L'école de Mademoiselle

Claudia entre dans ma chambre. Pourtant, il est encore tôt, à peine sept heures du matin.

— Bonjour Béatrice. Cette nouvelle période va commencer par une visite médicale. Le rendez-vous avec le médecin a été fixé à neuf heures. Tu a juste le temps de faire ta toilette et de déjeuner.

Elle me détache du lit. M'attache à la barre, pour changer mon corset et faire ma toilette. Claudia me fait porter une sortie-de-bain, et petit déjeuner. Je suis surprise de déjeuner aussi peu habillée, sans mes multiples sous-vêtements, mais avec un corset court et très serré. Je ne suis même pas coiffée ni maquillée.

On frappe à la porte, qui s'ouvre sans attendre.

— Ho Mademoiselle Claudia, je ne savais pas que vous étiez présente ici.

— Béatrice, je te présente la Docteure Claude, qui va t'ausculter et faire un bilant de santé générale.

— Venez Mademoiselle, enlevez votre peignoir s'il vous plaît.

Je l'enlève, mais je garde les mains devant mon sexe.

— Ne craignez rien, je suis au courant de votre particularité sexuelle. Vous n'êtes pas la seule en cour de transformation.

Je suis pesée, mesurée, auscultée et écoutée au stéthoscope.

-Taille : un mètre cinquante-six.

-Poids : Quarante-sept kilos.

(Soixante-deux à mon arrivée)

-Tour de taille : quarante-six centimètres.

Arrive le moment désagréable des prises de sang pour analyse. La Docteure remplis beaucoup de tube de sang.

— Mademoiselle Claudia, avez-vous prévu un vêtement simple pour celle demoiselle. Nous devons nous rendre à la clinique pour faire des radios, et la préparer.

— Oui, c'est prévu, je m'en occupe.

Claudia revient avec une robe simple, manches longues, et un haut col. Je porte des chaussures à petits talons, sans bas. La Docteure me tend un verre et me demande de le boire, ce que je fais en toute confiance. On sort de la chambre, une voiture nous attend sur le perron. Nous montons, Claudia, la Docteure Claude et moi à l'arrière de la voiture.

Le trajet est assez long, mais je me sens bien. Je suis assise au milieu de la banquette, détendue. Le ronron de la voiture me fait dormir durant ce long trajet.

Arrivée à la clinique, Claudia doit me réveiller. On entre quelque part... J'ai soif, une infirmière, me donne à boire.

La Docteure est assise devant son bureau. Elle consulte des documents, des rapports, des radios sûrement. Elle me dit en face.

— Mademoiselle Béatrice, j'ai prévu plusieurs choses pour vous aider, et corriger quelques petits défauts, mais rien de grave. Premièrement : je vais vous prescrire un traitement expérimental, qui sera associé à d'autres médicaments et des compléments alimentaires. Cette thérapie est destinée à vous aider à avoir des ongles plus solides, ainsi que des cheveux plus épais et plus longs. Tout tourne autour de la kératine, et de l'activation des précurseurs de la kératine. Ce traitement devrait vous aider à avoir un volume de cheveux plus important.

— Je ne devrais plus porter de perruque ?

— C'est bien cela Mademoiselle Béatrice. Vos cheveux naturels seront bien plus beaux, plus abondants. Ils pousseront aussi plus vite.

Je ne savais pas que c'était possible. Je dois dire que j'ai déjà des cheveux denses, et que je ne me suis jamais inquiété à leurs sujets.

— Deuxièmement : j'ai prévu quelques opérations mineurs sur votre visage. Notamment, le tour de vos yeux. Ce sont des actions courantes, trois fois rien.

Troisièmement : une opération sur votre ...torse, ...buste, je dois encore y réfléchir, mais cela me semble nécessaire.

Ces interventions sont obligatoires pour rester dans le C.R.F., mais rassurez vous, j'en ferais le moins possible.

— C'est... beaucoup de... choses...

Je me sens bien, trop bien, envie de dormir.

— Je ne... veux pas... changer... de sexe.

— Non, rassurez-vous, que des actions purement esthétiques. Pas question de toucher à votre sexe, ni de vous blesser ou vous faire du mal.

— ... Oui Docteure ... Claude.

Claudia me secoue, j'émerge, je la vois devant moi et elle me parle.

Je suis dans le cabinet de consultation du Docteure Claude. Elle est en face de moi et Claudia me tend un document.

— Vous devez signer Mademoiselle Béatrice. Vous devez m'autoriser à vous soigner.

— Je suis fatiguée...

— Béatrice, tu dois signer !

Claudia me met un stylo dans les mains. Je signe, je ne sais plus, envie de dormir.

Je m'endors plus ou moins. Je sens que l'on m'aide à me lever. Je suis assise sur une chaise roulante, et on traverse des couloirs de plus en plus brumeux. On me pousse dans une chambre. On me porte dans un lit, je dors.

Tout est flou. Je me souviens de presque rien, quelques détails, quelques instants où je ne dors plus, un matin lumineux, ou une après-midi calme...

Je me trompe, c'était un après-midi, lumineux et chaud. Douloureux aussi. J'avais mal, mais sans bien définir où. Je ne pouvais pas bouger. Quelqu'un s'est approché, puis rien...

Ho, ma tête, la chambre était plongées dans le noir. Ma tête, et encore une personne qui s'approche. J'ai moins mal, je me rendors doucement.

Le lit bouge, je suis surprise, inquiète. Le lit bouge, des lumières défilent au plafond, un choc, suivit d'un bruit de porte. Et encore des lumières qui défilent. Une pièce étrange une forte lumière vient encore du plafond. Des choses recouvertes de tissu vert. Des bruits de machines comme des respirations, on pose quelque chose sur mon visage, je m'endors.

D'autres bribes, fragment de souvenirs flou, mélangés.

Mais une constante, dans chaque souvenir, je suis allongée, immobile dans un lit qui parfois bouge, ou pas.

Aujourd'hui, c'est un peu différent. Mon lit bouge, mais il tangue aussi. Encore un bruit de porte, mais différent. Ça ressemble à une porte de voiture, ou plutôt de camionnette. Mais pourquoi cette porte de camionnette ? Un bruit de sirène. C'est une ambulance. Mais je m'endors encore, je sommeille, presque réveillée par les cahots de la route. Je somnole.

J'entrevois le visage de Claudia ? Mais que fait-elle. J'entends la voix du Docteure Claude. Elles discutent ensemble, mais je ne comprends rien.