Mademoiselle Claudia organise une réunion.
— Mesdemoiselles, La Docteur Claude a reporté la réduction de taille de Béatrice. J'avais prévu une première épreuve pour notre poupée, après sa réduction de tour de taille. J'ai décidé que cette épreuve sera faite cette semaine. Vu le temps de préparation, je vais la simplifier. Cette épreuve consiste à envoyer Béatrice faire une action à l'extérieur de l'école. Le but, est de la confronter au monde réel, et à se comporter comme une femme dans la société. Sortir, se rendre dans un magasin du centre-ville, faire quelques achats et revenir à l'école. Ce sera sa première sortie en femme.
— Ho, mais je n'oserais pas. Je ne voudrais pas être en ville et que quelqu'un s'aperçoive que je ne suis pas réellement une femme.
— Le but, est d'apprendre à être femme dans la société. Comme c'est la première fois, on va simplifier ta tenue. Robe simple, avec une jupe droite, pas de décolleté. Maquillage léger, coiffure simple. Mais tu devras porter ton corset. De toute façon, tu ne peux plus te tenir debout sans le soutien ferme de ton corset. Simplement, pas de ceinture sur la robe. Ceci pour cacher ta taille de guêpe. En fait, une tenue féminine, mais simple, banale.
— Merci Mademoiselle, je n'oserais pas sortir avec une robe extravagante, et un maquillage trop voyant. Si je dois sortir, je préfère être discrète. Je ne suis pas du tout à l'aise, habillée en femme.
— Le but de cette épreuve, est de te fondre dans la foule en tant que femme. En seras-tu capable ?
— Je ne sais pas... Si ma tenue est modeste, banale, que je ne me fasse pas remarquer, alors oui, j'espère.
— Angélique, Estelle ! Voulez-vous la préparer maintenant ! Maquillage simple juste fond de teint, yeux soulignés très légèrement, rouge à lèvre naturelle. Pour la coiffure, simplement une queue-de-cheval. Robe droite, unie.
Ma préparation est simple et rapide. Je ressemble à une fille banale, bien que j'ai gardé mon corset sous la robe. Heureusement que la robe n'a pas de ceinture, ce qui cache ma silhouette corsetée.
Mais Estelle n'est pas satisfaite.
— Mademoiselle, je la trouve trop banale. Il y a bien ces chaussures à talons aiguilles, mais il manque une touche d'originalité.
— À quoi pensez-vous ?
— Des bijoux, au moins des boucles d'oreilles, et une autre idée, si on lui faisait des ongles très longs. Des ongles effilés et décorés.
— Bonne idée Estelle, je vous laisse faire.
Les boucles d'oreilles sont vite mises en place. Elles sont longues et descendent sur mes épaules.
Les ongles demandent beaucoup plus de temps. Ils sont vraiment très longs et pas discrets du tout. Enfin, je semble être prête.
Claudia me donne vingt Euros en pièces, un petit sac et une petite liste de course. Je me rend compte que manipuler des pièces de monnaie avec mes ongles n'est pas simple. Je n'arrive pas à ouvrir le petit sac. Impossible de défaire le noeud avec ses ongles trop long. Avec mes talons, cela fait beaucoup.
Au moment de sortir, j'interpelle Mademoiselle Claudia. — Mademoiselle, je voudrais changer de chaussures. Vous avez dit que je doit être banale, mais je porte des talons aiguilles de douze centimètres. Cela va attirer tous les regards.
Avec mes boucles d'oreilles et mes ongles trop longs, je ne suis plus dans la discrétion.
— Oui ma belle, mais ça, c'est ton problème. Allez ouste ! Dehors !
Je suis conduite en voiturette en dehors du domaine. Et poussée dans la rue. Je suis seule, la rue ou plutôt l'avenue est déserte. Je dois me rendre dans une petite ville à presque un kilomètre. Dans un magasin, une épicerie fine. Je suis à pied. Je me mets en marche, mais je porte des talons aiguilles très hauts. Complètement anachronique avec ma robe simple.
Il me faut du temps pour parcourir cette distance. Je ne peux pas marcher très vite avec mes talons, et le corset qui limite la longueur de mes pas. Encore cent mètres pour arriver au magasin. Deux femmes me croisent, elles me regardent bizarrement. Je me rends compte qu'elles sont surprises de voir une femme avec de telles chaussures. Personne ne fait de longues marches en hauts talons.
J'entre enfin dans le magasin. Il me faut demander à la vendeuse les articles de ma liste. J'ose à peine parler. J'ai peur que ma voix trahisse ma véritable nature. Alors je parle très bas en chuchotant. Au moment de payer, un homme entre dans le magasin. Il me regarde avec indifférence, mais son regard change quand il remarque ma façon de marcher, sur la pointe des pieds. Il s'approche, me dit bonjour, mais d'une manière dérangeante. Je paye vite, du moins, j'essaye, mais mes ongles m'empêchent de trier ma monnaie. Je vide toute cette monnaie, et je laisse la vendeuse prendre ce qu'elle a besoin. Son sourire complice me dit qu'elle a compris mes problèmes de manipulation avec mes ongles si longs. Je veux partir. Quitter le regard de cet homme, qui me détaille, m'inspecte.
Vite sortir d'ici. Dans la rue, deux hommes remarquent aussi ma démarche perchée sur mes talons. J'entends des sifflements, une invitation assez choquante. Je m'éloigne le plus vite possible, mais avec mes talons, je ne peux pas marcher très vite, et mon corset m'étouffe. Je suffoque, ce qui fait gonfler ma poitrine et excite encore plus ces deux types.
Je veux me sauver, mais impossible d'avancer plus vite. J'étouffe, je marche le plus vite possible, mais à petit pas. Cela semble les exciter encore plus.
— Laissez-moi...
J'accélère le pas, mais ce n'est pas possible, mon corset me l'interdit. Mes talons aussi, trop hauts pour courir.
Deux femmes sur l'autre trottoir devant moi, je traverse, espérant une aide. Elles ne bougent pas, mais les deux types s'arrêtent de me suivre. Je dois retourner dans le domaine, dans l'école le plus vite possible.
Un troisième jeune homme a rejoint les deux premiers et me suivent. Je me presse, je suis bien trop lente. Ils me rattrapent, me bousculent, me traitent de pute parce que je refuse d'embrasser le plus entreprenant. Maintenant, j'ai peur. Ils sont trois et le quartier est isolé. Je suis bousculée, insultée. Ils sont deux à me tenir par les poignets, et le troisième essaye de m'embrasser. Il pue le tabac et l'alcool.
— LES FLICS !
Je me retrouve seul. Une voiture de police s'est arrêtée. Je tremble sur mes jambes.
— Ne rester pas là mademoiselle. Vous ne devriez pas sortir seule. À l'avenir, portez une tenue plus discrète, moins sexy.
— Mais c'est eux...
Ils sont déjà partis. Je dois me dépêcher de rentrer, le chemin est long, mes pieds sont douloureux et je suis épuisée de lutter contre mon corset. Je serre les dents, vite, plus vite, j'étouffe, plus vite. Hoo mes pieds. Encore cent mètres. Je me retourne, je suis seule. Cinquante mètres. Je m'approche du domaine.
C'est à bout de souffle, que j'arrive devant le portail. Ma poitrine est douloureuse à force de lutter pour un peu d'air. Je suis épuisée, d'émotion, de peur et de lutte contre les contraintes que l'on m'impose. On ouvre, Mademoiselle Claudia m'accueille. Quel soulagement.
— Mademoiselle, j'ai réussi à faire la course, mais je me suis fait agressée. J'ai eu très peur.
— Tu a très bien réagi. N'oublie pas que ton corset peut aussi être une protection, une armure.
Je n'y avais pas pensé, mais pourquoi pas.
— Je te félicite ma chérie. Je vais bien sûr en informer Mademoiselle De Caylus, du succès de ta première épreuve en public. Demain, journée de repos. Je pense que cela te sera profitable.
— Merci Mademoiselle, en effet, je suis épuisée.
Le retour dans mes appartements est un soulagement. Je retrouve le calme le confort et la sécurité. Je me sent bien, soulagée d'avoir terminé cette épreuve. je... me sent... plus féminine... Belle...
L'école de Mademoiselle I
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© Fred Pody 2023