C'est notre deuxième cours de danse avec nos talons étranges. Mademoiselle Céleste nous fait exécuter une valse très lente. Être gracieuses en dansant, perchées sur nos talons, les pieds cambrés dans une posture impossible. Et pourtant, je danse avec ma tendre Gwendeline.
Mademoiselle Coralie discute avec Céleste. Je ne comprends pas bien. Vaguement, qu'il est question de corsets. Mademoiselle Sophie entre dans la salle de danse. Coralie interpelle Sophie !
"Mademoiselle, je dois vous parler des corsets de nos deux poupées. Depuis leur retour, le modelage par le corset, a été négligé. Je sais qu'il a fallu trouver des solutions pour leurs pieds déformés, mais il est temps de reprendre la réduction de leur taille, et de les entraîner à porter des corsets plus longs et plus serrés."
Avec Gwendeline, on s'approche à petit pas du groupe. Camille et Cléo nous suivent de près. Camille met sa main dans la poche de sa robe. Le geste est surpris par Mademoiselle Sophie.
"Camille ! Que cachez-vous dans votre poche ? "
"Ho rien Mademoiselle."
"Ha oui ! Montrez-moi ce rien !"
Céleste et Coralie entourent Camille. Elle est bien obligée de montrer ce qu'elle voulait cacher. Un téléphone portable.
"Mais depuis combien de temps avez vous ce téléphone !"
Camille est embarrassée, c'est Cléo qui répond.
"On a gardé nos téléphones de Thaïlande."
"Et vous communiquez avec qui ? Vous êtes encore en contact avec Mélusine ! Vous savez pourtant qu'elle veut me nuire."
"Ho non Mademoiselle. Nous vous devons notre liberté. On ne veut pas vous trahir. On vous les donne, vous pourrez vérifier que l'on n'a pas communiqué avec Madame Mélusine."
Sophie fouille dans les téléphones. Je la sens en colère et aussi indécise.
"Je vous confisque vos téléphones. Je ne veux pas que vous communiquiez avec l'extérieur et surtout pas avec Mélusine ou une de ses complices."
Sophie tourne en rond, la colère monte. Elle se tourne vers Camille et Cléo.
"Je vous ai confié mes deux poupées chéries. Je crains d'avoir fait une erreur. Êtes vous encore au service de cette Mélusine ! "
Coralie rejoint Sophie.
"Je les ai surveillées de près. Je m'en méfiais, mais elle ne semble pas avoir essayé de contacter Mélusine. Ceci dit, si tu veux garder le secret sur la préparation de tes poupées, il faut prendre des précautions. Personne ne doit parler même à une amie. Et pour ces deux là, je pense qu'elles sont honnêtes, mais qu'il faut prendre des mesures préventives au cas où..."
Camille essaye de parler, c'est Coralie qui interpelle Sophie pour qu'elle l'écoute.
"Mademoiselle, je suis désolée pour ces téléphones. Je ne pensais pas faire mal en les gardant. Mais je vous en prie, Cléo et moi, nous ne vous avons jamais trahies. On veut rester, aider vos merveilleuses poupées. Si on a fait une faute, punissez nous, mais je vous en prie, on aimerait rester à votre service."
Sophie semble indécise. Je prends la parole.
"Mademoiselle Sophie, nos deux surveillantes ne vous ont pas trahie. Elles ont toujours exécuté vos ordres, parfois avec un peu trop de zèle. Quand Coralie leur demandait de nous corseter plus fort, elles obéissaient et nous serraient en suivant les consignes et sans tenir compte de nos plaintes."
Sophie nous regarde une à une, dans les yeux. Comme pour nous interroger, nous sonder.
"Je suis indécise, mais en effet, je ne pense pas qu'elles m'ont trahie. Bien... je... oui... Je prends deux décisions. Un : Personne ne doit communiquer à l'extérieur du château au sujet de la préparation des deux poupées Gwendoline et Gwendeline. Deux : Pour les deux surveillantes. Il me semble qu'il y a eu une maladresse et pas d'intention de nuire. Je suis obligée de prendre des précautions et de donner une punition. En conséquence, je vais faire fouiller leur chambre au cas où il y aurait un troisième téléphone. De plus, les deux surveillantes devront être bâillonnées toute la journée, et cela, jusqu'à la fin du spectacle, de sorte qu'elles ne puissent plus dire un seul mot à qui que ce soit. La nuit, elles seront enfermées dans la suite des deux poupées. Je ne pense pas qu'elles nous espionnent, mais avec cette Mélusine, je dois me méfier de tout."
Bâillonnée en permanence. Cela me rappelle notre captivité en Thaïlande. Elles étaient aussi bâillonnées toute la journée. On ne pouvait pas dialoguer avec elles.
Coralie demande aux deux surveillantes de la suivre.
Dix minutes plus tard, les deux surveillantes sont de retour, mais muettes. Chacune porte un bâillon très large et très serré qui leur masque complètement la bouche. Une bouche qui semble largement ouverte sous le bâillon.
L'île des Sylphides II
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