Ce soir, je suis invitée dans les appartements de Mademoiselle Claudia. Moment agréable, nous sommes toutes très élégantes et les discutions tournent autour de la mode. Le retour des robes longues et bustes très cambrés. Angélique et Corsélia sont des fans absolues des tailles étroites, des silhouettes en S. La silhouette liane, si fine, et si tendue. Le retour des robes à tournure dans notre monde moderne. Corsélia argumente.
— La modernité doit être invisible et nous permettre d'être et de vivre en respectant nos désirs. Porter les robes qui nous plaisent, qu'elle soit courtes, larges, ou sinueuses.
Mademoiselle Dr. Claude ajoute avec enthousiasme.
— Oui, être comme dans nos rêves les plus fous. Avoir la silhouette que l'on désire, le visage parfait, la taille fine, délicieusement étranglée. Porter librement les robes les plus merveilleuses, les plus extravagantes. La corseterie, et la chirurgie plastique, aujourd'hui nous autorise toutes les folies. Mais attention ! Tout cela sous contrôle de professionnel, et fait avec prudence. Approcher de son désir, mais sans se blesser, sans prendre de risque.
— Modeler le corps par la chirurgie, par le corset, mais aussi par les chaussures à très hauts talons, les robes de toute forme, toute longueurs, le maquillage sans retenue et les belles coiffures, longues et volumineuses, spectaculaires.
— Reste l'attitude de cette femme transformée, sa posture, son élégance de chaque instant. Elle doit être légère et jouer de ces artifices, même les plus contraignants, pour en faire un spectacle merveilleux et étonnant.
Je me risque de dire
— Mais qui veut faire et subir tout cela, juste pour être plus belle ? Se transformer à ce point, s'entraîner à marcher avec des talons démentiels, et subir le modelage forcé de la silhouette étranglée par un corset horriblement serré ?
— Qui veut cela ? Mais toi ma belle, toi ma chère Béatrice.
— Ho, je...
Oui, bien sûr. C'est ma vie depuis mon entrée dans cette école. Être belle, sans tenir compte des contraintes, péniblement belle, à chaque instant, par des entraînements permanents. Pas un seul instant de relâchement. Pas une seconde debout, sans mes talons. Pas un répit, sans mon corset. Pas une journée sans être maquillée et coiffée. Et mes transformations par la chirurgie, impossible de cacher et par définition, permanente.
Dix heures du matin. Je suis suspendue à la barre de laçage. Dans la chambre, Angélique qui m'a attachée, mais aussi Mademoiselle Corsélia De Gaches et Coralie son assistante. Claudia qui suit de près ma transformation, et la docteure Claude pour la sécurité.
Mademoiselle Corsélia mesure mon tour de taille. Il n'a pas changé depuis quinze jours. Je ne m'y habitue pas, ou très peu. Pas un instant, où j'oublie mon corset qui me serre péniblement.
La docteure Claude écoute ma respiration au stéthoscope. Je suis essoufflée en permanence. Elle se retourne vers Corsélia et annonce à la cantonade.
— Mesdemoiselles, vous pouvez réduire la taille de Béatrice sans problème. Elle pourra très bien supporter une taille de quarante-six centimètres. Je l'ausculterai dans un mois, pour sa prochaine réduction de taille.
Aussitôt, Angélique et Coralie s'approchent de moi. Mes lacets sont dénoués, et tendu plus fort, et encore plus... Mademoiselle Corsélia mesure ma taille et encourage mes deux tortionnaires à tirer encore plus sur les lacets. Ma taille cède. Mademoiselle Corsélia le constate et ordonne de renouer les lacets. Je suis muette, sans réaction, épuisée par mon corset. La barre descend, Angélique me soutient. Elle aussi est essoufflée. Avec l'aide de Coralie, elles me conduisent lentement dans la pièce. Je dois marcher un peu, rester debout, raide et cambrée dans mon corset.
Le comble est atteint quand Angélique et Coralie se disent épuisée, à bout de souffle.
— Mademoiselle, c'est dur de la serrer, on a tiré au maximum de nos forces. Je ne peux pas le faire seul. Il nous faudrait de l'aide.
La réponse de Mademoiselle Claudia est très inquiétante.
— Oui, je vois bien les efforts que vous avez dû faire pour serrer, Béatrice. Vous ne pouvez pas faire cela tous les jours. Mais j'ai une solution pour vous. Premièrement, pour la barre de laçage, je vais faire installer un treuil électrique, ce sera plus facile de la soulever. Et un deuxième treuil destiner à tirer sur les lacets. Il faudra le manipuler avec prudence, car ce système est très puissant.
— Merci Mademoiselle, avec un tel équipement, ce sera un plaisir de serrer notre jolie Béatrice.
C'est... surréaliste. Je suis réduite à un tour de taille, un minuscule tour de taille... Une poupée en terre à modeler. J'étouffe, mais qui s'en inquiète ? Personne. Je dois être belle, avec une silhouette improbable. Un dessin de mode 1900.
Un mois ne suffit pas, la Docteure Claude reporte ma réduction de taille de deux semaines. Je garde donc mes quarante-six centimètres. Bien sûr, je continue d'être fortement corsetée et de suivre mes cours et divers entraînements, enfermée dans mon corset.
Mademoiselle Claudia n'est pas satisfaite de ce report. Elle me dit que la Docteure Claude est parfois prudente à l'excès. Que ce report bouleverse son plan d'éducation.
Moi, je suis plutôt heureuse de ce report. Je suis déjà bien trop serrée.
L'école de Mademoiselle I
-INDEX-
III
VI
VII
VIII
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVII
XVIII
XX
XXI
XXII
XXIII
© Fred Pody 2023