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L'île des Sylphides II


IX - La fête de Sophie -


La fête avait été préparée dans les jardins de Sophie. Une estrade et une piste de danse disposée face au château, séparée par une grande pelouse, taillée avec une précision toute Britannique. De même pour les tonnelles fleuries, disposées de part et d'autre d'un espace réservé entre le perron du château et l'estrade elle aussi fleurie.


Mademoiselle Bertine a pour mission, d'organiser le cortège qui accompagnera mademoiselle Sophie. Elle prend son rôle de Maître des cérémonies très au sérieux.

Mademoiselle Sophie se place à la tête du cortège. Bertine me place derrière, à deux mètres de distance et à droite. Gwendeline est à la même hauteur que moi, mais à gauche. On encadre Mademoiselle Sophie avec nos larges et volumineuses crinolines bleues. Le corps mince, étroit, surmontant une mer de soie bleue. Gwendeline et moi, formons un cadre élégant sur lequel Mademoiselle Sophie se détache avec son long fourreau rouge sombre, constellé de diamants, brillant comme des étoiles.

Elle est éblouissante d'élégance et de prestance. Ses cheveux dorés forment un haut chignon sophistiqué. Un maquillage discret pour une soirée. Tout en finesse, presque naturel, mais avec un plus, une touche légère de couleur. La simplicité de sa tenue, n'est qu'apparente. Bien au contraire des effets tapageurs, elle est dans une distinction qui m'impressionne. Je l'admire, je suis si heureuse d'appartenir à sa maison. Je suis prête à tout pour être au côté de Gwendeline et sous la domination de Mademoiselle Sophie.


Nous avançons lentement au milieu des invités, vers l'estrade. Mon émerveillement, mon excitation est tel, que je pense à peine au corset qui m'étouffe, et la traversée de la pelouse sur des talons beaucoup trop hauts. Non, je vois Mademoiselle Sophie, ma tendre Gwendeline et tous les regards admiratifs à notre passage. Je me sens emportée par le mouvement des invités qui nous suivent, nous presse.

Mademoiselle Sophie monte sur l'estrade par cinq petites marches. Je m'approche, mais ma crinoline me cache les pieds et les marches. Je dois avancer très lentement, pour sentir avec la pointe du pied la première marche. Je monte sur l'estrade, chaque marche est un défi, ne pas perdre l'équilibre, mais surtout, je dois forcer contre le corset qui me bloque les cuisses. Impossible de lever la jambe, je dois atteindre la marche suivante en me tordant les pieds, en me positionnant un peu de biais. Le corset me bride, et je sens bouger en moi, cette chose qui me bouche l'anus, qui me masse à chaque pas.

Sur l'estrade, j'essaye de me calmer un peu, de sourire, de donner le change. Mes souffrances, mes sensations intimes, mon étouffement perpétuel, cette taille douloureuse, et mes pauvres chevilles trop cambrées par des talons bien trop hauts, Hooo tout cela ne doit pas apparaître.


Je dois être élégante, légère... J'ai réussi la traversée de la pelouse sur la pointe des pieds, sans salir mes talons en or massif. Je ne me suis pas écroulée, pas évanouie, non, je me sens élégante, belle comme ma jumelle. Je voudrais l'embrasser, mais ce n'est pas le moment.


Mademoiselle Bertine, nous place à la gauche et à la droite de Mademoiselle Sophie. On doit rester immobile en la regardant durant son discours. On est comme deux cariatides, deux jolies décorations pour attirer le regard et mettre en valeur Mademoiselle Sophie. Elle ouvre le bal. La piste de danse, est envahie par les invitées. C'est un mouvement de couleurs, de grâces, de robes du soir toute élégantes. La danse leur donne vie. Les couleurs se transforment, deviennent mystérieuses avec le coucher du soleil, remplacé progressivement par des torches à la lumière vacillante, mouvante.


Mademoiselle Sophie est entraînée par des amies au centre de la piste. Il y a comme un attroupement de toutes celles qui veulent échanger quelques mots avec la maîtresse du château.


Gwendeline et moi, on s'écarte un peu. On ne peut pas danser avec nos robes, et surtout avec nos trop hauts talons et ce corset qui nous enferme, nous oblige à garder une posture rigide, immobile. Nous avons besoin d'air. J'étouffe et sûrement ma jumelle aussi. J'aimerais trouver un endroit pour me reposer, pour m'asseoir. Mais comment faire quand on est corsetée de la poitrine jusqu'aux genoux...


Gwendeline m'entraîne un peu à l'écart.

"Vient ma chérie, derrière le bosquet, il y a une tonnelle. On ne pourra pas s'asseoir, mais on peut se reposer, en s'appuyant contre le muret."

"Oui, merci, je vois la tonnelle entourée d'un muret."

Je marche au côté de ma chérie, séparé par la taille de nos crinolines. On marche lentement vers la tonnelle. Elle s'arrête, se tourne vers moi et d'un même mouvement, on se rapproche l'une vers l'autre, lutant contre le volume de nos crinolines. Je la serre dans mes bras, nos grandes robes s'entremêlent et forment une seule grande corolle bleue. Le corset de ma chérie serré contre le mien. Ses bras m'entourent. Je me noie dans ses yeux. Elle m'hypnotise. J'adore ses yeux aux longs cils qui battent comme des papillons. Ses yeux sombres, profonds, si merveilleusement maquillés. Ses yeux qui se ferment, comme par pudeur. Je la serre encore plus et nos bouches se touchent délicatement, s'entrouvrent, se pressent, s'ouvrent largement, ma langue en elle, elle en moi, la passion nous submerge. Je suis elle, nos deux personnes n'en forme qu'une seul. Fusion de nos corps et de nos esprits. Je ne sais plus si je m'appelle Gwendoline ou Gwendeline. Nous vivons la même chose, la même passion. Je suis follement amoureuse d'une merveilleuse poupée... Je suis cette poupée... qui l'embrasse, à bout de souffle. Je me sens faible, la tête me tourne, comme enivrée.


Il nous faut du temps pour séparer nos lèvres, pour se serrer un peu moins. Ouvrir les yeux sur ma merveilleuse compagne. Revoir son visage, ses yeux fascinants, sa bouche bien dessinée, sa coiffure sophistiquée, qui encadre son visage très maquillé. Elle est belle, tellement belle et je suis sa jumelle...


Gwendeline me tient par la taille. J'ai le même geste, je la soutiens par sa taille si étroite, minuscule. On s'approche lentement de la tonnelle entourée d'un muret. Nous sommes essoufflées. Nos robes encombrantes et nos corsets horriblement serrés nous épuisent.


Je peux m'appuyer contre ce muret, mais en forçant sur la crinoline de ma robe, et toujours perchée sur des talons bien trop hauts. Le fait qu'ils soient élégants et en or, ne me soulage pas. On regarde le ciel, les étoiles. J'essaye de repérer les constellations, mais je n'y connais pas grand-chose. La nuit est belle. La musique du bal est très atténuée, pourtant, il ne me semble pas avoir marché longtemps. Je peux même entendre les bruits de la nuit. Un nocturne siffle au loin. Le craquement d'une brindille...

"Humm, on est bien" Me dit ma jumelle.

La nuit est si reposante, si calme. Le bal si lointain...

Une autre brindille qui casse. Plus fort...



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L'île des Sylphides II

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