Mademoiselle Sophie entre, presque par surprise. Elle se dirige directement vers Mademoiselle Céleste.
"Bonjour ma chérie, comment se comporte nos deux poupées ? "
"Bonjour Mademoiselle Sophie. Elles doivent faire des exercices de marche élégante, surtout heu... Désolée, je ne sais pas qui est Gwendoline et qui est Gwendeline. J'ai demandé à Mademoiselle Estelle, de leur faire faire un parcours d'entraînement deux fois par jour. Il faut vraiment qu'elles puissent se déplacer avec élégance malgré la hauteur des talons et la nature du terrain."
C'est toujours aussi bizarre pour moi d'être confondu avec Gwendeline. Elle est tellement extraordinaire. Je suis troublée que l'on me trouve aussi semblable qu'elle. Dans mon esprit, ce n'est pas normal. Pourtant, quand je me regarde dans un miroir, aux côtés de ma douce Gwendeline, je vois deux soeurs jumelles très belles, tellement attirantes.
Mademoiselle Sophie, leur dit :
"Parfait Mademoiselle Céleste, leur camériste s'en occupera. Estelle, faite déjeuner les poupées, ensuite séance d'essayage l'après-midi. Inutile de les changer, elles sont très bien en corset, body et escarpins. Pour leur premier entraînement, elles porteront une jupe légère par-dessus leur tenue actuelle, mais pour les suivants, vous prévoirez diverses robes, en commençant par des robes étroites, ensuite avec tournures et aussi avec des crinolines. Je veux qu'elles puissent porter des robes de différentes époques avec élégance, quelles que soient les contraintes de ces habits."
Gwendeline me regarde avec compassion. Elle a probablement compris que ces entraînements seront difficiles, surtout pour moi qui suis moins habile avec les talons hauts.
"Estelle, après le déjeuner des poupées, vous les accompagnerez dans le salon d'essayage."
"Oui Mademoiselle Sophie."
Le salon d'essayage est situé dans l'aile nord du château. On doit suivre Estelle qui marche trop vite pour moi. Gwendeline suit sans problème. Je vais devoir m'entraîner plus sérieusement. Je pense que je ne porterais plus jamais des chaussures avec des talons moins hauts.
Je suis à bout de souffle quand on entre dans le salon d'essayage. Heureusement, j'ai réussi à ne pas me tordre la cheville et de ne pas tomber.
Gwendeline et moi, nous sommes encore en tenue pour la danse, avec ce body qui colle au corps et ne cache rien.
Mademoiselle Sophie nous attend, ainsi que mademoiselle Coralie, la corsetière du château. Il y a deux autres dames, qui nous regardent entrer derrière leurs machines à coudre.
Le salon est assez grand, bien que très encombré. Deux grandes tables recouvertes de robes étalées et de divers rouleaux de tissu. Trois dames derrière leur machine à coudre, des placards ouverts sur une multitude d'accessoires, de coupons de dentelles, de tissus soyeux, de rubans. Un placard est occupé uniquement par des chaussures. Elles sont de toute forme et couleurs. Cela va des escarpins qui découvrent le pied, jusqu'aux longues bottes lacées qui recouvrent les jambes très hautes. Les talons, ont une multitude de formes, étroits ou larges, avec semelles compensées, découpées, de formes parfois bizarres, cambrées, ou droits. Une multitude de chaussures, mais qui ont toutes un point commun, la hauteur invraisemblable des talons.
Dans un angle de la pièce, un espace occupé par des mannequins sur pied. Deux portent un corset long, le troisième un cerceau de crinoline et le quatrième une robe complète à tournure. Sur le côté un treuil fixé au mur avec sa manivelle. Le câble sortant du treuil part vers le plafond où je remarque la présence d'une barre de laçage que je redoute tellement.
"Estelle, vous allez aider Mademoiselle Coralie notre merveilleuse corsetière. Il faut les déshabiller et changer leurs corsets. Commencez par Gwendoline, s'il vous plaît."
"Venez ! " Me dit Estelle, qui m'entraîne vers la barre de laçage. Elle commence par m'enlever mon body.
"Les mains sur la barre Mademoiselle ! " J'attrape la barre et Estelle m'attache les poignets. Elle actionne le treuil, et me soulève suffisamment, pour que je ne puisse plus toucher le sol, de la pointe de mes pieds. Elle me déchausse, pour pouvoir enlever complètement mon body fait d'une seule pièce. Ensuite, elle délace mon corset. Je respire... J'étais tellement serrée. Si je pouvais rester allongée sans mon corset, juste quelques instants, sans être suspendue.
Mademoiselle Sophie dirige la séance d'essayage. Elle annonce à l'assemblée :
"Mademoiselle Coralie apportée le nouveau corset de Gwendoline. Il est ajusté à la robe qu'elle va essayer. A condition de faire joindre les deux bords du corset. Estelle, vous voudrez bien aider Coralie, merci."
Je devine que les essayages ne seront pas faciles. Le corset que Mademoiselle Coralie rapporte, me paraît être très long.
"Tenez vous droite, les jambes serrées ! "
Je ne vois pas ce que je peux faire d'autres en étant suspendue par les poignets. Estelle desserre les lacets pour élargir le corset au maximum, et le donne à Coralie, qui le plaque sur moi, dans le dos. Estelle placée devant, attrape les deux bords du busc et entreprend de les agrafer. Elle doit me soulever la poitrine de sorte que mes seins reposent sur le sommet du corset, sur deux petits balconnets très haut placés. En bas, il descend jusqu'à mi-cuisse. Je ne suis pas étonnée, le corset est très long. Il me serre déjà la taille avec les lacets complètement détendus. Coralie tend doucement les lacets, en haut du corset et en bas. Elle ne serre pas, ils sont juste légèrement tendus pour permettre de bien positionner le corset. Je sens son poids, sa rigidité. Pas étonnant, les baleines sont très larges, semble très épaisses et si nombreuse, qu'elles se touchent au niveau de la taille. Je sens que Coralie trifouille dans mon dos, et de suite, une forte compression de ma taille, et puis de mes hanches, encore ma taille qui se réduit et ma poitrine, et encore ma taille. Elle alterne les zones de serrage. Le corset devient de plus en plus pénible à supporter.
Coralie et Estelle font une pause. Mes cuisses sont comprimées, ma taille douloureuse, durcie comme du bois, ma poitrine compressée au point d'étouffer. Avec mes bras tendus par la barre de laçage, il m'est très difficile de respirer. Estelle se rend compte de mes difficultés.
"Je vais te soulager un peu." Et elle actionne le treuil, de sorte que je repose sur mes pieds. Je garde les bras en hauteur, mais heureusement sans la tension. Je peux respirer un peu plus facilement, par le haut de ma poitrine, mon ventre est bloqué par le corset.
La pause est courte, Coralie revient avec Estelle pour me serrer encore plus. Elles doivent tirer ensemble sur les lacets de toutes leurs forces pour gagner les derniers centimètres. Je sens cette terrible compression de ma poitrine jusqu'à mi-cuisse. J'étouffe, je suis trop serrée pour respirer. Ma taille est douloureuse et parfaitement rigide, immobilisée. La pression sur mes hanches me bloque les cuisses.
La barre est redescendue. Estelle me détache les mains pendant que Coralie m'aide à tenir debout. Je suis comme une statue perchée en haut de mes talons, bien droite, raide comme un piquet. Coralie me guide, mais comment marcher avec les cuisses immobilisées, genoux serrés l'un contre l'autre. Je suis guidée lentement vers une chaise haute. Je la regarde avec désespoirs. Coralie me dit :
"Non ma toute belle. Tu ne peux pas t'asseoir avec ce corset."
Elle me conduit derrière la chaise.
"Sers-toi de cette chaise pour tenir debout. Tiens-toi au dossier."
Je ne peux pas tenir en équilibre avec ce long corset, et sur la pointe des pieds. J'attrape le haut dossier pour me tenir, mais je n'ose pas me déplacer sans avoir un point d'appui. Coralie me laisse là, et se dirige vers Gwendeline.
"A ton tour, tu dois porter le même corset que ta soeur jumelle."
La mise en place et le serrage du corset de ma soeur est long, très long. Je dois rester immobile, sans bouger au bord du malaise, pendant que Gwendeline se fait comprimer, modeler dans son corset.
"Mademoiselle Sophie. Vos deux poupées sont prêtes pour l'essayage. Leurs corsets sont en place et bien serré."
"Merci Coralie. Très beau travail. La coupe de ces corsets est admirable. Avec la robe que j'ai prévue, leurs silhouettes doivent être parfaitement lisses, sans faux plis, de la poitrine jusqu'à mi-cuisse. Ces beaux corsets sont parfaits pour cela."
"Merci, mademoiselle, mon atelier de corseterie est très fiers de travailler pour vous. C'est un plaisir de façonner de véritables corsets, pour des silhouettes étonnantes. J'adore relever les défis que vous me soumettez et réaliser vos rêves les plus extravagants."
"J'ai d'autres projets, mais auparavant, finissons cet essayage. Voulez vous installer nos jolies poupées sur le podium d'essayage."
Mademoiselle Coralie, me prend en charge. Gwendeline est conduite par Estelle. Je ne savais pas ce que c'est un "Podium d'essayage." J'ai vite compris. Coralie me conduit vers le podium d'essayage, c'est comme une estrade basse et ronde. Il y a trois minuscules marches pour y monter, et sur le plateau deux barres verticales, deux colonnes minces de part et d'autre. Je monte avec difficulté les minuscules marches. Heureusement que Coralie me soutient. Je dois me placer au centre, et me tenir aux deux colonnes en écartant les bras.
La première étape consiste à me changer les bas et les chaussures. Les bas ont une longueur adaptée au corset, les chaussures sont de satin bleu, semelles compensées d'un centimètre et talons de treize centimètres. Très sobre, élégantes avec une cambrure du pied très forte, en fait pas plus que les dernières chaussures que je devais porter avec leurs talons de douze centimètres et qui m'obligeaient de marcher avec précaution à touts petits pas.
Une couturière s'approche avec un jupon. Il est orné de volants et de dentelles, mais est très court. Elle le fixe avec un lacet noué derrière sur le bas du corset. Comme il part du milieu de mes cuisses, sa longueur est suffisante pour qu'il s'étale sur le sol du podium. La couturière me demande de ne pas bouger de rester bien droite. Elle fixe des épingles sur le bas du jupon, pour l'ajuster au ras du sol.
"Voilà mademoiselle, le jupon est parfaitement ajusté pour des talons de treize centimètres."
Sa collègue lui donne un deuxième jupon, et encore un troisième plus long que les autres. Ils doivent tous être ajustés pour former une jolie courbe. C'est long, et je dois rester parfaitement droite. Mes pieds commencent à me faire mal. Cela fait presque une heure que je suis perchée sur treize centimètres de talon sans bouger.
Ensuite, c'est une chemise de dessous tout en dentelles blanches, et qui est ajusté serré contre mon corset par des lacets dans le dos. Cette chemise couvre à peine mes seins, me laissant les épaules nues. Elle descend jusqu'en bas du corset, tendue sur toute sa longueur, sans le moindre faux pli.
Suis le bustier de la robe. Ou plutôt un long fourreau étroit, lui aussi lacé dans le dos, et bien collé contre le corset. Il n'y a pas de manche, tout le haut est décolleté, ma poitrine exposée, relevée par le corset, présentée comme un cadeau... Ce fourreau descend lui aussi jusqu'à mi-cuisse. Il est en soie bleue, un bleu très lumineux et chatoyant. Simple mais incroyablement élégant, précieux par ces reflets moirés.
"Vous ne faites pas de retouche ?" Demande Mademoiselle Sophie.
"Ho non, mademoiselle, la robe a été ajustée sur le corset fermé. C'est son buste qui est modifié, modelé par le corset. À condition qu'il soit complètement serré bien sûr."
"Oui, bien évidemment." dit Mademoiselle Sophie en regardant Coralie avec un sourire complice.
La jupe de cette robe, de la même étoffe, est fixée par un large ruban et un grand noeud sur le côté. Elle s'étale avec une jolie courbe sur mes jupons qui lui donne un volume, un effet gonflé et souple. La soie bleue de la jupe, s'exprime d'une façon différente, avec plus de souplesse, et un beau mouvement quand Mademoiselle Sophie, me demande de bouger un peu sur mon podium.
Ce n'est pas terminé, on m'apporte des gants longs. Ils sont étroits et montent presque en haut de mes bras. Même soie bleue. Coralie serre une courroie en haut de chaque gant, relié au corset. Cela m'oblige de garder les bras collés contre mon corps. Je ne peux plus soulever ou écarter mes bras. La sangle de cuir est cachée par un ruban de soie et un grand noeud.
Coralie apporte les bijoux de poignets et des doigts, que j'avais portés durant le concours des poupées. Un bracelet d'or serré sur chaque poignet, et une série de bagues à chaque doigt, notamment le petit doigt tiré en arrière et attaché au bracelet par une chaînette. Ce qui m'oblige à garder la main relevée et le petit doigt tiré très en arrière. Les autres bagues me maintiennent les doigts rigides dans une posture élégante et pénible.
Je peux voir Gwendeline avec la même robe. Très élégante, un décolleté vertigineux, et une silhouette époustouflante. Quand on l'aide à descendre de son podium, sa robe semble vivante, mouvante autour d'elle. Un contraste impressionnant entre la souplesse de la robe et la rigidité du buste. Contraste entre cette robe bleu, qui semble présenter un buste à la poitrine offerte et au visage délicat, encadré par une coiffure très sophistiquée et volumineuse. J'ai l'impression que l'on expose une jolie tête, une belle coiffure, sur une poitrine opulente, présentée sur un piédestal de soie bleue. Je ne suis qu'une jolie poupée, sur son présentoir bleu, il ne manque que la boite avec un gros noeud.
Coralie et Estelle s'approchent et m'aident à descendre du podium d'essayage. Avec les cuisses serrées par le corset et mes talons, je ne pouvais pas descendre seul.
Une dame entre et parle à Mademoiselle Sophie, qui après quelque instant nous interpelle.
"Mes poupées, voulez vous marchez un peu, faite le tour de la pièce que l'on puisse voir comment vous portez cette robe fourreau." Avec Gwendeline, on fait le tour de la pièce, en marchant lentement. "Merci, mes jolies poupées, Madame Bertine va vous recoiffer, pendant que mademoiselle Estelle va vous trouver des chaussures mieux coordonnées avec votre robe. Satin bleu et pas de semelles compensées, mais talons aiguilles. Approchez et installez vous pour que Madame Bertine vous coiffe."
Avec Gwendeline, je marche à pas minuscules vers les deux fauteuils de coiffeur. Mais nos corsets ne nous permettent pas de nous s'asseoir.
Estelle nous guide vers le côté des fauteuils. Il y a deux tabourets capitonnés et très bas, placés devant une petite colonne métallique surmontée d'un demi-cercle capitonné. Estelle m'aide à m'agenouiller. Ainsi, mes cuises restent bien droites, collées l'une contre l'autre par le corset. Ma taille s'insère dans le demi-cercle, et une sangle m'attache contre le rembourrage de ce support. Estelle aide Gwendeline à s'installer de la même manière.
Madame Bertine inspecte ma coiffure, elle la triture, me tire les cheveux, et conclu en s'adressant à Mademoiselle Sophie.
"Cette coiffure est inadaptée à cette robe, je vous propose de leur faire un chignon bas sur la nuque, avec beaucoup de volumes sur le sommet en arrière."
Sans attendre, elle me tire les cheveux, les brossent vigoureusement et les séparent en plusieurs mèches. Elle les fixent avec des épingles sur plusieurs postiches, destinés à donner du volume à ma coiffure. Mes cheveux sont tirés pour recouvrir les postiches. Elle me fait mal, aucune douceur, mais dans la glace, ma tête change radicalement. Ma coiffure est impressionnante, très haute et large, je sens une masse de cheveux peser sur ma nuque. Elle dégage bien mon visage, le chignon haut, doit me grandir de presque dix centimètres. Elle termine en m'asphyxiant sous des tonnes de laque. L'aspect est lissé, brillant et sans un seul cheveu libre. Tout est sous contrôle, fixé avec force par les épingles et la laque.
Madame Bertine m'abandonne sans un mot, et s'approche de Gwendeline. Elle est remplacée par Estelle qui entreprend de me démaquiller pour me remaquiller aussitôt. Mais manifestement, un maquillage plus intense. Le fond de teint est si opaque que j'ai l'impression de disparaître, laissant à ma place une autre femme qui prend forme, devient de plus en plus belle, très sophistiquée.
Je sors de mon rêve, surprise au moment où Estelle me place mes faux cils. La pince recourbée s'approche de mes yeux. Je déteste ce moment, je crains qu'elle touche mes yeux. Son geste est précis, sans trembler. En quelques secondes, mes cils ont grandi incroyablement, ils sont larges, denses avec une courbure qui me donne un regard fascinant. Estelle adore maquiller les yeux, elle a un talent fou, elle adore jouer avec leurs formes, les agrandir par des ombres subtiles, les redessiner plus large, plus intense. Je suis hypnotisée par mon propre regard et j'ai hâte de voir ma chère Gwendeline maquillée comme moi.
C'est sûrement la fin de ces pénibles essayages. Estelle change mes chaussures à semelle compensée par des escarpins de la même soie bleue que ma robe, avec des talons aiguilles. Elle m'aide à me relever. Mes genoux me font un peu mal, deux heures à genoux pour me coiffer et me maquiller, c'est long.
Je suis debout, sur la pointe des pieds, la taille douloureusement comprimée, je suis debout, fatiguée et essoufflée.
"Marchez dans la pièce !" dit Mademoiselle Sophie.
"Vous ne trouvez pas que la robe traîne un peu ?"
Madame Bertine s'approche de moi, m'inspecte de haut en bas, elle se penche, regarde, je ne sais quoi... et déclare.
"La robe était parfaite sur le podium." Elle regarde encore le bas de ma robe.
"Impossible, la robe est à la bonne longueur. "
Estelle intervient. "Madame, peu être les chaussures, elle portait des chaussures à semelles compensées, vous vouliez des talons de treize centimètres, mais Gwendoline n'a jamais porté des talons aussi hauts. C'est pour cela que je lui ai fait porter des chaussures à semelles compensées."
"Sans doute, Mademoiselle, mais Gwendoline doit porter des talons de treize centimètres et sans semelle compensée !"
Je regarde Estelle avec inquiétude, qui me dit "Je suis désolée Gwendoline, je suis obligée de changer tes chaussures."
Je suis en équilibre instable sur mes treize centimètres de talons. Ils sont très fins, et me cambrent douloureusement les pieds. Estelle me soutient, elle sait que je ne pourrais pas marcher sans aide. Je dois juste rester immobile, ne pas m'écrouler, tenir debout, respirer très peu et ne pas m'évanouir...
La soirée est un enfer. Estelle reste à mes côtés, me rattrape chaque fois que j'oscille, qu'un malaise me gagne. Je ne peux pas me déplacer, à peine bouger, enfermée dans ce long corset. Je ne parle à personne, je ne vois personne. Pourtant, les invitées défilent devant nous. On est l'attraction de la soirée, les nouvelles poupées de mademoiselle Sophie. On nous observe, on nous admire, avec des commentaires, des discussions que je n'entends pas. Je ne vois rien de cette soirée, personne sauf ma chérie. Uniquement ma tendre Gwendeline qui est immobile, juste en face de moi.
C'est un bonheur, un plaisir quand je la regarde et qu'elle me sourie, que ses yeux m'hypnotisent. Elle est merveilleuse, si élégante, coiffée et maquillée comme pour un soir de bal. Sa silhouette est époustouflante, je vois sa taille minuscule, et aussitôt, je ressens la pression de mon corset, le même corset que porte Gwendeline.
Elle semble très grande certainement avec ses très hauts talons, et le haut chignions qui rehausse son visage. Et je ressens la cambrure imposée par mes talons, les mêmes talons que porte ma chérie.
Je suis en extase devant elle... et elle aussi... Sûrement.
On est si belles, si péniblement belles.
L'île des Sylphides II
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© Fred Pody 2023