Mercredi. Pas de cours le matin. Une corvée en moins.
Estelle nous conduit vers le "salon de la chaussure". On passe devant l'atelier de corseterie, qui est dans le même couloir. En face une porte marquée "Centre Esthétique" et en petit, coiffure-maquillage-Parfumerie. Encore quelques pas, et on entre dans le salon de la chaussure.
Le salon ressemble à un magasin de chaussures. Rien d'étonnant, mais je m'attendais à quelque chose de plus... spécial.
Les autres élèves arrivent deux par deux, accompagnées de leur tutrice.
Mademoiselle Daphnés, spécialiste des hauts talons nous accueil.
— Bienvenue Mesdemoiselles. Je remarque que certaines d'entre vous portent déjà des chaussures à talons. Qui n'a jamais porté de talons hauts ?
Amandine, Brigitte, Margaret et Nathalie lèvent la main.
— Parfait, je vais commencer pour vous quatre. Ne craignez rien, nous commencerons avec des talons très raisonnables. Mademoiselle ... " Elle regarde sa fiche "Mademoiselle Amandine, installez vous ! Je vais vous faire porter des chaussures faciles, talons larges et hauts de seulement. Sept centimètres.
Les premiers pas d'Amandine sont prudents. Pourtant, ses talons ne sont vraiment pas hauts.
Les quatre élèves novices, sont chaussées de la même manière. Mademoiselle Daphnés les fait marcher dans le salon, en leur prodiguant quelques conseils. Je remarque que Nathalie est très appliquée, elle suit tous les conseils, contrairement aux trois autres.
— Les suivantes, qui portent des talons modestes, Mesdemoiselles Clarisse, Liliane et Sylvie, vous allez porter des talons de neuf centimètres.
Elles portent les mêmes chaussures, mais avec des talons plus hauts. Les premiers pas démontrent qu'elles ont l'habitude des talons.
— Mesdemoiselles Angélique, Béatrice, Éveline, Suzanne et Lydie.
On se présente devant Mademoiselle Daphnés
— Parfait, pour ce groupe, je propose des talons de neuf centimètres. Vu les chaussures que vous portez, ce sera sans difficulté.
Angélique et moi, on se regarde. Bon corset léger et peu serrés, chaussures faciles et pas très hautes. Je ne me sens pas dans un processus d'entraînement intensif. Cela fait longtemps que je porte une tenue si légère, si peu contraignante. Je regrette presque mes hauts talons et mon grand corset très serré.
Mademoiselle Claudia entre dans le magasin et s'entretient avec Daphnés. Elle nous fait face.
— Mesdemoiselles ! Votre attention s'il vous plaît !
Seize jeunes filles en robe simple, mais portant corset et hauts talons, se retournent.
— Durant une semaine, vous devrez garder votre corset serré en permanence. Entendez-moi bien ! En permanence, c'est 24 heures sur 24. Il est très peu serré, pour vous habituer à sa présence. De plus, à partir de cet instant, il vous est interdit de marcher sans vos chaussures à talons. Ce sont les deux premiers éléments de votre futur uniforme. Corset et chaussures à talons. Dans une semaine, votre corset sera resserré et vos talons seront plus hauts.
— Merci Claudia pour ces précisions. Mesdemoiselles suivez-moi, pour votre première leçon de marche élégante.
Daphnés se dirige vers une porte au fond du magasin. Elle débouche sur une grande salle sans meubles. En fait, au sol, est tracé des chemins dans tous les sens, droits, en zigzags ou courbes... Au centre, une estrade avec tout autour, des marches disparates. Des marches hautes ou basses, des marches de diverses formes. Certaines très étroites, d'autre très larges, et même un plan incliné à la pente faible, comme pour un accès handicapé, et à côté une autre pente plus raide.
En avançant dans la salle, je remarque que tous les chemins ne sont pas identiques. Leur revêtement différent beaucoup, il y a des chemins en parquet, en moquette, mais aussi en gravier, un autre en gros pavé, en tomettes et en terre battue, pelouse... Sur ces chemins, il y a aussi des obstacles, petites barrières basses, grilles ajourées, caniveaux à enjamber, petit pont vénitien qu'il faut monter et descendre.
Bon. C'est évident, on va sûrement passer du temps à marcher dans cette salle d'entraînement.
— Votre attention ! Aujourd'hui, vous allez marcher sur des zones simples. Revêtement plat et stable. Ainsi que des escaliers ordinaires. Le but est pour certaines, vous habituer à marcher en talons. Je vous suggère de profiter que votre corset est très peu serré et vos talons pas très hauts, pour bien faire vos exercices de marches. Je vous surveille et vous donnerez des conseils sur votre posture, et votre manière de vous déplacer en talons.
Angélique me prend la main et on déambule sur les chemins indiqués par Daphnés. La balade est agréable, sans difficulté. Je me rappelle la soirée où l'on devait porter des talons beaucoup plus hauts et un corset horriblement serré. Tout l'inverse ici. Tenue légère, sans contrainte. Je me sens comme en vacance, je suis bien au bras d'Angélique.
La plupart des autres élèves se baladent tranquillement, sans effort apparent. Humm vite dit, je vois Amandine, seule dans son coin. Elle ne marche pas. Elle est seule. Je n'ai jamais pu lui parler. Pourtant, j'ai essayé plusieurs fois, mais sans réaction de sa part.
Margaret aussi ne marche pas. Avec elle, c'est possible de parler. Elle ne veut pas de cette école, et m'a confié que c'est sa mère qui l'a inscrite sans rien lui demander. Elle avait un autre projet d'école. Elle voulait faire du droit, ne pas apprendre à être "mignonne" Elle déteste toutes ces "frivolités" Elle m'a dit avec colère "Je ne veux pas porter de corset, de chaussures à talons. Je ne veux pas me maquiller et me coiffer comme une poupée. Je déteste tous ces trucs inutiles. Je veux être libre, faire ma vie comme je l'entends."
L'après-midi, on continue les balades dans la salle d'exercice. Certaines d'entre nous s'essayent aux chemins plus difficiles. Le chemin de gravier est plus délicat, mais le pire est le chemin de gros pavés rond. Dangereux pour les chevilles.
Je monte facilement le pont vénitien. Avec mes neuf centimètres de talons, la cheville est moins tendue en montant. Par contre, la descente m'oblige à une plus forte cambrure du pied. Je descends sans trop de difficulté, mais mes talons ne sont pas trop hauts. Je ne sais pas comment je passerais cette épreuve avec des talons de douze centimètres.
Le lendemain, Estelle nous conduit à l'extérieur, dans le parc de l'école. Apprendre à marcher dans ce décor de verdure, sous un beau soleil de printemps. Corset léger, chaussures à larges talons, si pratique dans ces allées de graviers.
Une belle journée. Chacune a son rythme, on se balade, explore et découvre des refuges de verdures et de fleurs. Angélique m'embrasse, nous somme seul près d'un parterre de fleurs entouré d'if qui nous entourent, nous cachent, nous autorisent à des caresses plus intimes.
Une cloche, nous appelle. On se rejoint toutes devant le perron de l'école. Mademoiselle Claudia, nous invite à entrer et elle nous annonce :
— Pour votre information, d'un commun accord, Mademoiselle Margaret quitte l'école. Son projet d'avenir, ne correspond pas à l'éducation proposée par notre école. Je le regrette, c'est une jeune fille intelligente et d'un fort caractère, mais c'est sa décision que je respecte.
Vu ma discussion avec elle, la veille, je ne suis pas étonnée. Je pense qu'il y aura d'autre départ. J'ai pu aussi parler avec Clarisse, qui m'a confié qu'elle supportait mal d'être corsetée en permanence. Pourtant, elle m'a dit vouloir réussir à passer au moins le premier examen.
Une première semaine de passée à marcher, marcher avec élégance, délicatesse, marcher et encore marcher.
Mais aujourd'hui, Estelle nous fait entrer dans l'Atelier de Corseterie.
— Mesdemoiselles, je vais procéder au premier resserrage de votre corset. Nous entrons dans une nouvelle phase. À partir de ce jour, c'est vous qui choisirez la force de serrage de votre corset. Vous devrez demander de vous comprimer suffisamment pour atteindre les objectifs de tour de taille, exigée par l'école.
— Mais quels sont ces objectifs ?
— Cinquante-cinq centimètres dans un mois et sous les cinquante centimètres, dans deux mois. Aujourd'hui, personne ne devra dépasser les soixante-huit.
Je sors des mains de Mademoiselle Corsélia avec une taille de soixante-huit très confortable. Je regrette seulement de ne pas porter un corset plus long, qui me maintiendrait plus efficacement. Et... Plus serrée aussi...
L'école de Mademoiselle II
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