— Bonjour Mademoiselle Florence. C'est vous qui allez nous coiffer.
— Oui, bien sûr, et vous maquiller aussi. Madame Yolande m'a donné des instructions. Maquillage pour une soirée. Le même pour vous deux, teint pâle, lèvres rouges intenses, très dessinées, yeux sombres et faux cils très denses.
Pour la coiffure, c'est différent. Pour Béatrice, permanente pour obtenir un gros volume de cheveux et de larges boucles qui encadrerons son visage. Pour Angélique, très haut chignon avec les boucles entrelacées. Madame Yolande a insisté pour que les cheveux d'Angélique soient très tirés et le chignon très haut. Pour Béatrice, elle me demande de décolorer ses cheveux. Ma chère, tu vas devenir bonde platine, avec un maximum de volume.
Avant le maquillage, on a droit à une petite, non une minuscule collation et presque rien à boire.
Mademoiselle Florence commence par les coiffures. Elle est aidée par une deuxième coiffeuse. Elle commence par me décolorer les cheveux. Pendant la pose du produit, elle s'occupe du chignon d'Angélique. Son aide prépare les bigoudis pour la permanente, Florence revient vers moi et donne des instructions à son aide. Préparation de la permanente. Son aide ajuste le casque, et monte un peu la température. Pendant que je "cuis" sous le casque, elle termine le chignon compliqué d'Angélique. Florence passe de l'une à l'autre pour réaliser ces deux coiffures presque en même temps. Son assistante fait de même. C'est un ballet entre la coiffure d'Angélique et la mienne. Un tourbillon ou je ne sais plus qui fait quoi sur ma tête.
Le calme revient, tout s'arrête... Angélique porte un chignon imposant, qui lui allonge la tête, monte très haut. Une coiffure compliquée ou se mêle je ne sais comment des boucles de cheveux très souples, avec des parties tressées, entrelacées ?
Ma coiffure est totalement différente. La couleur ! Je suis blonde platine, quasiment blanc. Ma coiffure est toute en souplesse avec de grandes ondulations, une grosse mèche de cheveux me cache partiellement mon oeil droit. Elle m'encadre le visage et est très large, avec des boucles volumineuses qui reposent sur mes épaules. Rigueur pour Angélique. Souplesse et douceur pour moi.
Une pause, quelques instants où il ne se passe plus rien...
Le répit est court. Juste le temps pour Florence de donner ces instructions à son aide.
— Mes chéries, avec mon aide, on va vous faire des têtes de poupée précieuse. On commence avec un fond de teint que j'ai mis au point. Il va vous faire un visage parfaitement lisse, avec des reflets très légers, imitant la porcelaine.
Elle applique ce fond de teint épais avec une éponge spécial, et termine en lissant, égalisant avec un large pinceau.
Elle s'occupe de mes lèvres, les redessinent avec un pinceau très fin et ensuite, elle applique un rouge intense, un peu sombre avec un petit pinceau plat. Mes lèvres contrastent incroyablement avec mon teint très pâle, presque blanc. Pour mes yeux, c'est plus compliqué. Elle commence avec un eye-liner noir qu'elle applique très près de l'oeil. Ensuite, les faux cils. Je n'aime pas ça. Je crains la pince à faux cil qui s'approche de mes yeux. Après quelques ajustements, les deux paupières sont prolongées par des cils très longs et denses. Je sens leurs poids, ou du moins leurs présences qui me font cligner des yeux.
Florence m'abandonne quelques instants pour s'occuper d'Angélique.
Quand elle revient, Florence me demande de fermer les yeux. Je sens qu'elle me maquille les paupières, le tour des yeux et les sourcils. C'est minutieux et long.
— Vous pouvez ouvrir les yeux, j'ai terminé votre maquillage.
Je suis transformée, je ne me reconnais pas... Elle a fait de moi, une poupée, une extraordinaire poupée. Je ne peux vraiment pas parler d'un maquillage "naturel". Ho non, c'est tout l'inverse. Je me sens merveilleusement belle, mais trop. Tout est excessif. Ma couleur, blonde platine est artificiel, ma coiffure trop volumineuse, mes lèvres trop voyantes et mes yeux, ho mes yeux, immenses profonds. Un chef d'oeuvre. Mais si intense, si sophistiqués, que je ne peux m'empêcher de les regarder dans le miroir de la coiffeuse.
Mademoiselle Florence et sa collègue m'aident à me relever. Angélique est déjà debout. Elle est fantastique. Le même visage que moi, les mêmes yeux fascinants. Mais une coiffure différente, un très haut chignon compliqué.
On sort lentement de la grande maison. Deux fantastiques poupées descendent avec précautions les trois marches du perron. Angélique me tient par la main. Elle marche difficilement avec ses talons et sa jupe si étroite.
L'école de Mademoiselle II
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