Je découvre ma chambre en me réveillant. Elle n'a pas changé. C'est probablement le matin.
Je suis attachée, allongée sur le dos. Un collier me relie au lit. Mes bras sont tendus le long du corps, et ils sont attachés. Idem pour mes chevilles attachées ensemble et au fond du lit. Je ne peux pas me lever, presque pas bouger.
J'attends. Je me sens vaseuse, sans énergie. Totalement incapable de lutter contre mes liens. Alors j'attends, calmement... et je dors un peu...
Mademoiselle Claudia entre, suivie de la Docteure Claude.
— Bonjour Béatrice. Comment te sens-tu ?
— Faible et vaseuse. Mais pourquoi je suis attachée ainsi. Normalement, je suis attachée uniquement par le cou.
Claudia ferme les rideaux de la chambre, de sorte que la lumière soit plus douce, plus tamisée. Elle revient près de mon lit et me sourit avec tendresse.
Claudia fait un signe à la docteure. Elle doit me dire quelque chose. Je sens que c'est important et pas facile.
Je suis curieuse de connaître mon état, pourquoi je suis si fatiguée. La docteure Claude s'approche.
— Ne crains rien, Béatrice, tu es en bonne santé, et tu n'a aucun problème, bien au contraire.
— J'ai de vague souvenir, j'ai passé du temps dans une clinique. Mais pourquoi faire ?
— Oui, tu y es restée longtemps. On t'a endormie pour que ce soit moins pénible pour toi.
— J'ai dormi, mais combien de temps ?
— Tu a bénéficié de plusieurs traitements, d'opérations. Elle ont toutes bien réussie, mais cela demande du temps et n'est pas agréable. En fait, tu dors depuis neuf semaines.
— Quoi ! Neuf semaines. Mais qu'est-ce que vous m'avez fait durant ces neuf semaines ?
— Tu es devenue plus féminine, ton corps est plus féminin. Mais tu devras t'entraîner dans beaucoup de domaines pour être une femme.
Je suis sans voix, assommée. J'ai donc subit des opérations quand j'étais inconsciente. Mais quoi ?
Mademoiselle Claudia intervient.
— Ma chérie, je vais te laisser le temps de découvrir ton corps. Rassure-toi, tu es très belle, vraiment très belle. La docteure Claude est une artiste. J'ai baissé les rideaux pour que tu sois dans une ambiance plus douce. Comme tu es encore faible, tu ne pourras pas te lever aujourd'hui. Mais avant de sortir de la chambre, je vais détacher tes mains. Tu pourras ainsi enlever le drap qui te couvre et découvrir ton nouveau corps, ton corps magnifié. Prends ton temps, il y a un miroir sur la table de chevet. Mais ne te précipite pas. Sois douce avec toi.
Elle me détache les mains, et elles sortent de la chambre. Je suis seule, encore attachée au lit, mais les mains libres.
J'attends qu'elle soit sortie. Un peu de temps avant de me découvrir. J'ai peur. Doucement, mes mains glissent vers le bas-ventre, mais je m'arrête avant de toucher mon sexe. J'ai vraiment très peur. J'attends, je n'ose pas bouger. Alors, mes mains se déplacent lentement. Je touche ma verge, je l'explore, mes testicules aussi, je me caresse doucement. Tout est là, intacte, je bande doucement. Quel soulagement.
Un répit, avant de continuer.
Je fais glisser les draps qui me recouvrent. C'est bizarre, ce frottement sur le buste. Pas normal, j'ai l'impression que les draps frottent sur deux petites zones très sensibles. Ho non, elles l'ont fait... non je n'y crois pas, le drap ne touche plus mon buste, il est soulevé par... deux seins. Deux seins qui se dressent, qui sortent de moi, de mon corps.
Je les touche, ils sont chauds, sensibles. C'est doux, rond, sensuel. Une envie de les caresser, de les toucher. Il me faut du temps pour comprendre que ce sont mes seins, que j'ai des seins. Non, je n'arrive pas encore à les accepter, c'est sûrement un mirage, un artifice, une illusion. Mais quand je les touche, je sens ma main sur ma poitrine, je sens le volume dans mes mains, leur douce chaleur. Je n'arrive pas à croire que j'ai des seins, qu'ils font partie de moi. Je pince un de ses seins. Mais ça fait mal, je me suis pincée moi-même. Je les caresse, c'est existant, ils sont vivants dans mes mains et je bande... Je ne peux pas m'arrêter de les toucher, de les prendre dans mes mains, dans ma main, l'autre sur mon sexe, qui se tend, de plus en plus dure, qui vibre plus fort. Je jouis dans une longue éjaculation libératrice. Détente de tout le corps, libération de mes tentions, de mes craintes.
Je me sens étrange, détendu ou détendue. Étrange de jouir en se caressant la poitrine, une poitrine de femme, ma poitrine en fait. Mais qui suis-je ? Je m'appelle Béatrice, il est normal que j'aie une poitrine de femme, mais alors mon sexe ?
Je suis plus femme que homme ? Sans doute, je m'appelle Béatrice, j'ai des seins, des cheveux longs, je porte corset, talons et jupe. Mais avec un sexe... qui dépasse !
Sur la table de chevet, juste à ma portée, un miroir. Je n'ose pas le prendre, j'attends un peu. Je veux me voir, mais j'ai peur de ce que je vais découvrir.
Je me jette à l'eau. Je prends le miroir, le serre contre moi. C'est idiot, je le lève doucement, mon menton apparaît, il me semble normal, assez fin, comme il l'a toujours été. Ma bouche... Le premier choc. Mes lèvres, elles sont plus bombées, plus dessinées plus épaisses, plus... J'ai la bouche, les lèvres d'une fille. Plus haut, mon nez me semble plus fin, plus petit. J'aperçois mes pommettes plus marquées. Mes yeux ! Le choc est surprenant. Le souffle court, je découvre des yeux fantastiques, des yeux de poupée, très grands, les sourcils galbés, précis, un regard intense, et lumineux. Ce ne peut pas être moi, ses yeux me fascinent, c'est impossible. Je me regarde, je ne peux quitter la contemplation de ce visage, si parfait, si féminin...
Ces émotions m'ont fatiguée, je me sens vaseuse. J'aimerais me lever, mais je suis tellement faible. Je me regarde encore. Demain, sans doute, je pourrai me lever, si Claudia ou Angélique veulent bien me détacher du lit.
Je me regarde encore. C'est fascinant. Mais je m'endors, le miroir en main.
L'école de Mademoiselle I
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