Madame Yolande nous attend devant la grande maison.
— Enfin, vous voilà. Mes invitées ne vont pas tarder.
J'aide Angélique à descendre la dernière marche. Nous formons un couple complémentaire. Angélique ne peut presque pas marcher avec sa robe étroite, mais elle voit parfaitement les marches de l'escalier. Moi, c'est l'inverse. Je peux marcher presque normalement. Juste mon corset qui bloque mes cuisses. Par contre ma robe à jupons est tellement large que je ne vois pas mes pieds, ni où je les pose.
On s'approche lentement vers Madame qui nous attend au centre de la placette. Je me rends compte qu'elle nous observe en détaille, notre tenue, notre démarche. Elle nous voit maquillées et coiffées de manière aussi sophistiquée, pour la première fois.
— Mes chéries, vous êtes fantastiques. Mademoiselle Florence est une artiste. Suivez-moi, nous ne sommes pas en avance et je veux que mes invitées puissent vous voir ainsi habillée et apprêtées. Vous êtes bien plus que des jolies poupées, vous êtes de véritables chefs d'oeuvres. Vite... Suivez-moi.
On suit... Comme on peut. Angélique est très restreinte. Madame Yolande nous conduit vers la première petite maison. Elle donne sur la placette. Vingt mètres à parcourir. Une distance énorme à franchir pour ma pauvre Angélique. Elle piétine aussi vite que possible.
— Placez-vous ici, à l'entrée de l'allée. Les invitées passeront par toutes les maisons, ou les attendront les hôtesses. Toute les autres hôtesses sont déjà en place devant leur maison.
En effet, de chaque côté de la rue, devant chaque petite maison, une femme attend, debout, devant leur entrée. Il ne reste qu'une seule maison sans personne.
— Venez Béatrice. C'est la maison qui vous a été choisie. Vous devrez attendre les visiteuses. Si l'une d'entre elle vous choisit, vous devrez lui préciser qu'elle a l'obligation de s'habiller exactement comme vous. De même pour le maquillage et la coiffure. N'oubliez pas qu'elle devra également porter la même ceinture que vous. Une ceinture qui ne fait que quarante-trois centimètres. C'est probablement l'obligation de porter un corset aussi étroit qui limitera les candidates.
Je suis en face de la maison d'Angélique. On occupe les deux dernières maisons avant la placette et la grande maison.
— Madame Yolande, que dois-je faire ?
— Si une invitée s'approche de vous, saluez là avec respect et présentez vous. Décrivez votre tenue, chaussures, coiffure, maquillage. Essayer de donner envie de vous ressembler. Si la personne veut adopter votre style, donnez-lui un carton. Toutes votre tenue y est décrite. Il lui suffira de rentrer dans votre maison. J'ai embauché du personnel pour aider mes invitées à se changer, à prendre votre apparence.
— Merci Madame, je saurais faire aimer ma tenue. Elle est difficile, mais tellement extraordinaire, je me sens belle, attirante.
— Merci Mademoiselle Béatrice, je savais que vous seriez une bonne ambassadrice de l'élégance. J'espère que vous convaincrez une de mes invitées à vous ressembler.
Elle m'observe, me détaille...
— Je crains que la ceinture de quarante-trois centimètres soit un obstacle infranchissable. Il faut vraiment être entraînée au port du corset pour se serrer ainsi.
— Ne vous inquiétez pas, si personne ne vous choisit, vous représentez avec votre amie Angélique, une sorte d'ambassadrice du corset et du laçage très serré.
L'école de Mademoiselle II
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