffure, et me fait un chignon haut en utilisant un postiche pour gonfler ma coiffure.

"Je te fais un haut chignon, en disposant tes cheveux bouclés en arrière. Cette coiffure doit bien dégager ta nuque, pour mettre en valeur tes épaules nues. Elle doit être d'un bon volume pour équilibrer la largeur de la robe que tu vas porter."

Elle me tire les cheveux vers le haut. Je ne peux pas voir ce qu'elle me fait, juste ressentir les coups de peigne et la masse de mes cheveux rassemblés en haut de ma tête.

Estelle s’assied en face de moi, et entreprend de me maquiller. Fond de teint, du moins je le suppose. Elle l’applique sur mon visage, avec mes yeux fermés. Mais aussi sur mes épaules, et même ma poitrine. Elle passe beaucoup de temps pour me maquiller les yeux. Une première pour moi, la pose de faux cils. J'ai peur de la pince qui s'approche de mes yeux pour coller les faux cils. Estelle est experte, tout se passe bien. Mais que c'est long. Je ne suis pas habituée à porter des faux cils. C'est une gène qui me fait cligner des yeux.

Le rouge à lèvre. Pas en un seul geste, non, elle utilise un fin pinceau en commençant par le tour de mes lèvres et ensuite elle me peint les lèvres, et me fait de multiples retouches.


Estelle prend un flacon de parfum équipé d'une poire. Elle m'inonde de parfum. Ma coiffure, mais aussi ma poitrine. Je suis tellement parfumée, que je ne risque pas de passer inaperçue.

"Bien ma belle, j'en ai terminé avec toi. Je te ferais quelques retouches quand tu porteras ta robe. Mais avant, on va te poser des ongles pour te faire de jolie mains."

Les ongles sont posés. Ils sont assez longs, blancs et décorés à l'or fin.

"Une dernière étape, quelques retouches de maquillage et de coiffure et tu seras prête." Dit Coralie. " Venez m'aider pour la robe."


Elles sortent la robe de la grande malle. Je dois placer mes bras en hauteur. Elles doivent s'y prendre à trois pour tenir la robe, sans déranger ma coiffure, elles la font passer par-dessus ma tête, pour la positionner au niveau de ma taille.

Il n'y a pas de bustier, c'est mon corset qui fait office de bustier. La robe est ample de même style que le corset, soie blanche richement brodée de fils d'or et de perles. Elle descend devant très bas, à l'arrière, elle suit la courbe de ma tournure.

Elle reste relevée en arrière, découvrant mes jupons, et mes jambes. Par-dessus, elles me font porter une deuxième robe, mais légère, faite de dentelles roses très ajourées. L'arrière relevé comme la robe de base, mais avec un foisonnement de froufrous tout en dentelles roses.


Mademoiselle Coralie apporte une boite décorée d'une rose en marqueterie de bois précieux.

"J'espère que tu aimes les Saphirs roses."

Elle l'ouvre et en sort une paire de boucles d'oreilles. Elles sont longues, faites de trois chaînettes au bout desquelles sont serties des pierres roses, trois bouquets de fleurs fait de pierres roses à trois hauteurs différentes, la plus basses frôle mes épaules.


Ensuite, un collier assorti. Il est au raz du coup, et très haut. C'est des entrelacs de branches d'or qui me couvre toute la hauteur du cou. Du bas de ce collier assez serré, partent trois bouquets de roses d'or serti de Saphirs roses.

"Parfait ! " Dit Coralie.


"Et maintenant pour tes mains des bijoux fait spécialement pour toi."

Elle sort des bagues elles aussi serties de Saphirs roses, mais elles sont... pas ordinaires. Le décor sur le dessus est du même style que le collier, entrelacs d'or et pierres roses. Mais il y a trois bagues, très longues, et attachées ensemble avec une tige en dessous qui se prolonge. Je ne comprends pas.

"Veux-tu tendre bien droit, les doigts de ta main, l'index, le majeur et l'annulaire ?"

Coralie enfile le bijou sur mes trois doigts tendus. Elle pousse le bijou à fond et je sens la tige dessous prendre appui sur le creux de ma main. Les deux premières phalanges de mes doigts sont prises par les bagues. Je ne peux plus plier mes doigts, ils doivent rester tendus. Coralie me fait porter le même bijou sur l'autre main. C'est sans doute très luxueux, mais il m'est impossible de me servir de mes mains.

Je me rappelle que Mademoiselle Sophie avait exigé que j'aie les mains attachées en permanence, de sorte à m'habituer à ne plus m'en servir.


Mademoiselle Coralie sort deux bracelets du même style, entrelacs d'or et pierre rose. De chaque bracelet, part une petite chaînette terminée par une bague. Je dois passer mon petit doigt dans la bague, ensuite elle fixe le bracelet à mon poignet, ce qui tire sur la bague de mon petit doigt, le forçant à se tenir très relevé, et entraînant ma main en arrière. La posture de mes mains est très artificielle et la tension sur mes poignets et mes petits doigts, est très forte. Avec ces bijoux spéciaux, je ne peux plus rien faire de mes mains, juste garder une posture élégante et contrainte.


Nouvelle inspection de Mademoiselle Coralie. Elle me fait un grand sourire, me semble satisfaite du travail d'Estelle et des bijoux qu'elle me fait porter. Mademoiselle Coralie s'approche d'Estelle, l'embrasse et lui chuchote à l'oreille. Elles semblent toutes les deux très heureuses.

Estelle et Coralie s'embrassent sur la bouche, un baiser plus intense que le bisou de deux copines. Je les sens soulagées et heureuses. C'est un plaisir de les voir si tendrement enlacées.


J'aimerais tan me voir dans un grand miroir, voir mon visage, la silhouette que m'imposent mon corset et cette merveilleuse robe. Ce que j'en voie est déjà extraordinaire, l'effet de ces dentelles délicates qui laissent voir la robe de soie brodée est une merveille. L'ensemble m'entoure de dentelles roses et de broderies d'or. Je voudrais voir aussi les dentelles de mes jupons qui doivent sûrement apparaître derrière moi, mais que je ne peux pas les apercevoir.


Mademoiselle Coralie me prend la main droite, et Estelle la gauche.

"On va faire quelques pas lentement. Juste le tour de la pièce, que tu prennes la mesure de l'ampleur de ta robe."

Elles me guident, me soutiennent pour ces quelques pas.

"Très bien, souviens toi en permanence de marcher lentement et à touts petits pas. Estelle et moi, nous allons te conduire dans le théâtre du château, ou va se dérouler le concours."


On sort de la chambre et elles me font emprunter un long couloir. Je marche lentement. A chaque pas, je sens la tension de mes chevilles imposées par la hauteur de mes talons d'or. Chaque pas fait bouger ma tournure, et je dois compenser le balancement de mes robes qui m'oblige à une marche particulière.

Mademoiselle Coralie me conseille sur la façon de marcher. Je me rappelle les leçons de marche élégante. Elles me sont utiles, mais je dois me réadapter en fonction du poids de ma robe, de ma tournure si volumineuse et bien sûr de mon corset qui me cambre fortement, qui bloque tout mouvements de mon buste et de mes cuisses.

Je suis consciente que je porte une robe d’exception, ce qui me motive pour me déplacer avec élégance, comme une reine, une reine de beauté. Je veux vraiment être la plus belle, la plus élégante, la plus luxueuse des poupées...

Je deviens folle... mais j'adore... J'aime tellement les femmes, leur élégance, leur beauté, que j'accepte de devenir... d'être extrêmement féminine.




XXV - Le concours des M.D.S.


On sort du couloir, pour un autre couloir moins éclairé, moins décoré. On entre dans un lieu sombre. Estelle me fait signe que je ne dois pas parler. Elle me conduit entre deux panneaux de décor de théâtre. Je suis cachée dans l'ombre, mais je peux voir la scène et le premier rang des spectatrices. Estelle me dit tout bas.

"Personne ne doit te voir avant ton entrée sur la scène."


La présentatrice ouvre le concours avec ces recommandations. "Mesdames Mademoiselle, vous avez une brochure décrivant le parcours de chaque candidate, ainsi que des photos avant et pendant leurs transformations. Elles sont projetées sur l'écran en fond de scène. Je vous rappelle que les points sont donnés sur la présentation, l'élégance, la beauté des poupées candidates, mais aussi sur leurs parcours. Une note plus forte sera donnée à une candidate dont la transformation sera la plus spectaculaire. Transformer un laideron en princesse rapporte plus de points que choisir une belle fille qui ne demande pas d'effort pour être belle."

"La première concurrente va passer devant nous, ne te montre pas."


La présentatrice annonce qu'il y a quatre concurrentes et présente la première candidate qui s'avance sur la scène.

Elle est grande, et porte une robe du soir longue, toute en bleu sombre brodée de noir. La robe monte jusqu'au cou par-devant et laisse le dos nu. Il y a un détail étrange, quoique ici ce n'est peut-être pas si étrange que cela. Elle porte un seul gant du même bleu que sa robe, avec ses deux bras dans le même gant, serré l'un contre l'autre dans le dos. Elle se déplace sur la scène très naturellement, comme si avoir les bras attachés dans le dos est naturel.

La présentatrice salue la candidate qui sort de scène, et annonce que la deuxième candidate a abandonné. Sa propriétaire déclare "Forfait".


"Et maintenant je vous présente la candidate de Madame Mélusine." Estelle me dit tout bas.

"C'est la rivale de Mademoiselle Sophie, elle est dangereuse, et a tout fait pour gagner le concours. Je pense que le concours sera un duel entre toi et la poupée de Madame Mélusine. Je suis certaine que le forfait de la deuxième candidate est un coup tordu de Mélusine."


La candidate de Madame Mélusine passe devant moi, sans me voir. Elle entre sur la scène, majestueuse. Elle est très belle, avec un regard un peu triste. Elle marche lentement, les bras écartés, posés sur sa grande crinoline qui se balance doucement. Le luxe de cette crinoline est extraordinaire. Couleur rouge sombre, avec de multiples volants frangés de dentelles noirs. Ces bijoux sont d'un luxe extrême, or et diamant qui brille sur sa gorge nue et ses bras. Grand décolleté très classique. Coiffure haute, très lissée et rehaussée d'un diadème de princesse ou brille une multitude de diamants. Elle est impressionnante et son entrée sur scène très applaudie. Elle en fait le tour avec beaucoup de grâce.


Pendant la prestation de ma rivale, un mot est donné à la présentatrice. Je sens comme un flottement. La candidate de Madame Mélusine sort de scène sous des applaudissements enthousiastes. Je dois reconnaître que sa prestation est très réussie. Mademoiselle Sophie, nous rejoint dans les coulisses. Mais que se passe-t-il. La présentatrice prend la parole visiblement très gênée "Mesdames Mesdemoiselles, un rectificatif avant de vous présenter la candidate de Mademoiselle Sophie..."


Mademoiselle Sophie est devant moi, dans les coulisses au lieu d'être dans la salle.

"Gwendoline, il y a un changement dans ta présentation." Me dit Sophie.


La présentatrice continue. "Le forfait de la candidate de mademoiselle Ethel est en fait une erreur. Veuillez..."


"Gwendoline, écoutez moi ! Quand la présentatrice vous appellera, vous entrerez sur la scène très lentement. En face de vous, une autre candidate entrera en même temps. Elle portera la même robe que vous et la même coiffure. Vous devez vous rejoindre au centre de la scène. Arrivées au centre, vous devez lui prendre la main et l'embrasser sur la joue. Ensuite, faites face au public et avancez vous sur le podium, devant la scène et saluez."

"Oui Mademoiselle, qui est l'autre candidate, je la connais ? "

"Faite exactement ce que je vous dis, je n'ai pas le temps, je dois retourner dans la salle."


Et Mademoiselle Sophie part vite à petit pas rapide.

Pas le temps de réfléchir, la présentatrice appelle les candidates des Demoiselles Ethel et Sophie. Estelle m'accompagne sur le seuil de la scène et me pousse doucement vers les lumières. Je m'avance, à petits pas, Bien poser le pied cambré par le talon, contrôler ma respiration, mon équilibre.

Ma robe fait de jolis mouvements que je dois gérer avec grâce. Marcher la tête haute, le buste forcément droit. Mes bras sont libres, mais pas mes mains contraintes dans une posture de danseuses indienne. La main cambrée, le petit doigt relevé.

En face de moi, une jeune fille portant la même robe s'avance très lentement. Elle porte un chignon haut, avec des cheveux blonds bouclés en arrière. De plus prêt, elle semble aussi grande que moi, et avoir une taille de guêpe aussi étroite que la mienne.

On s'approche lentement l'une de l'autre. Elle est vraiment très belle, plus que cela, merveilleuse. Son regard profond ne me quitte pas. Il est intense, lumineux, de grands yeux avec des cils qui papillonnent, qui me fascine. Une bouche délicate, douce, bien dessinée. Une bouche qui m’appelle, m'invite. Un teint délicieusement pâle, délicatement rehaussé de rose tendre sur les pommettes.

Je suis subjuguée par ce visage dans lequel je trouve de la beauté et de l'attirance de la douceur comme une invitation et ce désir dans les yeux, ce sourire accueillant, complice.

Je ne sais comment nos mains se touchent, sans pouvoir se serrer. Elle porte aussi les mêmes bijoux et aussi ces bagues qui nous interdisent d'utiliser nos doigts, de nous serrer les mains. Je l'embrasse délicatement sur la joue, nous nous embrassons. Je suis émue, elle aussi, son sourire radieux me le dit. "Comme tu es belle. ", c'est idiot, je perds tous mes moyens. Inutile de dire, de mettre des mots, nos regards suffisent. On s'approche encore, plus près. Nos parfums se mêlent, nos lèvres se rapprochent, se joignent tendrement, doucement, avec passion.

De la salle, monte une clameur des applaudissements. On s'embrasse encore, et encore.


Je suis amoureuse, elle est tellement belle attirante. Les bruits de la salle montent plus fort. Nos lèvres se séparent, très peu, juste pour se regarder s'admirer. Juste par une sorte de politesse, montrer au public nos visages rayonnants. On s'avance lentement, l'une contre l'autre vers le public sur l'estrade. Il y a comme une accalmie, des exclamations de surprise.

On s'approche encore. Un mélange de paroles et d'onomatopées fusent dans tous les sens. Maintenant, on est tout près, tout le monde peut nous voir, nous détailler, et de nouvelles exclamations, des bravos, des applaudissements encore plus forts plus passionnés, une ovation incroyable nous surprend.

On est toutes les deux très surprises. Presque peur quand tout le public se lève et nous acclame debout, encore plus. On se regarde, ahuries, entre le sourire et la surprise. L'ovation dure, l’enthousiasme ne faiblit pas. Au bout d'un long moment, l'animatrice nous rejoint sur l'estrade. Il lui faut du temps pour se faire entendre.

"Mesdames, Mesdemoiselles... Je voudrais... Mesdames, Mesdemoiselles... Merci pour vos applaudissements..."

Le calme revient. Je regarde ma compagne. Elle est fantastique, je l'adore, et je ne connais même pas son nom. Nos regards ne peuvent se détacher. De grands yeux bleus, maquillés comme pour une soirée, très sombres, très sophistiqués. Des yeux magiques, qui m’impressionnent.

Je la regarde intensément comme elle me regarde avec la même passion. La présentatrice nous fait face, elle a réussi à obtenir le silence, et elle dit dans le micro. "Mesdemoiselles, je sais que vous ne vous êtes jamais vue durant votre entraînement. Derrière vous, il y a un grand écran et en ce moment, vous êtes filmées en gros plan. Retournez-vous et regardez !"

Le ton solennel est inquiétant. On se retourne toutes les deux, pour voir nos visages en gros plans sur le grand écran. Je ne me sens pas bien. Sur l'écran, deux jeunes filles très maquillées, très belles, deux jeunes filles parfaitement identiques...


Je suis amoureuse d'une fille qui a le même visage que moi, la même taille, la même robe, la même coiffure, le même corset. Tout est parfaitement identique. Je suis prise d'un vertige. La présentatrice se précipite pour me soutenir, mais ma compagne a aussi un malaise, elle chancelle et est rattrapée de justesse par une dame du théâtre.

Je regarde ma compagne, elle me fascine, mais je sais maintenant que je suis comme une sœur jumelle. Je suis troublée, fascinée par cette situation étrange. Je suis amoureuse d'une très jolie femme qui en fait, est mon double, ma jumelle. Je la regarde comme je me regarderais dans un miroir. C'est impossible, je ne peux pas être aussi belle qu'elle, que moi... et elle, je la sens fascinée par moi qui suis elle...


Mesdemoiselles Sophie et Ethel montent sur la scène. Elles nous encadrent, on fait face au public. Mademoiselle Sophie dit "Je vous présente ma poupée Gwendoline." Mademoiselle Ethel enchaîne. "Je vous présente ma poupée Gwendeline."


Même nos noms sont semblables. Je fais face à Gwendeline. Spontanément, nous faisons une révérence un peu raide, sans fléchir le buste. On s'approche et sans rien demander à nos Maîtresses, on s'embrasse tendrement. Les applaudissements reprennent durant tout notre long baisé.




XXVI - Le bal des M.D.S.


Mademoiselle Sophie avait prévu une réception, clôturant le concours des "Merveilleuses Déesses de Sylphides" Toutes les femmes d'importance de l'île sont présentes, sauf bien sûr Madame Mélusine, la rivale de Sophie, et grande perdante du concours.


Mademoiselle Sophie nous accompagne vers la salle de bal. Gwendeline à sa droite et moi à sa gauche. Nos robes sont très volumineuses, mais heureusement, les couloirs suffisamment large pour nous permettre de marcher lentement aux côtés de Mademoiselle Sophie.


Au-dessus de l'entrée de la salle de bal, une pancarte, entourée de fleurs, des roses pales, des lys blancs sur fond de fougères. Sur la pancarte, est marqué en grandes lettres "BAL des M.D.S." avec en dessous "Merveilleuses Déesses de Sylphides."


La réception est fastueuse, et avait probablement été préparée de longue date. Mademoiselle Sophie a dû être certaine de son succès, depuis longtemps. Il est vrai que présenter deux poupées jumelles, parfaitement identiques, en partant d'une jeune fille et d'un jeune homme est un véritable coup de génie et aussi un exploit à peine croyable.


J'ai beaucoup de difficultés de croire que je suis devenue une très jolie fille, que je ressemble exactement à Gwendeline. Elle est si belle dans sa large robe, si parfaitement maquillée. Son visage de poupée ultra féminin, encadré par une coiffure volumineuse, toute en courbes douces d'un blond doré.

Je suis amoureux, amoureuse d'elle. Je ne réalise pas bien que je m’appelle dorénavant Gwendoline, et que je suis la copie exacte de Gwendeline. Que je suis maquillée comme elle, coiffée comme elle, que je porte la même robe à crinoline, les mêmes chaussures aux talons d'or et le même corset atrocement serré. Mais, au-delà des apparences, des artifices du maquillage et de porter les mêmes robes, les mêmes accessoires, nos ressemblances sont plus profondes, jusque dans nos chaires.

On a la même poitrine, et sans maquillage, on a le même visage. En fait, c'est une évidence, on est toutes les deux le chef d’œuvre de la chirurgienne, mademoiselle Claude. C'est elle qui nous a transformées en poupée jumelle. Je me rappelle les épreuves que j'ai traversées, que j'ai accepté une à une. Gwendeline et moi, nous sommes le résultat terrible et merveilleux du projet étrange de Mademoiselle Sophie et de son amie chirurgienne.


Une dame élégante s’approche, elle parle directement à Mademoiselle Sophie et lui demande si elle peut danser avec une de ces poupées. "Ho, mais oui ma chère, prenez celle-ci. " Dit Sophie en me désignant. La dame élégante me prend par le poignet et m’entraîne dans la salle. Elle me fait danser en approchant d'un autre couple. "Bonjour, mes chéries. Regardez, mademoiselle Sophie m'a prêtée une de ces deux poupées. N'est-elle pas adorable ? "


Elle me fait faire le tour de la salle de danse. Je peux à peine la suivre en dansant et en se déplaçant de couple en couple. Le tour de ses amies terminé, elle me plante là, sans un mot, sans un regard. Je cherche à rejoindre Mademoiselle Sophie, elle est assez loin.

Plus près, je vois Gwendeline qui est entraînée par une autre dame vers un petit groupe. Je m’approche d'elles. J’entends les conversations au sujet des poupées de Sophie. Elles en parlent avec beaucoup de passion, mais elle ne parle pas vraiment de nous, elles parlent de jolies choses, d'objets de collection et de prestige. Il y a même une réflexion sur le prix que peut bien coûter une poupée aussi luxueuse.


Il est tard, près de 3 heures du matin et la fête se termine. Je me rends compte que je n'ai pas vu passer le temps. Et que je n’ai parlé à personne. Que j'ai vu beaucoup de visages furtifs, qui nous regardent intensément, sans nous parler.

Gwendoline et moi, on se tient par la main, de peur d'être séparée dans cette foule qui se retire lentement. Je ne vois qu'elle. Elle est vraiment fascinante. Nous ne sommes pas dans la fête, on est en dehors, dans notre bulle, comme isolées de toutes ces invitées.


Quelqu’un nous parle, je n'entends rien. Elle insiste, c'est Estelle qui nous entraîne à l'écart, dans une autre pièce, plus calme. La soirée se termine, je suis heureuse, comblée et heureuse d'être ce que je suis, d'avoir rencontré ma jumelle, ma chère Gwendeline. Je me sens belle et amoureuse... un sentiment enivrant et délicieux.

Gwendeline me regarde, me désire... je la désire tellement. Nos regards intenses, nous réunissent dans un même élan. Un lien fort est noué, il nous attache, nous enchaîne l'une à l'autre.


Nous sommes amoureuses, intensément amoureuses.



FIN . . .




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