Angélique et moi, nous avons participé à quatre soirées. En principe, ce soir, c'est la dernière de la saison.
Madame Yolande à décider un changement dans nos rôles. C'est Angélique qui portera la jupe large par-dessus plusieurs jupons. Et donc, je devrais porter la jupe étroite.
Madame Yolande, c'est fait livrer un corset, qu'elle me montre.
— Vous allez adorer ma belle. Il a été fabriqué suivant mes instructions dans les ateliers de Mademoiselle Corsélia De Gaches, la corsetière de "l'école de Mademoiselle" Il est aussi étroit que votre corset, mais il descend bien plus bas.
Je suis poussée vers la barre de laçage. Pas le temps de discuter, de me plaindre. Je suis délacée. On dégrafe mon corset et il est vite enlevé. Une sensation de fraîcheur, mon buste, mes hanches libérées. C'est agréable, mais de courte durée. Le nouveau corset est agrafé. Il a la même coupe que l'ancien, mais descend jusqu'aux genoux. Le laçage commence. Les deux couturières de Madame Yolande me lacent en partant du haut. Elles me serrent plus fort au niveau de ma taille, et veulent me serrer le bas du corset.
— Un instant mesdemoiselles ! Je veux un serrage maximum des hanches, mais pas la blesser. Tenez, vous lui placez ce tampon entre les cuisses, juste au-dessus des genoux. Ainsi, vous pourrez la serrer très fort, sans que ses genoux se touchent et éviter un hématome sur la face interne des genoux.
Le tampon m'écarte légèrement les genoux. Les deux couturières me serrent atrocement. Je ne peux respirer que par le haut et c'est limité. Mon pauvre ventre a retrouvé ses quarante-trois petits centimètres. Mes hanches serrées à bloc, immobile, mes cuisses terriblement serrées l'un contre l'autre. Un serrage intense. Heureusement que le tampon protège mes genoux. Mais paradoxalement, cela leur a permis de me serrer plus fort sans me blesser.
La barre est baissée. Je suis statufiée, je ne peux pas bouger. C'est dû au serrage intense de mon corset, mais aussi, de la rigidité du busc, fait d'une seule pièce, de la poitrine jusqu'aux genoux.
On m'attache des bas adaptés à mon corset si long. Pour mes chaussures à talons de dix-huit centimètres. Je ne peux plus lever les pieds, on doit me soulever avec la barre de laçage, pour me les enfiler et me reposer au sommet de mes talons.
Je suis perchée sur des talons invraisemblables, les cuisses bloquées, et maintenant, ligotées dans ma robe fourreau si étroite.
Je suis belle, attirante, une allure, une silhouette exceptionnelle. Mais immobile, parfaitement droite, les jambes bien serrées.
Les deux couturières me portent et m'installent à genoux devant une banquette surmontée d'un miroir. Mademoiselle Florence, la coiffeuse, s'occupe de moi, de mon maquillage, ma coiffure. Elle passe beaucoup de temps pour me faire un gros chignon, très sophistiqué, très haut sur ma tête.
Je suis prête, on me met debout, mais je ne peux pas marcher, avec ce corset et cette robe qui m'entravent les jambes. Les deux couturières, me soulèvent et me posent sur un petit chariot. En me tenant, elle me pousse vers la salle de danse et me dépose, comme une plante, bien en vue sur une petite estrade. Une barre verticale à côté, me permet de me tenir, de ne pas tomber. Je suis installée à une place que je ne pourrais pas quitter.
Les invités entrent dans la salle. Je suis inspectée, regardée. Il y a des réflexions admiratives mais aussi horrifiées. Des commentaires sur mes chaussures bien trop hautes, et ma taille trop étroite. Il y a même des moqueries sur mon statut de poupée immobile, totalement impuissante et très décoratives...
J'ai mal aux pieds, ma taille douloureuse, et en permanence à bout de souffle. Normalement, ma respiration est limitée, quasi-normal si je ne fais pas d'effort physique. Mais cette après-midi, les deux couturières m'ont serrées très fort la taille et les hanches. Ce qui en principe m'interdit la respiration par le ventre, mais me permet de respirer par la poitrine normalement. Sauf qu'elles m'ont serré atrocement le buste et la poitrine. Ce qui m'oblige à lutter en permanence pour respirer un peu. Je suis épuisée, et la soirée n'est pas terminée.
La jeune fille qui m'avait interrogé la première soirée, s'approche de moi. Elle aussi m'inspecte, mais différemment. Elle est pétrifiée et me regarde avec de grands yeux étonnés. Je la sens inquiète.
— Mademoiselle, vous allez bien ? Vous êtes si pâle... Ho excusez moi.
Et elle se sauve...
La soirée se termine. Je me sens seule, abandonnée. J'ai besoin de me reposer, de me détendre. Je suis ankylosée, le corps douloureux, épuisé par cette immobilité forcée.
J'entends un petit groupe qui s'approche. Mademoiselle Claudia est en tête de ce petit groupe. Elle est suivie de ses collègues, Mesdemoiselles Coralie, Bertine, Estelle et Lucie.
Mademoiselle Claudia s'approche de moi, elle m'inspecte de près.
— Bonsoir Béatrice. C'est la dernière soirée, on va vous libérer, Angélique et toi. Ce soir, vous dormirez dans votre appartement, à "l'école de Mademoiselle".
— Ho merci Mademoiselle. Je ne pensais pas que ces soirées seraient si pénibles. J'ai mal partout, je suis beaucoup trop serrée.
— Je m'en doute, on en reparlera demain. Dit moi, peux tu marcher ?
— Non, et je suis si fatiguée...
— Bien, on va t'aider, je suis venue avec la voiture haute, tu pourras rester debout pendant le voyage. Ce ne sera pas long.
L'école de Mademoiselle II
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