L'école de Mademoiselle II

Quel accueil. Nous sommes reçues comme des princesses.

Madame Yolande, la directrice nous invite dans son grand salon.

— Installez-vous. Nous allons bavarder un peu avant de vous exposer mon projet et votre rôle. Je vous en prie, asseyiez-vous.

Oui, mais non. Je dois lui dire au sujet des corsets que l'on porte. J'espère que l'on pourra être hôtesse. Je ne voudrais pas tout casser, mais je dois en parler. Je me retourne vers Angélique qui ne bouge pas, ne sais pas quoi dire...

— Madame, Angélique et moi, on aimerait vraiment nous asseoir auprès de vous.

Je fais quelques pas vers elle.

— Je ne sais pas si on vous a prévenue. Angélique et moi, aimerions vraiment devenir hôtesse dans votre projet. Mais vous devez savoir que l'on porte des corsets spéciaux. Très rigides et très longs. On peut se tenir debout, marcher lentement, mais on ne peut pas s'asseoir ni se pencher. Mais je vous en prie, on voudrait essayer, je suis certaine que l'on y arrivera.

— Ne vous tracassez pas pour les corsets. Je saurais vous trouver un emploi adapté. Je vais même m'en servir, vous allez toutes les deux me servir d'hôtesse spéciale. Je pense avoir une idée qui devrait vous plaire si vous aimez tellement les corsets.

Je suis soulagée. Certaine, maintenant que l'on va être bien dans ce travail.

Madame Yolande nous explique le concept de ces soirées à thème.

— Le principe : les invitées arrivent dans l'après-midi, et sont accueillies par les hôtesses. Chaque invitée choisira son style parmi nos hôtesses. Elle devront avec l'aide de notre personnel, s'habiller, se coiffer et maquiller exactement comme l'hôtesse qu'elle auront choisie.

Ensuite, les invitées, accompagnées par les hôtesses, pourront s'installer à leur table pour le dîner dansant.

Il est prévu que les hôtesses invitent nos clientes à danser. Il est également prévu des "escorte-boy" pour celles qui le désirent.

En fin de soirée, sera choisie et élue la "Miss 1950" parmi nos plus belles clientes. Le prix sera une invitation privilégiée à notre prochaine soirée.

Cela me plaît beaucoup. Je suis curieuse du rôle que Madame Yolande va nous donner.

— Suivez-moi, Mesdemoiselles. Je vous montre le dressing et les loges de maquillage et de coiffure.

On traverse un petit village étrange. Les maisons sont toutes identiques, sauf la couleur. Elles sont petites, sans étage, séparées de la chaussée par une pelouse. Au bout de ce village, une maison bien plus grande, mais dans le même style. L'ensemble est propret, très coloré, agréable. Tout est neuf, mais ne me semble pas habité.

Je demande à Madame Yolande.

— C'est bizarre, il n'y a personne.

— Non, ces maisons sont des appartements qui serons loués à nos clientes. Mais on n'a pas encore commencé les soirées. Ce sera très différent ce week-end. Le premier dîner dansant est prévu samedi, dans deux jours.

Il reste peu de temps pour se préparer. Je ne pensais pas que la première soirée arriverait aussi vite.

Madame Yolande nous fait entrer dans la grande maison. Après un hall d'accueil, on entre dans une grande pièce. Elle est remplie de portants, sur lesquels sont suspendues une quantité de robes incroyable. Il y a au centre une petite estrade, et sur le mur en face, un grand miroir.

— C'est le dressing, les loges pour se maquiller et se coiffer, sont derrière cette porte. Il y a aussi une autre pièce toute en longueur, pour s'entraîner à marcher et faire quelques pas de danse.

Deux femmes nous attendent, devant une grande table. Je comprends leur rôle en voyant un mètre-ruban dans leurs mains et un porte-aiguilles au bras.

— Je vais commencer par vous choisir un rôle et un style personnalisé. Ne vous en faite pas, je tiendrais compte de vos corsets. J'ai prévu de vous consacrer toute une journée, les autres hôtesses ne viendront au village qu'en début d'après-midi, elles seront déjà prêtes pour la soirée.

— Et nous ? Quand doit-on venir ?

— Avant, les couturières doivent prendre vos mensurations.

Elles s'approchent. L'une prend mes mesures et l'autre les note sur un carnet. De même pour Angélique.

Quand c'est terminé, Madame Yolande nous dit.

— Je vous donne rendez-vous ici, samedi matin.

Samedi huit heures du matin, Angélique sonne à la porte de la grande maison, au bout du village.

Une des deux couturières nous ouvre, et nous conduit dans le grand dressing ou Madame Yolande nous attend.

— Bonjour Mesdemoiselles. J'espère que vous êtes bien reposées, la journée sera longue.

Elle appelle les deux couturières. Pas de temps à perdre. Madame Yolande les presse de commencer de suite leur travail.

Les deux couturières s'approchent, et m'entraînent au centre de la pièce.

— Mademoiselle, je vais vous aider à vous déshabiller.

Et sans attendre, elle passe derrière moi, baisse la fermeture éclair dans mon dos, mon bustier est retiré, l'autre couturière défait ma ceinture et m'enlève ma jupe. Il me reste mon corset, mes bas et mes chaussures.

Madame Yolande me demande.

— Mademoiselle Béatrice, votre corset est-il serré au maximum ? Pouvez-vous le serrer encore plus ?

J'ai peur de lui dire. Ce matin, Claudia avait demandé que l'on porte une robe simple, et mon corset avait été serré "normalement". Que répondre ? Si j'avoue que je peux supporter plus étroit, elle exigera sûrement que je me serre plus. Si je mens, alors on n'est plus dans la confiance, la relation serait faussée. Si je ne mens pas, j'entraîne aussi Angélique dans un chemin difficile. Elle exigera aussi qu'Angélique resserre son corset. Je dois répondre. Je veux être honnête...

— Madame, Angélique et moi, on porte le même corset, mais très serré. Pour ma part, je pense que je peux supporter encore plus serré... Je me suis déjà serrée plus fort, mais... c'est dur à supporter.

— Merci de votre honnêteté, je m'en doutais un peu. Et vous Angélique. Pouvez-vous vous serrer plus ?

— Madame, si c'est vraiment nécessaire, oui, je peux me lacer plus serrée, mais j'aurais besoin d'aide.

— Moi aussi Madame, je ne pourrais pas me serrer plus sans aide.

— Très bien, mes deux couturières pourront vous lacer plus fort. Il est indispensable pour mon projet, que vous ayez toutes les deux, une taille exceptionnellement étroite.

Les deux couturières m'encadrent, elles défont les lacets pour aussitôt tirer de toute leur force. Elles prennent appui sur mes hanches, et tire encore plus fort sur les lacets. Manifestement, elles savent parfaitement comment me corseter très étroitement. Elle insiste essentiellement sur ma taille. Elles ne cherchent pas à me comprimer la poitrine ni les hanches déjà bien serrée, non, tout l'effort se concentre sur la réduction de ma taille. Elles cherchent manifestement à me faire une silhouette avec la taille étranglée, la taille de guêpe, une silhouette extrême, étonnante. Si pénible à supporter. Une taille étroite et douloureuse.

Les deux couturières font une pause. Elles sont fatiguées ? C'est moi qui suis épuisée, qui souffre avec cette taille si durement réduite.

Madame Yolande prend un mètre ruban et mesure ma nouvelle taille. Verdict : quarante-trois centimètres. Un centimètre de moins que mon tour de taille que l'on m'impose pour les soirées, mais deux centimètres de moins que ma taille du matin. Mademoiselle Corsélia m'avait autorisée à me serrer un peu moins le matin... C'est raté, elles m'ont fait descendre encore plus bas.

— Béatrice, vous pouvez vous reposer, le temps de nous occuper de Mademoiselle Angélique.

Je m'écarte, et reste debout, appuyée contre le mur. Angélique est déshabillée, et les deux couturières entreprennent de resserrer son corset. Elles insistent surtout sur la taille d'Angélique qui se réduit encore plus. Sa silhouette change, sa taille encore plus marquée. Elle a des difficultés pour respirer.

— Ho, c'est dur, vous me scié la taille.

Je plains ma chère Angélique, bien que je viens de subir le même sort. Les deux couturières prennent ces mesures. Je n'en retiens qu'une seul, son tour de taille qui est descendu à quarante-trois centimètres, tout comme moi.