— Mademoiselle Béatrice, on commence par vous.
J'appréhende les choix de Madame Yolande. A peine arrivées qu'elle resserre nos corsets. Je vois bien qu'Angélique respire difficilement, tout comme moi...
— Mademoiselle Béatrice, j'ai vu une photo de vous en robe large, soutenue par des jupons. Très 1950. Ce genre de robe vous va très bien. J'ai donc choisi pour vous une robe blanche à pois noirs. Très graphique. Large décolleté, pas de manche, mais le haut des bras tenu par un large ruban. Votre robe s'étalera très largement sur des jupons superposés, extrêmement volumineux.
J'aimais beaucoup cette robe. Mais j'ai un mauvais souvenir dans le métro. Robe large et grand décolleté, totalement inadaptée dans ce métro.
Madame Yolande poursuit.
— Bas blancs, et escarpins blancs à talons aiguilles très fins de douze centimètres.
Je me doute que je dois porter des talons très fins et très hauts.
— Et pour compléter, large ceinture métallique qui soulignera la finesse de votre taille. Cette ceinture ne se règle pas. Elle se ferme uniquement à quarante-trois centimètres. J'en ferais faire plusieurs. Une pour vous, bien sûr et les autres pour les invitées qui voudraient porter la même robe que vous. Et oui, toutes celles qui voudront adopter votre look, devront avoir le même tour de taille que vous.
L'idée de la ceinture me plaît. Ce sera ma petite vengeance. Vous pourrez me ressembler, mais vous souffrirez comme moi dans un corset bien serré. Si elles sont capables d'atteindre les quarante-trois petits centimètres de tour de taille. Ho oui, j'adore le principe. Ma petite vengeance, mon petit plaisir.
Madame Yolande demande aux couturières de me faire porter les jupons.
Pour mon épreuve en ville, j'avais dû porter trois jupons superposés. Je suppose que c'est le même genre de jupons.
Et bien non... Le premier jupon est bien plus volumineux que ce que j'avais porté. Il descend jusqu'en dessous des genoux.
Puis le deuxième, tout aussi volumineux. Et un troisième qui s'étale largement. Ma robe par-dessus serait largement étalée. Mais non, elle sort un quatrième jupon, qui s'étale presque à l'horizontale. Et un cinquième, plus lisse avec moins de volute de tulle, mais qui lui, est horizontal. Dans le miroir, je vois les jupons superposés, formant comme une demi-sphère. La partie ronde en bas. Le haut, plat à l'horizontale. Je ne peux même pas atteindre les bords avec mes bras écartés.
Madame Yolande m'inspecte.
— Dites moi Béatrice, quel est la hauteur de vos talons ?
— Onze centimètres, Madame.
— Oui, je m'en doutais. Ce sont presque douze, mais un centimètre de plus ne changera rien. Avec ce volume de jupons, il faudrait que vous soyer plus grande, de sorte à équilibrer votre silhouette. Vous serez plus impressionnante si vous grandissez... Bien, vous allez changer de chaussures.
Madame se tourne vers une couturière.
— Mademoiselle ! Allez me chercher une paire de chaussures à semelle compensée. Prenez un modèle en blanc et les plus hautes.
La couturière revient avec une boite.
— Ce sont les plus hautes Madame. La semelle fait six centimètres et la hauteur entre le talon et la pointe du pied douze centimètres.
— Merci, vous pouvez chausser Mademoiselle Béatrice.
La couturière doit se mettre à genoux, pour passer sous mes jupons. M'enlever mon escarpin et me chausser de cette chaussure beaucoup plus haute. La deuxième couturière m'aide à me tenir bien droite, pendant que sa collègue me chausse l'autre pied. Je grandis subitement de... Dix-huit centimètres. C'est vraiment très haut. Mes pieds cambrés au maximum, et perchés sur ces hautes semelles. Je me sens en équilibre instable. Je n'ose pas bouger, pas faire un seul pas. Pourtant, j'adore être plus grande. C'est une sensation délicieuse de dominer mon espace.
— Béatrice ! Voulez vous essayer de marcher. Mesdemoiselles, tenez-lui la main. Je sens que notre jolie Béatrice n'est pas très stable. Avancer à pas minuscules, posez bien le pied, prenez votre temps.
Je marche, lentement avec précaution. Heureusement que j'ai suivi un entraînement à la marche en hauts talons. Je dois appréhender la hauteur sous la pointe de mes pieds. Je me sens plus franche, je dois juste marcher lentement en me concentrant sur ma démarche. Je fais quelques pas, plus stable, mais je dois vraiment faire très attention. Ho, je me vois dans un grand miroir. Je comprends la remarque de Madame Yolande. Mes jupons sont vraiment volumineux et la hauteur de mes talons équilibre ce volume. Je me sens belle, attirante. Mais si fragile, si raide à cause de mon corset.
— Bien ! La robe maintenant.
Je sors de ma rêverie. La robe bien sûr...
Une couturière la tient dans ses bras. Elle est blanche avec des pois noirs, me semble plissée, et grande ou longue. Les deux couturières doivent tenir cette robe à bout de bras. La passer au-dessus de ma tête, mais j'ai grandi de dix-huit centimètres et mon corset m'interdit de me baisser.
Ensuite, je dois passer mes bras dans ce qui pourrait être les manches courtes du bustier. En fait, c'est un large ruban, qui passe sous la poitrine et s'attache dans le dos. Mais avant, il faut fermer le bustier avec la fermeture éclair derrière moi. Le bustier bien en place, je me rends compte qu'il est très décolleté. Épaules nues, le haut de ma poitrine exposé. Elles serrent le ruban et font un grand noeud dans le dos.
Le ruban me comprime le bas des seins, qui sont déjà relevés par le corset. Mais en plus, il me plaque les bras contre mon buste. Les deux couturières m'ont serrée très fort. Je ne peux plus les écarter ! Ma robe est si large, qu'avec mes bras serrés contre le buste, je dois plier les coudes, poser mes mains sur le sommet de la robe.
Dans le miroir, je vois une jeune femme avec cette robe incroyablement large. Une posture guindée. Une touche de provocation avec ce décolleté osé, et cette poitrine gonflée, qui cherche à s'échapper et gonfle à chaque inspiration.
Je suis mal à l'aise avec ce décolleté provocant. J'en oublie presque mes talons extrêmement hauts, mon corset qui m'étouffe et mes bras prisonniers, entravés.
Madame Yolande me fait marcher dans la salle. Je m'avance à petit pas, me tourne, et m'éloigne un peu, pour ensuite revenir vers elle. Je dois vraiment me concentrer sur mes talons. Chaque pas doit être fait avec précision, délicatement. Mes bras attachés ne m'aident pas pour l'équilibre. Mon corset non plus. Tellement rigide, tellement serré. Elle me demande de tourner. Je le fais avec crainte, mais très concentrée. Ma robe bouge, danse autour de moi, elle est comme vivante, tellement mouvante. Elle me donne envie de danser. Chaque pas la fait onduler, mais quand je me retourne, c'est un tourbillon de jupons, un manège magique, léger qui me caresse les jambes...
— Merci Mademoiselle Béatrice. Vous nous avez donné un petit spectacle merveilleux.
Madame Yolande se tourne vers les deux couturières.
— Mesdemoiselles, apporter la ceinture et la pince à sertir.
Elles reviennent, l'une portant une pince bizarre et l'autre sur un coussin, comme une couronne, la fameuse ceinture. Elle est haute, L'avant est encore plus haut. La ceinture semble en or, parfaitement lisse.
— Vous vous interrogez, c'est normal. La ceinture ne se règle pas. Elle est prévue pour une taille de quarante-trois centimètres.
Elle est en acier plaquée, or. Haute de huit centimètres, mais sur le ventre, elle est un peu plus haute.
La fermeture se fait avec une pince à sertir. L'ouverture demande un outil spécial. Je ne peux vous fermer cette ceinture que si vous êtes parfaitement habillée et corsetée. Il sera ensuite impossible de la retirer, sans mon autorisation.
Les deux couturières s'approchent, placent la ceinture autour de ma taille. Elle me semble trop haute. Je n'ai pas le temps de réagir qu'elles ont placé la pince sur la ceinture, dans mon dos. J'entends un bruit de cliquet et la ceinture me serre impitoyablement. Ma taille corsetée, faisait une courbe, mais la ceinture écrase cette courbe. Ma taille est devenue parfaitement cylindrique, parfaitement lisse et dorée. Il y a comme un claquement. Elle enlève la pince. Je devine que ma ceinture d'acier est sertie sur moi.
— Vous pouvez vous reposer. On s'occupera de votre coiffure et maquillage après l'habillage de mademoiselle Angélique.
Dans le miroir, je vois une poupée, coupée en deux par cet anneau métallique. Je me sens belle, attirante et étrange aussi. Mon regard ne peut quitter cette ceinture qui me coupe en deux, ma taille si étroite au reflet d'or.
C'est au tour d'Angélique. Elle doit changer de chaussure, et porter les mêmes que moi. Plate-forme de six centimètres et talons aiguilles extrêmes de dix-huit centimètres. Je la vois faire quelques pas, avec précaution. Elle aussi a suivi un long entraînement avec des talons très hauts. J'adore sa posture, élégante, étonnante à l'équilibre si fragile.
Madame Yolande tourne autour d'Angélique. Je suppose qu'elle ne portera pas la même robe que moi.
— Angélique, pas de jupons pour toi, j'ai une autre idée. Mesdemoiselles ! Apportez-moi la robe fourreau, la rouge.
Elles apportent une robe unie, rouge... Le rouge Ferrari, satin luisant et reflet rouge profond.
Angélique doit l'enfiler par le bas. Madame Yolande et ces deux couturières ne sont pas de trop pour guider la robe, la tendre, la tirer vers le haut. Angélique, est en équilibre instable sur ses talons. C'est difficile, la robe est extrêmement étroite. Angélique doit garder les jambes collées ensemble.
Une couturière ajuste la traîne qui part de dessous les genoux, et s'étale en arrière sur plus de deux mètres. Des jupons de dentelles noirs se devinent sous la traîne. Elle semble suivre Angélique, sans jamais la dépasser. Sa jupe étroite s'arrête au niveau de ses chevilles, et découvre ainsi, ses chaussures aux talons vertigineux. Elle semble perchée sur un minuscule socle, dans une posture instable.
Je devine la tension de la robe sur ses jambes, qui semblent être d'un seul bloc, tendues, serrées.
Le bustier de la robe, ressemble au mien. Très décolleté, fermé dans le dos, et ce ruban par-dessus les sangles qui tirent les bras en arrière. Son bustier révèle la finesse de sa taille contrastant avec ses hanches et les fesses un peu trop proéminente, sexy...
Madame Yolande la fait marcher, ce qui pose de suite un problème. Angélique à les jambes tellement serrées, qu'elle ne peut pas bouger. Il lui faut un moment pour avancer en piétinant. Elle ne parvient pas à mettre un pied devant l'autre. Angélique bouge à peine avec ces petits pas ridicules de quelques centimètres.
Ce tout petit déplacement semble satisfaire Madame Yolande. Elle demande qu'on lui apporte la ceinture métallique, prévue pour Angélique.
Elle est placée sur sa taille. Un bruit de cliquet, suivi d'un claquement sec. Angélique sursaute ! La ceinture est sertie et comprime visiblement sa taille déjà minuscule.
— Parfait, je suis heureuse du résultat. Deux robes très différentes, et pourtant, la même coupe du bustier et les mêmes chaussures, démontrent que vous êtes habillée par la même styliste. Mes deux couturières vont vous aider à rejoindre le salon pour vous coiffer et vous maquiller.
Elles nous conduisent, mais Angélique est vraiment très lente.
Dans le salon, les deux fauteuils ont été remplacés par deux petits bancs capitonnés. Elles devaient savoir que l'on porterait des corsets qui nous interdisent de s'asseoir. La coiffeuse attendait que l'on soit installée pour intervenir. Ho, mais je la connais !
L'école de Mademoiselle II
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