Le jour de la décision est arrivé. Quel sera mon avenir. Si Mademoiselle De Caylus me rejette, c'est le retour en prison. Si elle m'accepte, je devrai décider seul, mais décider quoi ?
Mademoiselle Claudia entre dans la chambre, accompagnée d'Angélique ma tortionnaire, Corsélia et Coralie les deux corsetières, Bertine couturière et Estelle, la professeure d'esthétique. Après m'avoir attaché à la barre, Angélique et Estelle font ma toilette. Une toilette très détaillée, minutieuse. Je suis parfaitement propre, massé avec des crèmes, parfumées, les ongles bien taillés.
Mademoiselle Corsélia et Coralie m'habillent. Mais c'est tout un rituel. Collants de contentions, gaine rembourrée, corset... Première épreuve... Il doit être serré, très serré. Coralie demande de l'aide pour me serrer. Angélique vient prêter main forte. Je retrouve très vite mon tour de taille de la veille, mon douloureux et pénible tour de taille de seulement quarante-sept petits centimètres. Coralie est sans pitié quand elle tire sur les lacets. Angélique prend plaisir à l'aider. Une heure seulement après mon levé, j'étouffe déjà dans un corset trop serré.
— Je te resserrerai un peu plus dans deux heures, après ta coiffure et ton maquillage.
Claudia demande :
— Mademoiselle Bertine, vous pouvez apporter les bas et les chaussures à talons. Ensuite Estelle, vous aurez deux heures pour la coiffer et la maquiller.
Angélique m'aide à m'installer à genoux, en ne fléchissant pas les cuisses. Ma gaine et mon corset me gênent et m'empêchent de m'asseoir normalement. Estelle prépare ma coiffure en la brossant. Elle pose la perruque préparée sur un support rond. Et le maquillage commence, c'est très long et elle ne me laisse pas faire. Je n'ai pas suffisamment d'expérience pour réaliser un maquillage aussi compliqué. Mais je ne me vois pas. Pas de miroir devant moi. Je me rends compte qu'elle travaille avec minutie et que c'est plus long que d'habitude. Enfin, elle ajuste ma perruque qui m'encadre le visage, avec des boucles descendant sur mes épaules.
Coralie avec la complicité d'Angélique, décident de contrôler les lacets et d'essayer de serrer encore plus.
C'est atroce, elles me tuent. Comment ce corset peut-il me serrer encore et encore. C'est surtout ma taille et le buste qui sont compressés. C'est trop, je me sens faiblir, j'ai des sueurs froides. Il faut me ventiler et un peu de temps pour tenir debout sans aide.
Elles ont réussi à gagner un centimètre. Elles sont folles. Je me sens comme coupé en deux. Le ventre dur et douloureux et je suis si faible. Toute mon énergie est consacrée à respirer un peu, ne pas étouffer. La pression sur mes hanches me bloque complètement et celle sur ma poitrine m'étouffe lentement. Quant à ma taille, elle n'a jamais été aussi étroite, pas plus de quarante-six centimètres. Un chiffre qui m'obsède et qui m'effraye aussi.
Bertine prend le relais. Chemisier et cravate de dentelle, jupe noire, étroite. Veste de smoking courte. Claudia s'approche, tourne autour de moi, m'inspecte avec minutie et fait quelques retouches sur un pli de la jupe, une mèche de coté.
— Bien mes amies, elle est très bien. Je pense que Mademoiselle De Caylus sera contente.
On sort de ma chambre. Je passe devant un miroir. J'ai à peine eu le temps de me voir, le temps très bref où j'ai vu une femme tout en noir, veste courte, presque masculine, jupe étroite et chaussure à talons aiguilles. Une femme qui passe rapidement, le visage caché par de longs cheveux, volumineux, descendant sur le dos. Une masse mouvante, vivante, une coiffure impressionnante.
On entre dans le bureau de Mademoiselle Blanche De Caylus. Je suis la seule à rester debout.
— Bonjour Mesdemoiselles. Voilà donc notre candidate. Ma première question, y a-t-il une opposition à la poursuite de la rééducation. L'une d'entre vous a peut-être des remarques, des questions ?
Bertine prend la parole.
— C'est une bonne élève, docile. Elle ne m'a jamais contredite et a toujours accepté de porter les robes que je lui proposais.
Estelle :
— Pas de problème, elle n'a pas protesté quand je l'ai maquillée pour la première fois, ni quand je lui ai imposé un maquillage plus sophistiqué.
Claudia :
— Elle s'est laissé faire, bien qu'elle ait été étonnée de sa silhouette avec la gaine. C'est surtout la présence de sa poitrine de femme qui l'a troublée. Je pense que ce n'est pas encore intégré dans son esprit. Mais je suis confiante, les chaussures à talons hauts ont été bien acceptées, avec quelques difficultés. Mais elle s'en est bien sortie. Elle s'est plainte uniquement pour le corset, mais je dois dire qu'on lui a appliqué, un entraînement très sévère, pour réduire sa taille le plus vite possible. Dans ces conditions, je vote pour la poursuite de son séjour parmi nous.
Mademoiselle Blanche De Caylus demande.
— Pas d'opposition à la poursuite de l'expérience ?
Il n'y a pas eu d'opposition, alors Mademoiselle Blanche De Caylus prend la parole. Elle va me poser la question redoutée.
— Nous sommes toutes du même avis, aussi, je vais vous poser la question plusieurs fois. Au vu de ce que vous avez vécu depuis votre entrée dans le Centre de Rééducation Féminine, voulez-vous continuer cette rééducation, sachant que vous ne pourrez pas sortir de ce centre avant trois ans.
Trois ans, c'est long, mais moins que douze et en prison.
— Mademoiselle, c'est une décision étrange pour moi, mais oui, je veux rester ici.
— Ce ici, est un centre de rééducation féminine, vous acceptez de vous transformer profondément en femme.
— Oui, si c'est vraiment indispensable, s'il n'est pas possible de faire autrement.
— Vous pouvez faire autrement, il vous suffit de partir, mais ce sera partir pour la prison. Je repose ma question. Voulez vous devenir une femme de manière définitive !
— ...
— ... Oui Mademoiselle.
— Bien, on avance. J'enregistre trois fois OUI de votre part. Mais vous n'avez pas toutes les informations sur la suite de votre rééducation. Mademoiselle Claudia, va vous expliquer cela dans les grandes lignes. Ensuite, vous pourrez accepter définitivement en toute connaissance.
Claudia se lève, et commence à lire un document.
— Voici les conditions à respecter si vous signez ce contrat.
Vous subirez un reconditionnement intellectuel et comportemental.
Vous apprendrez à parler de vous au féminin.
Vous devrez vous entraîner pour modeler votre silhouette par diverses méthodes.
Vous devrez apprendre à marcher, vous déplacer et vous tenir d'une manière féminine.
Vous devrez apprendre à vous coiffer, maquiller et réaliser divers soins du corps.
Vous devrez suivre exactement toutes les consignes et ordres donnés par l'encadrement du C.R.F.
Si par nécessité, vous auriez besoin de soins, de traitement, de médicaments, d'opérations, les frais seront supportés par le C.R.F. Seul un médecin agréé par le C.R.F. décidera du meilleur traitement.
Je commence à avoir mal aux pieds. Je suis debout depuis un bon moment, perchée sur de très hauts talons. Mon corset ne m'aide pas, je suis raide et obligée de me tenir droite, sur la pointe des pieds. Tout ce bla bla me fatigue. De toute façon, je n'ai pas de choix.
— ... Mademoiselle...
— Ho ho !
Quoi ? On me parle, je sors de ma rêverie Mademoiselle De Caylus m'interpelle.
— Bien vous avez tout compris ?
— ... Oui, je crois.
— Je n'en suis pas certaine, mais c'est votre problème. Signer la charte si vous voulez rester dans ce centre.
— Oui Mademoiselle Blanche De Caylus.
Je m'approche de la table. Claudia me tend un stylo. Je dois me pencher un peu pour signer. Mais mon corset m'en empêche. Je dois forcer et je signe bras tendu. Impossible de me pencher plus. Voilà, c'est signé.
— Bravos Mademoiselle, je suis heureuse de vous accueillir dans cet établissement. Je suis certaine que vous changerez en profondeur. Mademoiselle Claudia et Estelle, vont faire le maximum pour vous transformer en une femme élégante et d'une beauté merveilleuse. Mademoiselle Bertine, vous fournira les plus belles robes et Mesdemoiselles Corsélia De Gaches avec son aide Coralie, vous donneront une silhouette étonnante, surnaturelle.
Je suis un peu perdu. Alors, je ne retourne pas en prison, elles ont accepté de me garder, et j'ai signé... un papier.
Mademoiselle De Caylus se lève, la porte s'ouvre et une servante pousse un chariot garni d'un seau à champagne et de plusieurs coupes.
Tout le monde est debout, mademoiselle De Caylus annonce.
— Mes chéries, maintenant que l'administratif est bouclé, il me reste le plus important. Donner un nom à notre nouvelle pensionnaire, et l'accueillir chaleureusement.
Elle se tourne vers moi, s'approche et dit bien haut.
— Nous assistons à la naissance de Mademoiselle Béatrice !
Et en coeur
— Bienvenue Mademoiselle Béatrice !
Mademoiselle Blanche De Caylus m'embrasse chaleureusement, ensuite Bertine, Estelle m'embrasse aussi et Claudia qui pleure en m'embrassant, et en me chuchotant
— Bienvenue Béatrice. Je suis heureuse pour toi.
Corsélia et Coralie me félicitent.
— Nous sommes si heureuses que vous deveniez Béatrice. Notre Béatrice, taille de guêpe.
Angélique me serre dans ses bras.
— Béatrice ma chérie, mon bijou. Je serais toujours à tes côtés, pour t'aider, te protéger, et pour te modeler aussi.
Béatrice. Je suis surpris... Non, je suis surprise de m'appeler Béatrice. Un nom délicieusement féminin.
Claudia s'approche.
— Maintenant, tu sais qui tu es Mademoiselle Béatrice.
— Oui, je n'avais pas imaginé ce nom, il me faudra du temps pour m'y habituer. Il est vraiment très féminin. Mais je suis soulagée de trouver une personnalité, ma nouvelle personnalité.
— Tu t'y habitueras très vite ma belle.
Mademoiselle De Caylus dit en s'adressant à Claudia et à moi.
— Dès demain, on commence la transformation. Soyez prêt à 10 h le matin. Bonne journée mes chéries.
L'école de Mademoiselle I
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