Angélique me conduit dans les ateliers de Mademoiselle Bertine. Mademoiselle Claudia est présente ainsi que toute l'équipe.
Claudia m'accueille avec gentillesse.
— Bonjour ma belle, ma poupée chérie. Une nouvelle étape pour toi. Je te propose une balade dans un jardin public en ville. Cette fois, tu seras accompagnée par Angélique. Le trajet est un peu plus court que celui de ta première épreuve.
Plus court, c'est mieux, mais je porte aussi un corset plus serré.
— Cette promenade devrait être agréable. Son but est de te promener en ville avec élégance, et en grande tenue. Mademoiselle Bertine t'a préparé une très belle robe à crinoline. Tu seras comme une princesse dans ce très joli parc.
Une princesse, dans un parc et en crinoline. Cela risque d'être bizarre.
— Tu devras te comporter comme une princesse. Aujourd'hui, c'est un jour de fête. Il y aura des animations dans le parc, et sûrement beaucoup de monde. Si tu te comportes en femme élégante, tu n'auras aucun problème, seulement des regards admiratifs. J'espère te faire comprendre par cette épreuve, comment une femme peut être adorée, admirée.
— Vous pensez vraiment que l'on va m'admirer ?
— Oui bien sûr, on est souvent subjugué quant on croise une femme très belle, très élégante, surtout quant elle porte une robe spectaculaire et inhabituel. Le fait de porter une robe luxueuse, et aussi encombrante, donne envie de vous aider, de vous ouvrir une porte, de vous donner la main. D'être près de vous. De s'approcher de la beauté et du luxe.
— Oui, sans doute, à condition que je ne fasse pas un malaise.
— Et pourquoi feriez vous un malaise ?
— Mais Mademoiselle, à cause de mon corset. Angélique et Mademoiselle Corsélia De Gaches ne cessent de me serrer de plus en plus. Chaque fois que je reprends des couleurs, que mes malaises diminuent, elles me resserrent encore plus.
— Oui, mais bon... vous prendrez sur vous pour ne pas vous évanouir n'importe où.
Je me rends compte qu'il est inutile de discuter. Mademoiselle Estelle me conduit vers une coiffeuse. Elle enlève ma robe. Je reste en corset et chaussure à talon. Elle m'aide à me mettre à genoux devant la coiffeuse.
— Je vais te maquiller. Essaye de ne pas bouger, le maquillage qui est prévu sera un peu long à réaliser.
Elle commence par les soins du visage. Ensuite, le fond de teint très sophistiqué et très couvrant. Alors commence le maquillage des yeux, qui prend beaucoup de temps. Je n'aime pas trop quand le pinceau passe très près de la pupille. Elle me pose des faux cils, je déteste ça. C'est plus agréable quand elle me demande de fermer les yeux, que je sens les pinceaux me caresser les paupières. Elle finit par dessiner les lèvres. Estelle a terminé et elle se retire. Je peux enfin me voir. Je suis fantastique, mes yeux, ho mes yeux fascinants, sombres avec des reflets métalliques, des cils parfaits, long très long, très dense. Un regard hypnotique. Et en équilibre des lèvres très dessinées, rouge sombre. Je suis femme, une femme fascinante, un visage merveilleux. Étrangement, je me sens belle, je suis heureuse d'avoir cette allure.
Pas de répit, Lucie prend le relais pour me coiffer. Mes cheveux sont plus longs et très denses. Je sais qu'elles les trouvent très beaux.
— Je vais vous faire un beau chignon, qui s'étalera en arrière de votre jolie tête et sur la nuque. Je suis obligée de vous ajouter un postiche pour avoir un volume plus important.
Lucie travaille vite, mais cette coiffure compliquée demande du temps. Je vois la coiffure prendre forme, mes cheveux tirés en arrière, recouvrent les postiches, qui s'étalent derrière ma tête. Je sens le poids de la coiffure, et la tension sur mes cheveux.
Angélique et Lucie m'aident à me relever. Je me regarde dans un miroir. Je n'arrive pas à détacher mon regard. Comme cette femme dans le miroir est belle. Je me force de dire à Lucie et Estelle.
— Merci, comme je suis belle. C'est irréel, ou un rêve. Je ne pensais pas que ce serait possible, que je serais si... merveilleusement belle.
Elle était fière de leur travail, et Mademoiselle Claudia les félicitait pour ce chef d'oeuvre.
— Je te mets dans les mains de Mademoiselle Bertine, qui t'a préparé une robe somptueuse.
L'assistante de Mademoiselle Bertine apporte... je ne sais pas, c'est blanc et long, plié sur son bras. Il y a des dentelles, beaucoup de dentelles. Et aussi des volants.
Mademoiselle Bertine demande.
— Avant de commencer l'habillage, quelqu'un connaît son tour de taille ?
Corsélia répond
— oui Mademoiselle, elle ne fait plus que quarante-cinq centimètres.
— Parfait, la robe a été coupée pour cette taille.
Et elle commence mon habillage.
— C'est ton premier jupon. Dit Bertine.
Il est posé au sol, je dois l'enjamber et me tenir debout au centre. L'assistante le relève et Mademoiselle Bertine l'ajuste et l'attache à ma taille, avec un cordon. Les volants de dentelles font un beau volume autour de mes jambes. Ensuite, on apporte la cage de la crinoline. Elle me semble très large. Elle est mise en place comme le premier jupon. C'est vraiment très large. Je suis obligée d'écarter les bras par-dessus la crinoline. Vue de face, elle part de la taille presque à l'horizontale, s'élargit très vite et fait une belle courbe jusqu'au sol.
Dans le miroir, je vois bien que la crinoline est plus large que ma taille. Je ne suis pas grande, un mètre cinquante-six, plus douze centimètres de talons. La crinoline fait sûrement plus. Bertine me dit en me voyant inquiète.
— Cette crinoline fait deux mètres vingt. C'est cette dimension exceptionnelle qui rendra ta robe impressionnante. Je dois rajouter deux autres jupons par-dessus la crinoline, pour lui donner de la souplesse et effacer la marque des cerceaux.
Les deux jupons doivent être mi, en passant par le haut. En prenant des précautions pour ne pas déranger ma coiffure.
Je dois porter aussi un cache-corset, un genre de bustier en dentelle blanche, fixé par des lacets, et découvrant le haut du buste.
Ensuite la jupe, rouge profond, des motifs de dentelles noirs qui s'entrelace avec la broderie de fil d'or.
C'est difficile à mettre en place, sans toucher ma tête, ma coiffure. Elle pèse sur ma taille. L'étoffe somptueuse est aussi très lourde. La robe est attachée dans le dos par des lacets. Il faut aussi bien la placer et l'étaler correctement sur la base de ma crinoline. Suis le bustier baleiné et qui se lace comme un corset dans le dos. Le haut des bras passe par de très courtes manches bouffantes. Un lacet les fixe et serre mes bras contre le buste. Le décolleté est très large, trop large. Je n'ai pas l'habitude d'être très habillée avec les épaules nues, et le haut de ma poitrine découverte.
Bertine m'inspecte avec beaucoup de minutie. Lucie et Estelle font de même. Quelque retouche, un pli, une mèche de cheveux, je suis déclarée prête.
Mademoiselle Claudia fait venir Mademoiselle Isadora, ma professeure de danse et de maintien.
— Bonjour Mademoiselle Isadora, voici notre candidate. Elle doit apprendre comment se tenir et marcher en grande crinoline. Aurez vous assez de temps, il ne reste que deux heures avant son épreuve.
— En deux heures, je peux lui apprendre à marcher et à faire un demi-tour avec sa traîne. Je dois voir aussi sa posture, son port de tête, la position des bras. En deux heures, oui, c'est possible, parce que je la connais bien. Elle maîtrise déjà beaucoup de choses et elle est très douée.
Isadora s'approche de moi.
— Bien Béatrice, je vais voir la posture de tes bras. Tu peux les écarter de sorte à poser tes mains sur la crinoline.
— Mademoiselle, je ne peux pas écarter les bras. Ils sont attaché et serré contre le buste.
— Ho, bien alors tu vas plier les coudes, pour poser tes avant-bras sur le dessus de la crinoline et légèrement écartés. Tu dois garder les épaules en arrière. Oui très bien. Essaye de marcher, mais lentement. Bien, tu peux balancer les hanches à gauche et à droite, mais avec un petit mouvement.
Je m'exécute, j'avance lentement, en me balançant un peu. Les bras bien en place, au-dessus de la crinoline qui ondule, qui bouge quand je marche.
— Maintenant le demi-tour. N'oublie pas que tu portes une traîne. Ne fais pas de demi-tours sur place, mais suis un cercle, pour tenir la traîne toujours derrière toi.
Je suis un arc de cercle pour faire ce demi-tour et revenir vers Mademoiselle Isadora.
— Très bien, une dernière recommandation. Si tu dois franchir une bordure ou monter quelques marches, tu devras soulever l'avant de ta crinoline. Mais, si tu la soulèves avec tes mains devant, ce n'est pas très gracieux. Ce sera plus élégant si tu mets tes bras en arrière, et que tu fais baisser l'arrière de ta crinoline. Cela lèvera automatiquement le devant, et tu pourras franchir la bordure.
— Merci Mademoiselle.
— Je suis certaine que tu seras élégante, cette robe est magnifique, tu n'as pas le droit de rater ta promenade, de trébucher. Prends ton temps et regarde toujours devant toi, le regard loin, tête haute, bras légèrement posé sur la crinoline. Prends plaisir à être belle. Tu es magnifique, sublime. Je t'embrasse.
Une grande voiture est stationnée devant le perron. Elle est haute et la porte coulissante très large. Mais ma crinoline est si large si encombrante que l'on doit m'aider à entrer. La voiture ressemble à un minibus, mais très luxueux. Nous sommes neuf personnes dans cette voiture, je suis assise au fond, et j'occupe trois places avec ma crinoline. On roule vers le parc, qui n'est pas très loin.
L'entrée du parc est décorée d'un portail fleuri. Il y a beaucoup de monde, c'est bien une fête de printemps. La musique vient d'un kiosque que j'aperçois plus loin. Tout le monde descend, je dois attendre pour sortir de la voiture en dernier. Bertine se précipite, et arrange la robe avant que je fasse un pas. Angélique s'approche, en robe longue, étroite. Très élégante toute en dentelle noire.
Elle se place à ma gauche et essaye de me prendre la main. Je dois tendre le bras comme je peux, mais avec la largeur de la crinoline, elle me tient par la main, sans pouvoir s'approcher.
Toutes les femmes qui m'accompagnent, entrent dans le parc. Je reste seul avec Angélique. On entre à notre tour. Très vite, les regards se portent sur moi. Nous sommes entourées de curieux, pris en photo, regardée. Je ne suis vraiment pas à l'aise d'être au centre de toutes cette curiosité. Angélique me fait avancer, je dois être prudente, je marche lentement, mais on est vite arrêtées, encore pour faire des photos. Plutôt des jeunes filles qui veulent se faire photographier avec moi, mais aussi quelques jeunes hommes.
Difficile de faire le parcours prévus. Angélique essaye de m'ouvrir un passage, mais ce n'est pas simple. On progresse lentement, par petite étape. L'ambiance est joyeuse, mais tout ce monde autour de moi, ce n'est pas facile.
On entre dans un chemin plus étroit. J'ai un peu de répit, mon immense crinoline devient un avantage, par sa largeur, je bloque complètement le passage. Les spectateurs sont soit devant, soit derrière. C'est moi qui donne le rythme.
Le parcours dans le parc est plus long que prévus. Angélique me dit que l'on a mis probablement deux fois plus de temps.
Je suis heureuse. Au début, une grande peur, appréhension, mais ensuite, c'était plutôt agréable de se sentir admirée, de voir tout ce public essayer de m'approcher, d'être près de moi.
Retour dans la voiture, sous les regards d'une foule admirative.
Le trajet est court pour rejoindre l'école.
Angélique m'aide à sortir de la voiture et m'accompagne dans la salle de danse de l'école,. Je me sent bien dans cette robe, si encombrante, mais si majestueuse, si luxueuse.
Claudia, entourée de toutes les collaboratrices, dit.
— Mesdemoiselles, si nous sommes réunies dans la salle de danse, c'est parce que cette crinoline ne rentrera pas dans mon bureau. Je suis très satisfaite de cette après-midi. Béatrice a parfaitement assuré cette balade parmi un public qui n'avait pas été prévenu. Très beau succès. Merci Bertine pour la création de cette robe, merci Lucie pour la coiffure, Estelle pour le maquillage, Corsélia et Coralie pour le corset et l'entraînement. Merci, Docteure Claude, Béatrice est vraiment très belle, même sans maquillage. Merci Isadora pour les cours de danse et de maintien. Merci à toute, d'avoir créé Béatrice, hyper féminine, d'une grande beauté, notre poupée précieuse.
Le discours de Claudia est chaudement applaudi.
Je suis heureuse d'être Béatrice, si élégante, si... d'être... d'être aussi... d'être seulement une jolie poupée décorative. D'être une jolie silhouette, un tour de taille minuscule. Leur poupée précieuse.
L'école de Mademoiselle I
-INDEX-
III
VI
VII
VIII
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVII
XVIII
XX
XXI
XXII
XXIII
© Fred Pody 2023