Angélique revient du bureau de la surveillante générale.

— Mademoiselle Claudia m'a demandée de te préparer pour une entrevue cette après-midi, dans son bureau. Tu devras t'habiller comme pour ton épreuve, robe, coiffure maquillage... La même chose dans les moindres détails.

— Mademoiselle Claudia voudra sûrement apprendre comment s'est déroulée ton épreuve.

— J'espère que cela se passera bien, j'ai eu de gros problèmes dans le métro.

— Fait confiance à Mademoiselle Claudia. Raconte-lui ton épreuve, ne lui cache rien.

— Oui, le métro a été difficile, mais j'ai passé un moment très agréable dans le "Café Polaire." Je dois remercier la coiffeuse, Mademoiselle Florence de m'avoir accompagnée.

— Je pense que cela fait partie de ton épreuve. Inciter ton entourage à t'aider.

— Mais pourquoi ?

— On aime aider une femme très belle, élégante, à lui ouvrir une porte, s'asseoir à une table, et une multitude de petites choses. Surtout une femme qui semble fragile, qui porte une robe difficile, des talons très hauts, ou d'autre contraintes pour être belle. Demain, tu pourras raconter toute ton histoire dans le bureau de mademoiselle Claudia.

On est prêtes. Angélique porte la même robe que moi, style 1950. Bustier ajusté et grand décolleté, jupe large qui s'étale sur trois jupons. La taille mise en valeur par une large ceinture très serrée. Talons aiguilles de douze centimètres. Coiffure blonde avec de larges boucles qui cascadent sur les épaules. Maquillage intense, peau claire, yeux soulignés et agrandis par de faux cils, bouche rouge vif.

Mademoiselle Claudia est surprise par notre tenue, par Angélique habillée comme moi.

Tout le staff de l'école est présent autour de Claudia.

Il y a peu de questions sur ma dernière épreuve. Manifestement, Mademoiselle Claudia est parfaitement au courant des péripéties de mon épreuve.

— D'autres questions, des précisions ? Demande Claudia.

— Bien ! Je pense que la situation de Béatrice est connue de nous toutes.

Il y eut des signes d'approbations, et aucune opposition. Mademoiselle Claudia se tourne vers moi.

— Ma Chère Béatrice, vous avez fait un parcours remarquable. Nous allons voir Mademoiselle Blanche De Caylus pour vous présenter, et statuer sur votre avenir.

Je sens bien que ce moment va être important pour moi. Sans doute un changement important. Mais j'ai déjà beaucoup changé, alors quoi de plus ?

— Mesdemoiselles, suivez moi. Mademoiselle Blanche De Caylus, nous attend.

On sort du bâtiment, du parc, pour se rendre dans le château attenant à l'école du C.R.F. le "Centre de Rééducation Féminine". Une jeune fille en crinoline nous accueille. Elle nous conduit dans une salle somptueuse, qui sert de bureau d'apparat à Mademoiselle De Caylus. Mademoiselle Claudia lui remet un dossier.

— Vous pourrez voir dans le détail, le parcours de Mesdemoiselles Angélique et de Béatrice. Cette dernière a fait des progrès remarquables et rapides. Le sujet a été très docile. Comme vous pouvez le constater, elle est maintenant devenue une très jolie demoiselle. Élégante et gracieuse.

Mademoiselle De Caylus se lève et nous inspecte, Angélique et moi.

— Elles sont vraiment très belles. J'aime la finesse de leur silhouette. La poitrine de Béatrice est une merveille. Bravos Docteure Claude

Mademoiselle Blanche De Caylus se lève et lit un document qu'elle avait préparé.

— Mesdemoiselles Béatrice et Angélique, voici ma décision, pour vous deux.

Je vous propose dans un premier temps, durant deux mois, une semi-liberté. Libre le jour, mais enfermées la nuit dans l'école.

Vous serez inspectées à chaque sortie et entrée de l'école. Votre tenue devra être impeccable et respecter les consignes de l'école.

Mademoiselle de Caylus nous regarde avec insistance.

— Profitez de ces deux mois, pour chercher un emploi et un logement.

Mademoiselle De Caylus nous explique avec fermeté.

— Vous resterez sous contrôle de l'école pendant cette période.

Quand vous aurez trouvé un logement et un travail, vous devrez vous soumettre à un contrôle régulier dans notre école. En signant ce document, vous promettez de vivre en fille élégante et ceci en permanence. Vous promettez aussi du suivre régulièrement deux jours de formation tous les mois. Plus un contrôle deux fois par semaine en tenue de soirée

Avez-vous bien compris Mesdemoiselles ?

En tenue de soirée !

— Mademoiselle, quel est cette tenue de soirée ? Je pensais m'habiller simplement en femme.

— Ces tenues de soirée seront choisies par l'école. Attendez-vous à porter toute sorte de robes plus ou moins encombrantes ou difficiles. Bien sûr, Corset, hauts talons, coiffure et maquillage sophistiqués.

Je pensais être libérée de cette école. Mais non.

— Promettez-vous de respecter ces consignes !

J'ai peur des conséquences. Je regarde Angélique. Comme elle est belle. Je ne veux pas la quitter. Je ne sais pas si je dois signer.

Angélique me fait un signe d'acquiescement.

Je lui fais confiance.

Angélique et moi, on dit ensemble.

— Oui, je le promets.

— Bien alors signez le document !

Ma vie a déjà basculé, ce document ne changera rien.

Angélique s'approche de moi. Elle m'embrasse, me dit.

— Je t'aime.

Et elle signe également.

Je resterais en femme. Attachée définitivement à cette école, auprès d'Angélique, avec Angélique...