La Doctoresse Claude entre dans notre chambre.
"Mademoiselle Sophie m'a demandé de vous ausculter. Notamment, de constater l'état de vos pieds. Je sais que vous avez été libérées que depuis deux jours, mais il est urgent de faire ces examens."
Je devine que la doctoresse est surprise en voyant nos pieds.
"Je dois vous faire une radio des pieds. Je suppose que vous ne pouvez pas marcher."
Gwendeline répond. "En fait, avec des chaussures spéciales, on est parvenues à se tenir debout, et faire quelques pas, mais en étant soutenues."
"Bien, je fais venir une ambulance pour vous conduire à la clinique. Ainsi, on pourra vous faire des radios de vos pieds et je vous ausculterai juste après."
Le lendemain matin, une ambulance arrive au château. Gwendeline et moi, nous sommes conduites dans des chaises roulantes. Camille et Cléo nous aident à monter dans l'ambulance, et nous accompagnent jusque dans la clinique. A l'arrivée, une technicienne nous guide vers la salle de radiologie.
L'examen terminé, nous sommes conduites dans le bureau de la Doctoresse Claude. Mademoiselle Sophie est installée dans un fauteuil. Il y a aussi Mademoiselle Céleste, la professeure de danse. Et une dame, que je ne connais pas.
"Entrez, mesdemoiselles, installez-vous. Vous êtes toutes concernées par ce que j'ai à vous annoncer."
Cléo pousse mon fauteuil face au bureau. Gwendeline est installée juste à ma droite.
"J'ai analysé les radios et ausculté nos deux poupées, suite à l'intervention qu'elles ont subies durant leur détention. Je me suis permise d'inviter mademoiselle Céleste pour ses connaissances de l'entraînement des danseuses, notamment de l'assouplissement des pieds."
"J'ai aussi invité Mademoiselle Betty, créatrice de chaussures féminines. Les présentations étant faites, voici mes conclusions, du moins, mes constatations. "
"Ce que j'ai découvert est aberrant, et a été extrêmement dangereux. Jamais, je n'aurais pas tenté une telle opération chirurgicale des pieds. C'est du délire ! Cette dame, qui se dit Doctoresse, ne devrait plus jamais exercer. Elle a estropié nos deux jeunes filles. "
"Le seul point positif, est que cette opération a été faite avec une grande maîtrise technique. Les cicatrisations et les consolidations des os sont parfaits."
J'ai peur. Le début de ces constatations est inquiétant.
"Le but est manifestement d'augmenter la cambrure des pieds, et d'empêcher de les poser à plat. Autrement dit, d'obliger nos poupées à marcher uniquement avec des talons très hauts. Je soupçonne la recherche d'un exploit technique. Des os de leurs pieds ont été coupés et replacés dans une courbe beaucoup plus forte. En fait une courbure trop importante. C'est cette courbure tellement exagérée qui empêche nos victimes de se tenir debout. Leurs pieds sont tellement cambrés, qu'ils dépassent la posture verticale, et sont recourbés en arrière. C'est au point que le sommet de leurs ongles fait face au sol. Dans ces conditions, ils leur est impossible de se tenir debout. Même en se cambrant fortement en arrière pour retrouver leur équilibre."
Je sens de la colère chez la Doctoresse Claude, qui conclue.
"En effet après avoir retourné le problème dans tous les sens, il me parait hasardeux et extrêmement dangereux d'opérer de nouveaux leurs pieds. Le résultat risque fort d'être pire que la situation actuelle. Cette... Christiaan Tulp a essayé de faire marcher nos deux tendres poupées avec une chaussure spéciale. Ce fut un échec. J'ai montré cette chaussure à Mesdemoiselles Céleste et Betty, pour qu'elles puissent la comparer avec des chaussons de danse classique. Je les laisse vous annoncer ce qu'elles en pensent."
Mademoiselle Céleste, nous donne ses conclusions.
"J'ai vus cette chaussure et les pieds de nos malheureuses poupées. La seule chose positive, c'est que la semelle est faite sur mesure, et colle parfaitement au pied. Mais pour le reste, rien n'est bon. Les deux poupées ont réussi à tenir debout, mais en adoptant une posture bizarre, elles devaient se cambrer et se tenir penchées en arrière. Une posture affreuse. Ceci est dû à ce que leurs pieds sont tellement cambrés en arrière, que le point d'appui au sol est en arrière de leurs jambes. Absurde et affreux."
Elle fait une courte pause. "Au vu de ces constatations, j'ai demandé à une créatrice de chaussures, spécialisée dans les très hauts talons et ballerines de danse, de concevoir une chaussure portable et élégante."
Mademoiselle Betty approuve d'un mouvement de la tête et prend la parole.
"J'ai étudié les chaussures spéciales. Si elles sont parfaitement adaptées à leurs pieds, elles ne sont pas utilisables. Le point d'appui au sol est aberrant. Ceci dit, il sera difficile de faire une chaussure élégante et portable avec leurs pieds complètement déformés. Je n'ai jamais vus de pieds cambrés à ce point. J'ai fait beaucoup de recherches, mais je n'ai pas trouvé de personne avec les pieds dans cette posture. Je ne veux pas vous donner de faux espoirs. Juste une idée, qu'il me faut étudier avec l'aide d'un autre professionnel qui crée aussi des ballerines pour l'opéra et les danseuses classiques... "
Je ne comprends pas bien comment elle va faire avec nos pieds déformés.
"Leur cas est vraiment très particulier. Ce sera une chaussure très originale, limite bizarre, mais je ferais en sorte qu'elles soient spectaculaires et élégantes. Dans leurs cas, je pense qu'il ne faut pas cacher la cambrure anormale de leurs pieds, mais plutôt la mettre en valeur, la sublimer. Je ferais en sorte qu'elles porteront des chaussures exceptionnelles, que personne d'autre ne pourra porter."
Mais alors, tout le monde verra que nos pieds sont tordus, horribles...
Mademoiselle Sophie intervient.
"Je vous remercie pour ce travail. Si je comprends bien, il y a peut-être une solution à cette catastrophe. Je vous en prie, faite tout ce qui est possible pour ces deux jeunes filles. Si je joue à la poupée avec elles, c'est dans le respect de leurs intégrités. Ce sont avant tout de merveilleuses amies. Des amies de jeux ou elles m'appellent maîtresse et moi mes merveilleuses poupées. Jamais je n'ai pris le risque de les blesser, de leur faire du mal. Les transformations que je leur ai imposées, ont toutes été librement acceptées, et ont toutes été faites pour les rendre plus belles, plus merveilleuses. Ma Chère Claude, je t'en prie, mes amies, je vous en prie aidez les, soignez les et rééduquez mes deux gentilles poupées. Je vous en prie, elles ont besoin de votre aide, vous aurez tout mon soutien pour les soigner. Merci mes amies de s'occuper de mes deux tendres poupées, mes deux amies très chères."
Betty demande à Mademoiselle Sophie. "Laissez-moi le temps d'étudier une solution et de relever se défit. Je veux moi aussi transformer cette catastrophe, en une merveille, leurs donner une posture, une démarche inimitable, limite fantastique."
Je voyais le visage de Mademoiselle Sophie s'illuminer. Gwendeline aussi souriait timidement. Moi... je ne sais pas. J'hésite entre craintes et espoirs. J'espère que Betty nous fera des chaussures d'exception, et que mademoiselle Céleste allait pouvoir reprendre nos exercices de marche, de postures élégantes, et je l'espère de danses.
De retour au château, j'étais inquiète par ce qu'avait dit la Doctoresse Claude, et en même temps pleine d'espoirs avec cet espoir donné par Mademoiselle Betty. J'espère vraiment une belle surprise. Ho oui, et Gwendeline aussi qui me dit.
"Ma chérie, tu penses que Mademoiselle Betty pourra réaliser son projet. Je suis désespérée quand je regarde mes pieds. Je ne sais même pas si je pourrais remarcher normalement."
"Moi aussi, j'espère que le projet de Mademoiselle Betty pourra nous aider."
"J'ai compris que Mademoiselle Sophie mettra à sa disposition des moyens importants."
"Oui ma chérie, j'ai confiance en notre maîtresse."
L'île des Sylphides II
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