Ce matin, levé deux heures plus tôt. Première opération, délacer le corset de nuit, ablutions et nouveau corset serré modérément. Une demi-heure plus tard, Coralie me serre encore plus. Maintenant, je subis une très forte compression du ventre, mais aussi des hanches et le bas du buste. Je sais que je devrais subir un dernier serrage du corset, un dernier centimètre à gagner. Le plus pénible, la dernière diminution de mon pauvre ventre. Je dois me détendre. Relax... Et Coralie me serre une dernière fois.
Le corset bien lacé, Coralie peut m'aider à enfiler mes bas, attachés par des jarretières au bas du corset. Chaussures roses, avec des talons aiguilles de quinze centimètres et semelle compensée. Heureusement que j'ai pu m'entraîner depuis plus d'un mois. C'est vraiment très haut, et avec la rigidité du corset, mon équilibre est plus difficile à tenir. Je marche un peu, à petit pas bridé par le corset et en équilibre sur mes talons. Les premiers pas sont toujours délicats. Je dois retrouver des réflexes de mes exercices de marche en hauts talons.
Angélique est déjà installée devant la coiffeuse. Elle ne peut pas s'asseoir et doit se mettre à genoux sur un coussin placé devant la coiffeuse.
Moi aussi, je dois me mettre à genoux. Mon corset m'interdit aussi de plier les cuisses.
C'est Mademoiselle Estelle qui me maquille. Une préparation du visage, de la peau avant un fond de teint très couvrant. Mon visage devient étrangement lisse, parfaitement mat et plus pâle que naturel.
Mes cheveux sont tirés en arrière et recouverts d'un bonnet très tendu. Estelle fait des retouches pour effacer le bord de ce bonnet, et me préparer à porter l'énorme perruque prévue dans l'uniforme de l'école. Mais avant la perruque, elle s'occupe de me dessiner des lèvres très rouges. De me maquiller les yeux, les paupières très marquée, rose luisant. Faux cils épais et noir, long et très large pour m'agrandir les yeux. Tour des yeux noir, intenses, un noir profond qui me fait un regard magique, fascinant.
Mademoiselle Lucie a terminé la coiffure d'Angélique, et vient s'occuper de moi. Je suis comme enfouie dans cette masse de cheveux. Mes yeux partiellement recouverts par de larges boucles blondes. Cette coiffure, qui m'enferme, me caresse les joues, mes épaules et repose sur mes seins. Je me sens perdue au milieu de ces boucles, de cette coiffure tellement volumineuse. Je me sent toute petite, presque protégée, cachée. C'est... Trop... Non... En fait, j'adore. Je regarde Angélique qui porte une coiffure très différente, Cheveux naturels, arrangés en un haut chignon sophistiqué, très élégant. Sa silhouette, étonnante, la taille extrêmement étroite. Les jambes longues, allongées par ses talons. Une poitrine très relevée par le corset, une poitrine conquérante, toute en douceur, en contraste avec sa taille si durement compressée.
Je me relève, pour m'approcher d'Angélique. Un vertige, je me sens faible. J'ai l'impression que je supporte moins bien mon corset. Angélique aussi a manifestement un problème. Elle doit se tenir, dos contre le mur.
— Angélique, tu vas bien ?
— Juste un malaise. Rien de grave.
— Moi aussi, j'ai eu un malaise en me levant. Il me semble que je supporte moins bien mon corset.
— Toi aussi. Ho non... Je suis certaine maintenant que Mademoiselle Corsélia nous a serrées plus que prévus.
Coralie nous a entendues.
— Oui mesdemoiselles, un demi-centimètre de moins sur les consignes de Mademoiselle Corsélia. Elle m'a dit que vous lui aviez confié la conduite du programme de corseterie.
Je suis soufflée. À notre niveau de réduction de la taille, un demi-centimètre, c'est beaucoup.
Je suis descendue à moins de quarante-trois centimètres !!! C'est de la folie.
— Angélique, je comprends mieux pourquoi je suis si faible. Je pense pouvoir tenir. Mais je n'ai jamais eu cette sensation de compression extrême de ma taille. J'espère que tu tiendras. Je te promets de rester auprès de toi, toute la journée.
— Merci Béatrice. Ensemble, on y arrivera. Mais que c'est dur à supporter.
On frappe à la porte. Trois jeunes filles entrent... Clarisse, Suzanne et Liliane. Elles portent une chemise assez ample qui cache leurs formes. Seule leur tête émerge. Des têtes parfaitement maquillées, très pâles. Des têtes qui supportent une incroyable coiffure. Volumineuse et blonde. La même coiffure que moi.
— On nous a demandé de venir dans vos appartements pour mettre notre robe. On ne doit pas montrer notre silhouette avant d'être prêtes.
Notre appartement est trop petit. On passe dans la salle à côté, séparée de notre chambre par une seule porte. Pour enfiler les jupons, nous sommes obligées de nous éloigner les unes des autres.
Estelle m'aide à revêtir mes jupons et ma robe. Il faut les enfiler par le haut, sans déranger ma coiffure. Le bustier de la robe se ferme dans le dos par un lacet. Estelle est étonnée par la finesse de ma taille. Par contraste avec ma robe gonflée par mes jupons, ma taille est vraiment minuscule. Mes jupons sont tellement larges que je ne peux pas atteindre leur bord, même avec les bras tendus.
Angélique est la dernière à s'habiller. Pas de larges jupons, mais une robe longue, étroite. Toute noire, soulignée de bandes verticales brillantes. La jupe est fendue sur le côté droit. Un grand décolleté montre sa poitrine et ses épaules. Mademoiselle Corsélia, lui ajuste une ceinture métallique, qui lui étrangle la taille. Elle est assez haute et souligne sa minceur incroyable.
Mesdemoiselles Corsélia, Coralie et Estelle, nous inspectent. Elles recherchent le moindre défaut, cheveux rebelles, faux plis, maquillage.
On attend l'autorisation pour sortir, de rejoindre les élèves de retour de vacances. Mademoiselle Blanche De Caylus, va nous recevoir dans la grande salle de réception. Mais on attend...
Mademoiselle Claudia ouvre la porte, elle appelle Estelle, lui dit quelques mots et repart.
Estelle nous annonce que l'on peut se rendre dans la salle de réception.
— Mesdemoiselles, toutes les élèves de l'école sont revenues, elles sont toutes en uniforme, sauf Mademoiselle Lydie. Elles attendent dans la salle. Nous allons entrer dans cette salle, mais en formant un groupe compacte, bien alignée. Mademoiselle Angélique en tête, suivie de Béatrice et de Suzanne, ensuite Liliane et Clarisse. Vous devrez entrer jusqu'au milieu de la salle et rester bien alignées, en formant un carré, avec Angélique devant. Le but, est d'être impressionnantes et de montrer que vous formez un groupe très soudé. Soyez élégantes, fières et impressionnantes.
On sort de la salle. Dans les couloirs, on doit se déplacer en file indienne. Le couloir est trop étroit pour nos larges robes.
Arrivée devant la salle de réception, on s'aligne en formant un carré, Angélique seul devant nous. Les doubles portes sont ouvertes et on entre avec une certaine solennité.
C'est un groupe uni qui entre dans la salle. Angélique s'avance sans hésiter vers le centre de la salle. Nous la suivons de près. Biens alignés, presque comme des militaires. Mais avec une large robe rose, des talons qui claques, qui nous grandissent. Et cette silhouette avec une taille minuscule. Par contraste avec la largeur de nos robes, c'est comme si le corset nous coupait en deux.
Angélique avance, hautaine, sans un regard vers sa rivale. Elle s'arrête au centre de la salle. Suzanne et moi, on se place aux côtés d'Angélique. Liliane et Clarisse s'approchent aussi très près. On lui forme ainsi, comme une garde, faite par quatre poupées roses, à la silhouette étrangement étranglée au-dessus d'une robe large, et d'immenses jupons blancs. Angélique avec sa robe noire, si étroite, contraste avec nos robes roses pastels. Sa silhouette sombre, élancée à la taille si fine, irréelle, est sublimée par tout ce rose qui l'entoure.
Liliane, Clarisse, Suzanne et moi, nous sommes devenues, le décor élégant, d'Angélique. Un décor de jupons blancs, de robes de soie rose. Comme un parterre de fleurs. De larges pétales roses, surmontés d'une tige étroite, qui soutiennent un buste rigide, une poitrine douce, une tête blonde encore plus large, une coiffure volumineuse, dorée, tellement exubérante.
L'effet est incroyable, excepté Lydie et sa rivale Sylvie, toutes les élèves nous entourent, nous détaillent. Admiratives d'Angélique, impressionnée par nos tailles tellement étroites. Certaines s'inquiètent qu'on leur demande de se serrer comme nous, d'autres expriment le désir de nous ressembler. Un désir mêlé de craintes, de questions. Cela, fait-il mal ? Vous pouvez respirer, manger normalement, c'est dur...
Personne n'ose poser ces questions à Angélique. Elle paraît inaccessible, comme une déesse. Nous formons aussi une garde rapprochée autour d'elle, la rendant encore plus inaccessible. Nos larges jupons, nous aident à protéger notre chère Angélique.
Lydie est furieuse, et sort de la pièce, suivie par trois filles, qui l'ont soutenue pour l'élection de leader.
Sylvie, et une de ses deux amies restent dans la salle. Elles nous observent de loin. Nous tourne le dos, et s'en vont...
Ils restent trois élèves qui n'ont pas suivi leur candidate-leader.
Nous sommes toutes, tournées vers Angélique. Les discussions sont animées, surtout comment on a obtenu des tailles aussi fines. C'est vraiment la seule chose qui nous différencie. Avec notre uniforme, nous sommes toutes semblables. Je retrouve ce malaise de ne pas pouvoir dire qui est qui. Les deux seuls que je reconnais facilement sont bien sur Angélique dans sa robe fourreau, mais aussi Suzanne, qui est très petite.
Une admiratrice demande à Angélique.
— Mademoiselle, j'admire votre taille si fine et si cambrée. Je suis habituée à porter un corset, mais je n'en ai jamais porté un, comme le vôtre. Vous pensez que je pourrais me serrer plus et me cambrer comme vous ?
— Ho, j'aime votre interrogation. Comment vous appelez vous ?
— Éveline Mademoiselle. J'ai suivi Lydie, mais elle ne nous a jamais aidées à changer de silhouette.
— Regardez mes compagnes, elles se sont toutes entraînées à porter un corset cambré avec la taille très réduite. Je sais que cela demande beaucoup d'effort, de temps et de volonté pour progresser. Donnez-moi votre nom, si vous voulez être inscrite dans ce programme d'entraînement.
— Je m'appelle Éveline. Je serais heureuse de changer de silhouette avec votre aide.
— Parfait Éveline, je préviens notre corsetière. Elle adore nous modeler dans ses corsets.
— Mes deux amies aimeraient aussi vous suivre. Mesdemoiselles Lisette et Nathalie. Mais elles n'osent pas vous le demander.
— Je ne veux pas d'intermédiaire. Si elles veulent me suivre, il faut qu'elles me le demandent.
— Elles sont si timides...
— Bien. Mademoiselle Lisette, et Mademoiselle Nathalie. Voulez-vous me suivre, et vous corseter sévèrement.
— Ho oui Mademoiselle, oui...
— Merci Mademoiselle, oui, je le veux.
Nous sommes trois de plus. J'aimerais les embrasser, mais comment faire avec cette robe si large, si encombrante et ma coiffure, trop volumineuse.
Il est temps de rejoindre la classe. Cours de droit... Le cours le plus insipide. Ce n'est vraiment pas mon truc.
Mais juste avant de sortir de la salle, Mademoiselle Sylvie interpelle Angélique.
— Je ne vous laisserez pas me voler mes adeptes, Lydie non plus. Elle est furieuse contre vous et elle ne veut pas vous parler. Je la soutiens et la protégerais contre vos agissements.
C'est du délire. Sylvie a toujours été opposée à Lydie. C'est quoi ce revirement !
Angélique veut lui répondre, mais Sylvie ne lui en laisse pas le temps.
— Mademoiselle Lydie m'a chargée de vous provoquer en duel. Ont Verra qui de vous deux peut se serrer vraiment la taille. Lydie vous battra, elle révélera votre imposture, c'est elle qui devait être en tête. Pas vous !
Et elle nous plante là...
Angélique se retourne vers nous et demande.
— L'une d'entre vous sait de quoi elle parle ? C'est quoi ce duel ?
— Je ne comprends pas et je suis étonnée qu'elle soit passée de rivale à amie de Lydie. Et d'être devenue son porte-parole.
Nathalie lève timidement la main.
— Oui Nathalie, tu veux dire quelque chose ?
— Mademoiselle, vous le savez, j'ai voté pour Sylvie. Je ne savais pas qui soutenir, et elle me l'a demandée, je dirais plutôt exigé. Je suis surprise de sa réaction. Elle voulait surtout battre Lydie et pensait que vous n'auriez qu'une ou deux voix.
— Je suis aussi surprise. Mais tu sais quelque chose au sujet de ce duel ?
— Non, en fait pas grand-chose, elle a évoqué un duel ou le corset a une place, mais je n'en sais pas plus.
L'école de Mademoiselle II
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